Quand Tony Sylva fait une faute de main ou hésite à sortir, lorsque Lamine Diatta oublie son vis-à-vis sur une touche ou que Diawara se relâche dans son marquage, peut-on le reprocher à l'encadrement technique ? Or, ce sont sur des errements individuels de la défense que les "Lions" ont encaissé la plupart de leurs buts lors de la Can-2006, constate Abdoulaye Sarr dans son rapport technique déposé sur le bureau du Comité directeur de la Fsf.
Le sélectionneur national, Abdoulaye Sarr, a plaidé non coupable des échecs des "Lions" lors de la Coupe d'Afrique des nations dans le rapport technique qu'il a déposé auprès du Comité directeur de la Fédération sénégalaise de football (Fsf). Il a ainsi contesté toute culpabilité de sa part dans les errements individuels de sa défense durant la compétition ainsi que de la non-qualification du Sénégal pour la finale après avoir été défait en demi-finale par le pays organisateur, l'Egypte. Toutefois, dans sa plaidoirie, Abdoulaye Sarr reconnaît que "l'équipe pouvait aller loin dans la compétition. Le staff et les joueurs ont tout donné, mais en football, il y a des paramètres que nous ne maîtrisons jamais : bien jouer, même dominer un match ne veut pas toujours dire le gagner". Comme pour faire allusion aux matches de poules livrés par les "Lions" contre le Ghana et le Nigeria. Sur ce chapitre, Abdoulaye Sarr a fait état des "difficultés notées dans le positionnement du bloc avec un rythme assez lent face aux petits gabarits ghanéens qui s'imposent même dans les duels. Leur vivacité nous a énormément gênés. Nous avons énormément subi et à la 13e minute, sur une rentrée de touche, nous avons été surpris sur notre flanc gauche par la rapidité d'exécution". L'attaque alignée face au Ghana n'a pas échappé non plus aux critiques du sélectionneur national. "Nos attaquants, dans le dernier geste, ont toujours perdu leurs duels par manque d'efficacité face au gardien de but Adjei très en verve ce jour-là", a souligné le technicien.
Contre le Nigeria, l'incompréhension dans le jeu entre le jeune Rahmane Barry et El Hadj Diouf sera une des fausses notes du match, selon Abdoulaye Sarr. Les "Lions" parviendront à mener à la marque avant de tomber dans le doute en fin de partie. Le sélectionneur national parlera dans son rapport "d'un manque de concentration qui installe l'équipe dans une situation délicate". Une défaite, malgré une qualification au second tour, qui sera "durement ressentie... face à une équipe qui était largement à notre portée".
Le quart de finale contre la Guinée aura été, selon le sélectionneur, l'une des "plus grosses satisfactions, avec l'efficacité retrouvée devant le but", sans oublier la grosse bourde de Tony Sylva en début de partie qui avait permis à Kaba Diawara d'ouvrir la marque.
Contre le pays organisateur, en demi-finale, le sélectionneur national déplore un "manque de coordination dans les 30 ou 20 dernières mètres et surtout de percussion". Et sur les responsabilités dans le second but qui aura été fatal aux "Lions", Abdoulaye Sarr met l'index "le retard de replacement sur la touche (par Diomansy), le retard accusé pour réduire la distance et empêcher le centre (par Lamine Diatta), le défaut de marquage dans l'axe (par Diawara), le retard tardif des milieux de terrain et enfin l'hésitation du gardien de but". En conclusion, si le Sénégal a perdu cette demi-finale, c'est parce que "l'équipe n'était pas en place", mentionne Ablaye Sarr qui conseille de toujours "rester bien concentrés". Le match de classement contre le Nigeria sera l'affaire de la jeunesse. Un groupe complètement remanié, mais avec une ambition de "remporter le match". Par ailleurs, dans sa plaidoirie, Abdoulaye Sarr soutient qu'"il faut faire débuter les jeunes talents, maintenant, à côté de leurs aînés qui ont le devoir de les encadrer".
La Can 2006 se termine ainsi avec le second meilleur rang jamais obtenu par le Sénégal en dix participations. Et pour Abdoulaye Sarr, "le regard doit être (maintenant) tourné vers l'avenir. Il faut enfin savoir tirer les bons enseignements". Sous ce rapport, le technicien conseille de "jeter un regard à la fois critique et prospectif sur les différentes leçons à tirer de cette compétition. Si ce groupe que nous avons monté et façonné en si peu de temps suscite tant d'espoir, il faut reconnaître avec beaucoup d'humilité qu'un projet on le mûrit dans le temps". Et le technicien de poursuivre dans ses recommandations : "Si l'entraîneur demande toujours à être mis dans les meilleures conditions de travail, c'est parce qu'il exerce un métier très particulier. Il doit disposer de moyens et de temps suffisants, être entouré d'hommes de qualité, de joueurs talentueux (qu'on ne forme pas en équipe nationale), pour réaliser de bonnes performances. Donc, la compétence seule ne saurait suffire". Du coup, soutient le ci-devant sélectionneur national, "il est temps donc de rompre d'avec le pilotage à vue et de s'atteler à la réalisation correcte des programmes". Dans ce contexte, la mise en place d'une Direction technique nationale reste une des priorités, selon Abdoulaye Sarr. Sans oublier la formations des cadres, des jeunes, la mise en place et l'entretien des sélections avec pour objectifs de les qualifier régulièrement aux différentes compétitions internationales.
Dans sa dernière plaidoirie, Abdoulaye Sarr s'est intéressé aux accompagnateurs. Sur ce point, le technicien estime qu'"il faut toujours dégager des profils qui justifient l'utilité même de la personne dans le groupe". Selon lui, "l'équipe nationale est un symbole, la servir, c'est se mettre au service de la nation".
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