EL HADJI MALICK GAKOU REVIENT SUR L’AG DE LA FSF « Il y a eu beaucoup de mauvaise foi durant cette campagne»

Battu aux élections par Me Augustin Senghor, traité de mauvais perdant par le ministre des Sports, El Hadji Malick Gakou apporte une réplique à la hauteur de l’attaque. Dans le même registre, il menace d’ester en justice contre ceux qui ont «voulu (le) traiter comme un vulgaire vendeur de billets».

Vous a-t-il été facile de digérer la défaite du 30 août dernier ?

Je ne peux pas dire que je digère mal la victoire d’Augustin Senghor. La fédération n’est pas une fin en soi pour moi. Je pensais avoir un programme pouvant régler certains problèmes relatifs au développement du football. Dieu en a décidé autrement, je félicite Me Augustin Senghor pour sa très belle victoire. Je demande à tous mes amis, dans le milieu sportif, celui du football en particulier, de l’accompagner afin qu’il réussisse sa mission. Augustin est un ami. Nous avons fait une concurrence loyale. Même si des gens ont mis, de part et d’autre, beaucoup de mauvaise volonté dans cette affaire. Je ne ménagerai aucun effort pour l’accompagner à développer le football sénégalais. Personne n’arrivera à me mettre en mal avec Augustin qui est un ami et le restera. D’autant plus que nous partageons de hautes responsabilités dans notre exécutif régional, lui en sa qualité de maire de Gorée et moi en tant que président du Conseil régional de Dakar. Je suis rassembleur, mais je n’ai pas froid aux yeux pour dire ce que je pense.

Que pensez-vous alors de la sortie du ministre des Sports qualifiant votre déclaration, d’après élection, de celle d’un mauvais perdant ?

Personne, à commencer par lui-même, ne peut nier l’implication, dans ce pays, de forces plurielles durant ces élections. Ce qui n’enlève en rien le mérite et la belle victoire de Me Augustin Senghor. La presse a révélé qu’il (Ndlr : le ministre des Sports) serait parti quelque part pour remercier quelqu’un. Beaucoup de ministres et hommes politiques ont agi. Ils sont clairement identifiés. D’ailleurs, ils ne se sont pas cachés pour le faire. Le ministre des Sports doit se garder de polémiquer sur cette affaire. Ça ne sert à rien. Cette page doit être tournée. Nous devons nous consacrer résolument vers le développement du football. Le ministre, comme petit frère, je lui suggère de s’affairer davantage à régler les problèmes pour lesquels le président de la République l’a investi, plutôt que de chercher à alimenter une polémique. De ce point de vue, nous allons l’accompagner. Car, si le débat continue, nous serons obligés d’aller en profondeur dans ce jeu.

L’implication des forces politiques n’a-t-elle pas été de part et d’autre, d’autant plus que des rumeurs ont circulé faisant état d’une forte implication de l’Afp ?

Aucun militant de l’Afp n’a été impliqué durant ces élections. Il n’a jamais été question, pour moi, de mêler la politique au football. Quand j’ai choisi d’être président de club, je n’ai pas demandé l’avis de l’Afp. Quand j’ai voulu être président de la Fédération, je n’ai pas demandé, non plus, l’avis de l’Afp. C’est parce que, simplement, j’ai eu à assurer des responsabilités dans le football, je dirige un club, que je crois avoir suffisamment d’expérience et de compétence pour briguer le poste de président de la Fsf. Cela n’a absolument rien à voir avec la politique. Si je savais, dès le départ, que le pouvoir allait avoir cette conception contraire du football, je n’allais jamais briguer ce poste. C’est vrai que football et politique ont, au niveau de l’Etat, une grande corrélation. Mais, dans la vie associative, je n’ai jamais pensé qu’il faille mêler les deux. C’est un problème de système et de valeur. D’autres pensent autrement. Moi, je suis d’un avis contraire. Je pense que le football sénégalais doit être l’occasion de réunir la famille nationale autour des objectifs essentiels qui consacrent le développement de cette discipline sportive. De ce point de vue, les partis politiques n’ont pas un rôle à jouer. Le cas échéant, c’est d’aider la famille du football à se retrouver autour de l’essentiel. Telle est ma conception. L’implication, directe ou indirecte, d’un parti politique pour la gestion d’une fédération me paraît absurde dans le contexte actuel.

N’avez-vous pas donné une coloration politique à vos activités en tenant vos réunions chez El Malick Sy «Souris» supposé être membre de l’Afp ?

El Hadji Malick Sy «Souris» n’est pas de l’Afp. Il est des «Verts», comme Me Augustin Senghor. Il n’a jamais été membre actif de l’Afp. Les gens font beaucoup de confusion. El Hadji Malick Sy «Souris» est un patriote. Il a fait beaucoup de choses pour ce pays. C’est une référence. El Hadji Malick Sy «Souris» m’a entraîné dans le football et je l’en remercierai toute ma vie. C’est un homme exceptionnel, un homme d’Etat d’envergure, un sportif de haute facture, mais également un homme sur qui l’Etat a toujours su compter et qui a toujours répondu présent. Les gens font de l’amalgame pour jeter l’opprobre sur une personnalité aussi grande qu’El Malick Sy «Souris», mais ce n’est pas possible. Les réunions, nous les tenons là où nous pouvons. Cela n’a rien à voir avec la politique. Nous nous sommes réunis dans le cadre strictement sportif. Et c’est en sportifs que nous avons conçu un programme pour que le football sénégalais soit redressé.

Mais en quoi El Hadji Malick Gakou pose un problème d’éthique et de morale ?

Il y a eu beaucoup de mauvaise foi durant cette campagne. Beaucoup de gens ont eu à agiter, en ce qui concerne la gestion de la fédération, des choses totalement infondées. Ils ont particulièrement parlé du projet Goal, du contrat de Puma et de la billetterie. Sur le premier point, les projets Goal n’ont jamais été gérés par la fédération, mais directement par la Fifa. C’est le Monsieur Fifa de l’Afrique de l’Ouest, Sampon Kablan, qui le gère. Donc, quand on veut savoir où se trouve l’argent du projet Goal, on n’a qu’à demander des comptes à la Fifa. D’ailleurs, à propos de ce projet, alors qu’il n’y avait pas encore l’argent de l’Etat, la fédération avait accepté, sûrement par pression, de mettre 50 000 Us dollars (plus de 22 millions FCfa : Ndlr) de contrepartie, versés dans le compte de la Fifa. Ce qui a permis au projet de démarrer. Aujourd’hui, c’est la contribution de l’Etat du Sénégal qui est attendue pour permettre à ce projet de continuer.

Qu’en est-il maintenant au sujet du renouvellement du contrat avec Puma ?

Là, le bureau fédéral avait quatre objectifs pour prolonger ledit contrat. D’abord, il y a le bus de 210 000 euros (plus de 130 millions FCfa : Ndlr) qui sert l’Equipe nationale jusqu’à présent. Durant les matchs et les regroupements, on louait des bus à hauteur de 10 à 15 millions de FCfa par année. Donc, l’acquisition d’un bus constituait une priorité et le bureau avait mené la réflexion pour aboutir à l’acquisition du bus. Ensuite, il y a l’augmentation du contrat de 50 000 euros (plus de 32 millions Cfa : Ndlr). Il y a aussi l’augmentation de la fourchette de prise en charge du contrat avec le football féminin et le football spécifique, l’équipement de tous les clubs sénégalais (D1 et D2 : Ndlr), les royalties de 10% à verser la Fédération sur chaque équipement vendu dans le monde. Ensuite, l’ouverture de boutiques Puma dans le pays et l’augmentation de 100 000 euros des primes de qualification … Voilà les objectifs qui étaient visés par le bureau fédéral et c’est pourquoi l’accord a été donné. Et je dois rappeler que ce n’est pas le vice-président chargé du marketing, que j’étais, qui signait les contrats, mais bien le président de la Fédération en personne, Mbaye Ndoye en l’occurrence. C’est en réunion du bureau fédéral, en relation avec toutes les compétitions, que l’on m’a instruit de négocier avec Puma sur cette base. Quand Puma a donné son accord sur tous ces points, le contrat a été prolongé. Aujourd’hui, je suis heureux de constater que si ce contrat n’avait pas été signé, au moment où l’on est éliminé partout, l’Equipe nationale n’aurait pas eu, à l’heure actuelle, un équipementier de la trempe de Puma. Et, il faut que l’on sache que c’était, non pas une volonté personnelle, mais celle du bureau fédéral qui en a donné l’aval. Tous les documents y afférents sont à la fédération et peuvent être consultés par quiconque le souhaiterait.

La question de la billetterie du match Sénégal-Togo (6 juin 2005) a aussi été soulevée…

C’est l’hérésie du siècle ! La commission des finances que je dirigeais n’organisait pas les matchs du Sénégal qui sont toujours l’œuvre d’une cellule logée au ministère des Sports. C’est dans cette cellule que les responsabilités sont définies. Bien entendu, le président de la Commission des finances a, dans cette organisation, des responsabilités particulières : vendre les billets. Mais moi, je ne suis pas vendeur de billets. Je n’ai jamais vendu un billet. Il y a une commission et des sous-commissions qui sont mises en place. Si elles vendent des billets, l’argent est directement versé au Sage du ministère des Sports et les billets restants gardés par les agents dudit ministère. Donc, vouloir dire qu’il y a problème, c’est chercher à saupoudrer Malick Gakou. Mais, c’est peine perdue. Les billets vendus l’ont été dans les règles de l’art, à un prix largement inférieur à ceux des matchs précédents. Le match a donné suffisamment d’argent et les problèmes causés par ces matchs, comme on l’avait dit en son temps, sont compris par le monde du football, le ministère… Il y avait des difficultés de communication qui font que des supporteurs sont entrés sans billets. C’est ce qui a causé des problèmes au niveau de l’organisation de ce match. Mais, en son temps, toutes ces questions ont été largement évoquées dans la presse. Vouloir revenir sur cela, cinq ans après, pour essayer de salir ma peau, c’est peine perdue. Il y a un journal qui l’a fait et je vous jure que ce problème sera poursuivi jusqu’au bout. Les tribunaux sont suffisamment responsables, à mon avis, pour pouvoir régler la question. Je ne manquerais pas d’ester en justice contre ces personnes. Je ne suis ni vendeur de billets, ni un voleur, encore moins un truand. Toutes ces questions doivent être réglées de manière définitive. Je prendrai toutes les dispositions avec mes conseillers juridiques. Tout le monde connaît celui qui m’a attaqué à travers son journal durant cette campagne. Allez savoir à quelles fins. Les commanditaires sont connus…

Vous les connaissez ? Qui sont-ils ?

Bien sûr que je les connais. Nous aurons l’occasion d’y revenir dans d’autres lieux. Car ce problème doit être tiré au clair. Et de manière définitive.

Pourquoi avez-vous alors, en son temps, été cité dans cette affaire de billetterie ?

Nous avons, à l’instar de tous ceux qui s’occupaient de l’organisation du match, été cités. Toute la cellule, à commencer par le Directeur de la haute compétition (Ndlr : Ahmet Dieng), a été citée. Ce n’était pas une plainte contre moi, mais une plainte contre X. Il était donc tout à fait normal que tout le monde soit entendu. Aucune responsabilité n’a été située pour dire que telle personne a été coupable de vente illégale de billets. Cela n’a aucun sens. Nous sommes des responsables. Nous gérons des clubs, en y mettant beaucoup de sous, et on a voulu nous traiter comme de vulgaires vendeurs de billets. Moi, je ne suis pas vendeur de billets. Ce n’est pas maintenant que j’ai besoin de prouver ma probité morale et mon intégrité. Je suis quelqu’un de relativement indépendant. Je me bats avec des convictions et des principes. Le football de ce pays nous appartient tous. Ce que nous devons faire, c’est, non pas s’accuser mutuellement, créer les conditions d’un rassemblement pour aller vers l’essentiel : développer le football sénégalais et arrêter les enfantillages qui ne nous amènent pas vers les perspectives vers lesquelles le peuple sénégalais veut que nous arrivions. Cela ne sert à rien de se jeter l’opprobre. J’avais interdit à tous mes amis de le faire, durant cette campagne.