Il y a trop de joueurs étrangers dans les championnats européens. Et cette légion étrangère nuit dangereusement, selon les détracteurs des arrêts Bosman et Malaja à la bonne marche des sélections nationales. La dernière élimination de l’Angleterre aux prochains championnats d’Europe co-organisés par la Suisse et l’Autriche semble servir de prétexte pour l’Uefa et la Fifa de modifier la règle. Après Michel Platini, Sepp Blatter propose la règle “6 + 5“. Six nationaux et cinq étrangers devraient composer le onze des clubs européens. Une idée qu’approuve curieusement Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football (Caf) par ailleurs, vice-président de la Fifa.
L’élimination de l’Angleterre à la prochaine Coupe d’Europe des nations de l’été prochain va certainement entraîner le bouleversement de l’ordre établi et qui s’inspire du traité de Rome. Depuis les arrêts Bosman et Malaja, les clubs européens n’étaient plus contraints de limiter le nombre de joueurs étrangers dans les championnats européens. Plus de discrimination entre un national et un étranger encore moins entre un européen et un joueur extra-communautaire. Le football a fini par briser les barrières frontalières. Mondialisation oblige ! Ainsi de trois joueurs extra-communautaires, certains clubs comme Chelsea, Arsenal, Inter Milan n’hésitaient à utiliser onze joueurs qui ne sont pas des nationaux. Ce que Sepp Blatter veut plus voir. Le président de la Fédération internationale de football association (Fifa) propose alors la fameuse règle “6 + 5“. Autrement dit que tous les clubs utilisent six joueurs nationaux sur les onze. Ceci, dans le but de permettre aux équipes nationales d’avoir de bonne sélection et des joueurs assurés de jouer. Seulement cette proposition est une contradiction avec le traité de Rome.
Mais curieusement Issa Hayatou dont le football africain qu’il préside sera particulièrement touché par la règle “6 + 5“, approuve cette idée de Sepp Blatter. “Il est vrai que nous voulons que le football africain progresse et que les joueurs africains jouent à l’Etranger. Mais la proposition du Président Blatter va dans le sens du développement du football mondial“ a déclaré le président Hayatou sur les ondes de Rfi.
“Comment voulez-vous que dans une Nation que des clubs utilisent exclusivement des étrangers ? Le championnat va être très bon et je ne veux citer personne“, soutient le président de la Confédération africaine de football, par ailleurs vice-président de la Fifa. L’allusion à l’Angleterre est tout de même flagrante. “Mais ajoute-t-il, quand il s’agit des équipes nationales, ce ne sont pas ces clubs qui vont se présenter“.
Pour conséquent, poursuit le patron du football africain, “la Fifa est tout fait indiquée pour en parler, parce qu’elle est organisée pour pouvoir abriter les équipes sur les bases de Coupe du monde, sur les bases de certains événements qu’elles organisent“.
“Il faut alors trouver des voies et moyens pour développer le football et offrir aux téléspectateurs et aux spectateurs une belle qualité“, soutient-il. “Or, quand on fait appel à des Etrangers pour venir jouer dans les championnats particulièrement l’Europe parce que ce sont les championnats d’Europe qui ont ce problème, on y arrivera pas. Ce n’est pas normal“.
Voilà pourquoi le président Issa Hayatou dit “approuver à 100 % cette proposition de M. Blatter qui, relève-t-il, est en harmonie avec son comité directeur. Et nous soutenons l’idée parce qu’elle est positive pour le développement du football“.
Quid des conséquences de cette proposition qui certainement va faire perdre certains joueurs africains leur place lorsqu’elle va être adoptée, le vice-président de la Fifa répond : “Qu’est ce qu’on peut dire ? On ne peut pas toujours se retrancher derrière l’Afrique. Ce qui compte pour nous c’est que le football mondial connaisse un développement harmonieux. Par conséquent, nous soutenons l’idée“.
D’ailleurs, Issa Hayatou admet que la Can des joueurs évoluant en Afrique, sa nouvelle trouvaille, est mis en place pour anticiper à la règle du “6+5“. “C’est effectivement vrai. Parce que nous nous sommes rendus compte que beaucoup de joueurs africains n’ayant pas la possibilité de jouer dans leur équipe nationale s’exilent. Et une fois qu’ils n’arrivent pas à trouver des clubs, ils ont honte de revenir. Or, en créant cette possibilité, certains joueurs pourront revenir en Afrique pour pouvoir redorer la qualité du football au niveau du continent africain“, soutient-il.
Par ailleurs, il importe de souligner que la véritable bataille se fera surtout au niveau des clubs. Arsène Wenger et Arsenal, ne comptent que six Anglais dans leur effectif professionnel. En Italie, ce n’est pas pour rien que l’Inter s’appelle “Internazionale“. Et ces clubs n’entendent pas sacrifier leur compétitivité sur l’autel de l’honneur national et font valoir que la politique des quotas est contraire à la législation européenne. Le débat est ainsi lancé.
0 Commentaires
Participer à la Discussion