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Monday 01 September, 2025
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Mali : L’Algérie, comme un éléphant dans un magasin de porcelaine ?

Auteur: Bernardin Patinvoh

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L’Algérie et le Mali sont insécables. Après la Mauritanie, l’Algérie est le deuxième pays à avoir la plus longue frontière avec le Mali. Alger et Bamako partagent également le même défi sécuritaire. C’est ce qui a justifié sans doute l’implication du pays arabe dans la résolution de la crise au Mali. 

Inutile de rappeler que l'Accord d’Alger entre Bamako et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) a été signé sous les auspices des autorités algériennes. Depuis, le Mali a décidé de reprendre le contrôle de tout son territoire y compris les régions occupées par le CMA comme Kidal.

La colère de Bamako

C’est une réalité depuis novembre dernier. Les séparatistes Touaregs qui contrôlaient cette ville du Nord du Mali ont été chassés par les forces armées maliennes. Ils ont plusieurs fois accusé la junte de fouler au pied l’accord d’Alger. Mais pour les autorités de Bamako, la souveraineté du Mali sur l’ensemble de son territoire ne se négocie pas. 

L’Algérie qui tient visiblement à sauver ce qui reste de l’accord de paix, aurait entamé des consultations avec les autres parties prenantes dans le dos des autorités maliennes. C’est en tout cas, ce qu’indique Bamako. 

Le mercredi 20 décembre dernier, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a convoqué l’ambassadeur d’Alger dans le pays pour « élever une vive protestation du gouvernement » contre ces « actes inamicaux ». En clair, le Mali reproche à Alger d’organiser des « rencontres récurrentes » avec des « personnes connues pour leur hostilité au gouvernement malien » et « certains mouvements signataires de l’Accord pour la paix » d’Alger « ayant choisi le camp des terroristes ». Le vocable terroriste utilisé par le pouvoir d’Assimi Goita désigne les rebelles qui ont été chassés de Kidal.

Attitude unilatéraliste et paternaliste

Bamako accuse son voisin « d’ingérence » dans ces « affaires intérieures ». Le pays maghrébin rétorque qu’il n’a jamais voulu mettre à mal la souveraineté du Mali. Il ajoute que « la réconciliation nationale et non les divisions et ruptures récurrentes entre frères, reste le meilleur moyen qui permettrait à l’Etat du Mali de s’engager dans une voie globale et inclusive pour l’ensemble de son peuple, sans aucune discrimination, préférence ou exclusion ».

Ces propos tenus notamment par le chef de la diplomatie algérienne Ahmed Attaf, laissent suggérer qu’Alger ne compte pas faire amende honorable et s’excuser d’avoir engagé ces consultations dans le dos des autorités maliennes.

 

De plus, le ton utilisé est paternaliste. Tout laisse croire qu’Alger est plus conscient que Bamako de la nécessité d’une paix entre les frères d’un même pays. Globalement, l’attitude unilatéraliste, voire paternaliste d’Alger dans le traitement du dossier « Nord Mali » est, semble-t-il, maladroite. Il se conduit comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Il faudra peut-être renégocier l’Accord de paix d’Alger

 La suite des évènements suggère que la tension diplomatique entre les deux pays peut s’aggraver puisque Alger a rappelé son ambassadeur au Mali. Bamako en a fait de même, au nom du principe de la réciprocité.  

Il faudra peut-être renégocier l’Accord de paix d’Alger, puisque le Mali est opposé à la partition du pays. Les rebelles séparatistes de l’Azawad auront certainement des chances de faire la paix avec Bamako s’ils renoncent à leur dessein indépendantiste.

 

L’ombre "incommodante" de Rabat

Quant à l’Algérie, elle doit semble-t-il faire preuve de tact, au risque de pousser le Mali dans les bras du Maroc, son "ennemi juré". Rabat a proposé ce weekend aux pays de l’Alliance des Etats du Sahel, un accès à l’océan atlantique. Ils sont naturellement intéressés. Mais il y aura beaucoup de dépenses à engager, notamment en ce qui concerne la construction des infrastructures. 

Les quatre pays se sont déjà mis d’accord pour créer une task force dans leurs différentes capitales afin de préparer et proposer « les modalités opérationnelles de cette initiative ». Même si ce projet, à première vue, n’a rien à voir avec la tension diplomatique entre l’Algérie et le Mali, le Maroc pourrait en profiter pour accroître son influence auprès des pays du Sahel et se proposer comme un interlocuteur crédible dans la résolution de leurs crises internes.

L’Algérie risquerait donc de se retrouver à la touche, notamment au Mali. Des médias algériens accusent déjà Rabat de vouloir détourner les pays sahéliens d’Alger en organisant sa réunion du weekend dernier.  

 

Auteur: Bernardin Patinvoh

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