Infrastructures : Recommandations clés pour l'équité territoriale et le 15 % des marchés aux locaux
Lors de l’examen du projet de budget 2026 du Ministère des Infrastructures, les députés de l’Assemblée nationale ont formulé une série de recommandations structurantes visant à renforcer l’efficacité de l’action publique et à garantir une meilleure répartition des investissements sur l’ensemble du territoire. Ces propositions visent à faire des infrastructures un « véritable levier de développement équitable, durable et inclusif », aligné sur l’Agenda Sénégal 2050.
Les Commissaires ont suggéré une réorganisation du ministère afin de centraliser la conception et la planification des projets, tout en déconcentrant leur mise en œuvre au niveau territorial. Cette approche hybride permettrait à la fois d'assurer la cohérence nationale et la proximité de l'exécution avec les réalités locales.
Ils ont également jugé indispensable la mise en place d’une lettre de politique sectorielle claire pour définir les priorités, les critères de sélection des projets et les mécanismes de suivi et de contrôle, afin d'éviter la dispersion des ressources et d'améliorer la redevabilité.
L’une des recommandations majeures vise à soutenir l’économie nationale :
Les députés ont rappelé et insisté sur l’application stricte de la directive présidentielle prévoyant que 15 % des marchés publics doivent être réservés aux artisans et entreprises locales. Cette mesure est essentielle pour soutenir les PME nationales et permettre une meilleure redistribution de la richesse générée par les grands projets d’infrastructures. Dans la même logique, ils ont recommandé de protéger les petites et moyennes entreprises contre la concurrence écrasante des grands groupes internationaux dans les appels d’offres, visant l’émergence d’un tissu économique local solide.
Pour corriger les déséquilibres de dotation en infrastructures dans les zones rurales et périphériques, les Commissaires ont proposé des mesures concrètes : confier certaines constructions et réhabilitations aux collectivités territoriales, d’orienter davantage de projets vers les zones enclavées, et d’intégrer systématiquement le critère d’équilibre territorial dans la programmation des investissements. Ils ont insisté sur la nécessité de mettre en œuvre une véritable discrimination positive en faveur des régions les plus défavorisées, afin de réduire durablement les inégalités régionales.
Face à la dépendance jugée excessive aux financements extérieurs, les Commissaires ont encouragé le Ministère à explorer des mécanismes innovants de financement pour renforcer la souveraineté économique, notamment : le développement de partenariats public-privé (PPP), l’implication de la diaspora sénégalaise dans le financement de projets structurants, et la valorisation des ressources endogènes.
Une attention particulière a été portée à la dimension humaine des projets. Les Commissaires ont demandé que toutes les nouvelles infrastructures publiques (bâtiments administratifs, écoles, hôpitaux, gares, etc.) intègrent des normes d’accessibilité universelle pour les personnes vivant avec un handicap (rampes, signalétique adaptée, sanitaires accessibles). Cette recommandation vise à renforcer l’inclusion sociale.
Enfin, les députés ont proposé la création de centres de formation en génie civil et travaux publics (notamment à Bignona et à Rao), l’intégration prioritaire des jeunes diplômés dans les chantiers publics, et le renforcement des capacités des femmes transformatrices et entrepreneures. Ils voient dans ces actions un double impact : accélérer la réalisation des projets et lutter contre le chômage, notamment chez les jeunes et les femmes.
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