Dans le cas du bloc de Sangomar, par exemple, le contrat rendu public stipule que la part de l'Etat oscille entre 15% (si la production est inférieure à 50.000 barils/jour) et 40% (si la production atteint 200.000 barils/jour). Dans celui du bloc de Rufisque, conclu avec le Français Total, ce pourcentage fluctue entre 26% (production inférieure à 50.000 barils/jour) et 50% (production supérieure à 200.000 barils/jour). Enfin, dans les contrats signés avec l'opérateur Oranto Petroleum pour le bloc de Saint-Louis Offshore Shallow, ou encore Petro-Tim Limited pour le bloc de Cayar, la part de l'Etat varie cette fois entre 35% tant que la production ne dépasse pas 30.000 barils/jour et 58% si elle grimpe à 120.000 barils/jour."La participation de Petrosen n’est qu’un des éléments constituant la part totale de l’État dans les projets pétroliers et gaziers" auquel il faut donc ajouter la participation directe de l'Etat, ainsi que les impôts, taxes, redevances et loyers superficiaires versés par les compagnies pétrolières et leurs fournisseurs, résume la présidence sénégalaise dans un document explicatif. En additionnant tous ces éléments, les autorités estiment que la part qui revient in fine au Sénégal est de l'ordre de 60%.
Un chiffre jugé "tout à fait plausible" par Benjamin Augé, chercheur associé à l'Institut français des relations internationales (Ifri), qui relève que "la clé de répartition entre l'Etat et les opérateurs pétroliers est généralement à l'avantage des Etats, très rarement l'inverse" et que "plus grandes sont les découvertes, plus l'Etat se retrouve en position de force pour négocier un pourcentage élevé des profits" tirés de la production et de la vente d'hydrocarbures. On est donc très loin des 10% de profits qui suscitent l'inquiétude de nombreux Sénégalais.Scepticisme et inquiétudes à long termeD'autres réserves ont été émises sur l'avenir de l'industrie pétrolière, qui représente selon les plus sceptiques une "fausse promesse" de développement à long terme. “L’Etat garantit peut-être 50% de parts ou plus, mais ça peut être 50% de rien”, estime ainsi le journaliste Adama Gaye, attirant l’attention sur "le déclin" des énergies fossiles au profit des énergies renouvelables et les incertitudes économiques et géopolitiques actuelles. Ces questions ont d'ailleurs été au coeur des débats durant la COP27 sur le climat organisée au mois de novembre en Egypte, où experts et militants ont plaidé pour l'arrêt des projets d'exploitation d'hydrocarbures à travers le monde.Comme d'autres dirigeants sur le continent, le chef de l'Etat sénégalais et président de l'Union africaine Macky Sall n'entend cependant pas renoncer à cette manne potentielle alors que les pays riches sont les premiers responsables du réchauffement climatique. Dénonçant une "injustice", il déploie une diplomatie active pour justifier le début de l'exploitation pétrolière à partir de 2023."Nous sommes pour une transition verte juste et équitable en lieu et place de décisions qui portent préjudice à notre processus de développement", a martelé à la tribune de la COP27 Macky Sall, qui est aussi ingénieur géologue de formation et a dirigé par le passé la société Petrosen (2000-2001).Face aux interrogations sur la volatilité des cours et les fluctuations de la demande, alimentées par la guerre en Ukraine ou la crise sanitaire, les experts estiment en tous cas que le marché des énergies fossiles a encore de beaux jours devant lui.Pour le représentant du FMI au Sénégal, Mesmin Koulet-Vickota, même si la demande internationale pour les énergies fossiles devrait diminuer à long terme, "cela peut arriver dans très longtemps". "A plus court terme, on observe plutôt le phénomène inverse", explique-t-il à l'AFP, étant donné que le gaz notamment, devient une denrée rare plus convoitée que jamais par les puissances occidentales. "La demande mondiale ne baisse pas du tout, bien au contraire", renchérit le chercheur Benjamin Augé. "A environ 100 millions de baril par jour, la demande en pétrole se situe actuellement au même niveau qu'en 2019, avant la crise du Covid-19.
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