Le Groupe La Poste est dans une situation de décrépitude presque totale. Ce lundi, durant un conseil ministériel qui lui a été consacré, les chiffres révélateurs de la déchéance de la société ont été dévoilés. Au terme de la réunion dirigée par le premier ministre Ousmane Sonko, la primature a renseigné, dans un document rendu public, que l’analyse de la période 2012-2025 révèle une dégradation continue des fondamentaux de la boîte.

A titre d’exemple, les effectifs sont passés de 2600 agents en 2012, à plus de 4100, neuf ans plus tard. Soit une augmentation de près de 60%. Ce, «sans stratégie de productivité, ni soutenabilité budgétaire, entraînant une hausse de plus de 40 % de la masse salariale alors même que le chiffre d’affaires reculait de 26 %», renseigne toujours la primature.

Ainsi, à la fin de l’année 2024, les pertes cumulées dépassaient 100 milliards de FCFA, les capitaux propres étaient négatifs de 156 milliards et l’endettement atteignait des niveaux critiques. «Plus préoccupant encore, les dépôts des comptes clients des Comptes Chèques Postaux et de la Caisse nationale d’Épargne présentent un déficit de plus de 9 milliards, fragilisant la confiance des clients», renseigne le document.

À ces difficultés financières, s’ajoutent de profondes défaillances de gouvernance. En effet, renseigne la même source, pendant plus de quinze ans, «aucun contrôle externe n’a été exercé sur le Groupe et les états financiers n’ont pas été publiés entre 2013 et 2019». Ce qui a favorisé l’opacité, empêchant la prise de mesures correctives.

«Sur le plan social, les tensions de trésorerie ont conduit l’État à prendre en charge le paiement des salaires depuis octobre 2022, pour un coût global annuel de 18 milliards de FCFA», lit-on dans le document de la primature.

Le Groupe dispose, néanmoins, d’un patrimoine foncier stratégique, estimé à près de 150 sites répartis sur l’ensemble du territoire. Mais, ce capital reste sous-exploité et pour la plupart non immatriculé au nom de la société. «Sa valorisation pourrait constituer une source significative de financement pour soutenir la recapitalisation et engager la modernisation en profondeur du Groupe», estiment les autorités.

La primature signale que les filiales de La Poste «n’ont pas échappé à cette dérive». Par exemple, Postefinances affiche des capitaux propres négatifs supérieurs à 17 milliards et des cas de fraudes documentées de plus de 3 milliards CFA. Pour ce qui est d’Ems Sénégal, la structure a perdu des marchés stratégiques et vu son chiffre d’affaires s’effondrer.

Aujourd’hui, un audit et des investigations sont en cours. Ils permettront, selon la primature, de mieux identifier les dysfonctionnements et autres défaillances ayant plombé les performances attendues de La Poste.