À moins de trois mois du scrutin présidentiel prévu le 28 décembre 2025, le paysage politique guinéen commence à se préciser. Si plusieurs candidatures ont déjà été annoncées, les véritables poids lourds se font encore attendre. L’analyse pointe un duel déséquilibré, dominé par le président de la Transition.

Le Général Mamadi Doumbouya : l’hypothèse devenue une quasi-certitude

Malgré l'interdiction initiale de la Charte de la Transition, la nouvelle Constitution du 26 septembre 2025 a levé cette restriction, ouvrant la voie à une candidature civile du Général Mamadi Doumbouya.

Bien que non officielle, sa candidature est largement anticipée, alimentée par des signaux convergents : mobilisation de sa base, intensification des tournées présidentielles et rumeurs persistantes au sein du Mouvement national pour le développement (MND).

En cas de candidature, ses chances de victoire au premier tour apparaissent élevées, notamment grâce à :

 Un bilan économique jugé positif : croissance à +6,5 % (premier trimestre 2025), relance du projet Simandou, et amélioration des infrastructures.

 Des réformes sociales notables (couverture maladie, revalorisation des pensions).

 Un atout sociopolitique décisif : le vote communautaire, historiquement favorable au pouvoir en place.

En somme, si Doumbouya officialise sa candidature, la présidentielle pourrait bien se jouer dès le premier tour.

L’UFDG à la croisée des chemins

L’UFDG, autrefois principal rival, traverse une période de turbulence. Actuellement suspendu, le parti ne peut présenter de candidat. De plus, son leader historique, Cellou Dalein Diallo, est inéligible, car non inscrit sur la liste électorale.

Le nom d’Halimatou Dalein Diallo, son épouse, circule comme candidate de substitution potentielle. Si elle peut mobiliser la base historique, sa marge de manœuvre resterait limitée face à l’appareil d’État. Sans son leader et sans levée de suspension, l’UFDG risque de jouer le rôle d’arbitre plutôt que celui de prétendant.

Les vétérans : en perte de vitesse

Les anciens ténors de la scène politique — Lansana Kouyaté (PEDN), Dr Ousmane Kaba (PADES) et Dr Faya Millimono (BLD) — peinent à séduire une jeunesse tournée vers le changement. Après une décennie d’opposition sans alternance, leurs ressources politiques et financières s’amenuisent. S’ils participent, leur rôle sera probablement plus symbolique qu’influent.

Les grands partis absents

Le RPG Arc-en-ciel d’Alpha Condé et l’UFR de Sidya Touré ont annoncé qu’ils ne présenteront pas de candidat. Ce retrait stratégique ou révélateur d’un affaiblissement laisse un vide politique que le camp présidentiel est prêt à exploiter.

Avec 50 partis politiques et 16 candidatures indépendantes déjà déclarées, la présidentielle s’annonce encombrée. Cependant, les exigences de parrainages régionaux et le montant élevé de la caution électorale devraient éliminer une grande partie de ces candidatures. Leur poids politique restera marginal, même s’ils pourraient animer le débat public.

Une Élection jouée d'avance ?

Sauf surprise majeure ou alliance inédite de l'opposition, le scrutin de décembre 2025 s’annonce comme un duel déséquilibré entre un Doumbouya quasi-candidat bénéficiant de l’appareil d’État et une opposition fragmentée, divisée entre calculs stratégiques et fragilités internes.

La vraie question n’est peut-être plus qui sera candidat, mais plutôt qui pourra réellement rivaliser avec le pouvoir en place.