Decroix ou l’art de rejouer la peur (Dr Abdourahmane Ba)
« Il y a chez Mamadou Diop Decroix une fascination obstinée pour le pouvoir, quelle que soit sa couleur. De Marx à Macky, de Wade à Sonko, il a survécu à tous les régimes, toujours prompt à défendre celui qui règne, rarement celui qui réforme. Son dernier texte, déguisé en prêche pour la paix et la stabilité, est en réalité un chef-d’œuvre de peur recyclée, un sermon pour maintenir le peuple sous anesthésie morale, pendant que le pouvoir PASTEF apprend à respirer dans la confusion ».
Ces propos sont du Dr Abdourahmane Ba, expert en Évidence, Management et Stratégie de Développement. Il a produit un texte qui, dit-il, « n’analyse pas : il alerte, il menace, il culpabilise. Il s’adresse à une nation adulte comme à un troupeau inquiet, en lui désignant des ennemis invisibles : des « diviseurs », des « antinationaux », des « bras armés de l’étranger ». Une dramaturgie bien connue : quand le pouvoir vacille, on ressuscite les spectres. Et Decroix, fidèle à sa tradition de comédien politique, enfile le costume du gardien de temple, prêt à défendre jusqu’à la dernière métaphore un régime qui peine déjà à défendre ses chiffres.
Son Sénégal n’est pas celui des faits, mais celui du fantasme. Il y voit des couteaux suspendus au-dessus de deux “frères siamois”, le Président et son Premier ministre, qu’il faut protéger du peuple et de ses contradictions. La métaphore est bancale : quand on parle de cordon ombilical en politique, c’est qu’on refuse la naissance du débat. En vérité, la rupture qu’il redoute, c’est celle de la lucidité. Il ne veut pas d’un Sénégal qui pense, mais d’un Sénégal qui contemple.
Son texte, sous couvert d’unité, est une ode à la servitude volontaire. Il présente la loyauté au pouvoir comme vertu cardinale, l’esprit critique comme crime latent. Il ne parle pas de politiques publiques, ni de productivité, ni d’équité ; il parle de “cohésion”, de “menaces”, de “forces obscures”. Autant dire : du vide. Le pays croule sous une dette abyssale, mais il préfère parler de couteaux imaginaires. Les prix flambent, les programmes se contredisent, les plans économiques s’empilent comme des brouillons d’école, mais pour Decroix, le vrai danger, ce sont les mots qui osent douter.
Le pouvoir PASTEF, en quête de repères, trouve en lui un vieux griot de la peur, prêt à chanter la sagesse d’un silence qu’il confond avec la paix. Il écrit comme on psalmodie, cite comme on menace, conclut comme on supplie : “En avant toute !”. Mais vers quoi ? Vers un horizon budgétaire saturé, vers une jeunesse désenchantée, vers des promesses de baisse des prix sans base macroéconomique ?
Sa plume, hier frondeuse, s’est faite courtisane. Il ne questionne plus la dette, il la justifie. Il n’évoque plus la misère, il la relativise. Il ne parle plus de la République, mais d’un régime devenu sa nouvelle croyance. En bon “Highlander politique”, il s’imagine encore invincible, mais c’est sa crédibilité qui a cessé de respirer. L’homme qui jadis maniait le verbe comme une arme de libération, manie désormais la peur comme une stratégie de conservation.
L’ironie est cruelle : c’est ce même Decroix qui hier accusait les pouvoirs en place de “prendre le peuple en otage idéologique”. Aujourd’hui, il s’érige en otage consentant, récitant les litanies du pouvoir PASTEF comme un chœur de cour. Le révolutionnaire est devenu prédicateur de stabilité, la voix du changement s’est muée en haut-parleur du conformisme.
La vérité, c’est que le pouvoir PASTEF n’a pas besoin d’ennemis pour se diviser : il se suffit à lui-même. Ce ne sont pas les couteaux des opposants qui menacent le binôme, mais les incohérences de son propre récit. Quand on gouverne à coups de slogans, on finit toujours par se trancher sur ses propres illusions.
Decroix voudrait faire croire que critiquer le pouvoir, c’est fragiliser le pays. C’est tout le contraire : c’est le silence qui tue, pas la parole. La stabilité qu’il invoque n’est qu’un calme en trompe-l’œil, celui d’un régime qui marche sur des braises fiscales en fredonnant des hymnes d’unité.
Le Sénégal ne tombera pas à cause d’un débat public trop libre ; il chutera si des intellectuels comme Decroix continuent de lui vendre la peur comme horizon, la soumission comme sagesse et la loyauté comme programme. Il n’y a pas de couteau dans cette histoire, seulement un miroir : celui d’un ancien révolutionnaire qui ne supporte plus son reflet, parce qu’il y voit ce qu’il est devenu, le poète docile d’un pouvoir sans cap ».
Commentaires (17)
Il veut juste que ses problèmes soient vite resolus,sinon PASTEF s en ira comme l APR et d autre avant elle.
Wakh Rek
Qu'Allah nous guide sur le chemin de la Vérité.
C'est connu, Mamadou Diop DECROIX (MDD) a toujours été un politicien.
L'hypocrisie et l'opportunisme ont aussi leur charme quand ils sont portés impudiquement par un courtisan, un flagorneur.
Mamadou Diop DECROIX (MDD) veut instiller la peur dans les yeux de ceux qui ne se sont toujours pas lassés de le voir encore sur la scène politique.
Ceux qui connaissent MDD depuis près de 60 ans, le regardent avec amusement et avec un haut-le-coeur, désespérés et dépités : "Decroix, tu n'as jamais été sérieux, tu ne seras jamais sérieux".
Il faut envoyer les vieilles guimbardes à la casses. Elles créent la pollution et engagent l'insécurité routière.
Participer à la Discussion
Règles de la communauté :
💡 Astuce : Utilisez des emojis depuis votre téléphone ou le module emoji ci-dessous. Cliquez sur GIF pour ajouter un GIF animé. Collez un lien X/Twitter ou TikTok pour l'afficher automatiquement.