Calendar icon
Tuesday 02 December, 2025
Weather icon
á Dakar
Close icon
Se connecter

La Malédiction Noire : l’Afrique est-elle vouée à repousser la démocratie ?

Auteur: Jules Aloïse Prospère Faye

image

La Malédiction Noire : l’Afrique est-elle vouée à repousser la démocratie ?

Dans un monde où les libertés humaines n’ont cessé de s’étendre, où la démocratie est devenue un héritage intériorisé au point de façonner les gestes les plus ordinaires de la vie collective, l’Occident semble évoluer dans une fluidité presque naturelle. Là-bas, l’idée même d’un putsch relève de l’impensable, non pas par excès d’innocence, mais parce que nulle conscience ne se hasarde à imposer par la force sa vision du monde. Chacun sait, avec maturité, que sa liberté s’arrête là où commence celle de l’autre.

Ainsi, quand un citoyen porte une opinion, il la défend sur les terrains légitimes — dans l’espace du débat, de la persuasion, du vote. Et lorsque le verdict des urnes tombe, la minorité s’incline avec philosophie : la volonté majoritaire commande, et l’intérêt commun prime sur les passions particulières. Jamais, ou presque, on ne voit se lever les vents subversifs qui cherchent ailleurs à saper la souveraineté populaire.

Mais en Afrique ? Oh, que dire… Dès les premières structures de la vie, dans le cercle familial lui-même, une autre logique prévaut. L’aîné dicte la règle, le père trace la voie, et l’autorité s’exerce au besoin par la contrainte, parfois même par le recours au mystique. Cette violence diffuse, cette pression tacite, deviennent les battements de la société et finissent par se refléter jusqu’à l’hémicycle, jusqu’aux plus hautes sphères de l’État.

La loi du plus fort, souveraine et farouche, impose sa marque. Le peuple aspire à une chose, ses dirigeants à une autre, et l’armée, dans un fracas devenu familier, s’interpose pour dire sa propre vérité. Alors viennent les dégâts : putsch, transition, promesses trahies, puis, inlassablement, la répétition du même cycle. Un homme en arme devient chef, forme une nouvelle garde, l’opposition est muselée et cherche ailleurs refuge pour allumer, en exil, les feux de la discorde. Pendant ce temps, l’essentiel s’effrite : cinq années passent à tenter de conserver le pouvoir au lieu de consolider le pouvoir d’achat.

Et lorsque la spirale se resserre, le peuple, exténué, finit par se lever à son tour, renversant l’ordre désordonné qu’imposent à la fois les partisans de l’autoritarisme et ceux de l’anarchie.

Alors, inévitablement, une question douloureuse se pose :

sommes-nous maudits ? Sommes-nous, par essence, anti-démocratiques ? Serions-nous condamnés à répéter éternellement ce désordre cyclique qui gangrène nos nations et brise nos espérances ?

Sommes-nous prisonniers d’un conditionnement historique, culturel, spirituel, qui entrave notre marche vers une organisation juste et harmonieuse ?

Je laisse à chacun la liberté d’en juger.

Mais peut-être que l’Afrique, loin d’être maudite, est simplement en quête d’un nouveau récit — un récit où l’autorité n’humilie plus, où la force ne prime plus sur le droit, et où la démocratie ne serait plus un mot emprunté, mais une valeur habitée.

Un récit où nous décidons enfin d’apprendre à nous gouverner sans nous dominer.

Jules Aloïse Prospère Faye

Président du Mouvement Patriotique pour le Développement Économique du Senegal.

Directeur Général Strategia Afrique

Auteur: Jules Aloïse Prospère Faye
Publié le: Mardi 02 Décembre 2025

Commentaires (3)

  • image
    Massamba Mbacké il y a 2 heures

    La démocratie est-elle la seule ou la meilleure méthode pour la gouvernance de la société humaine?

  • image
    Akiboulane il y a 2 heures

    Nous africains sommes le berceau de l'humanite , helas force est de reconnaitre que nous sommes negatifs , l'africain a un serieux probleme d 'honnete , d'integrite , la preuve la corruption est quasi generalisee en afrique , nos gouvernants qui devaient commencer a donner l'exemple sont eux meme nalhonnetes , corrompus . A cela s'ajoute la jalousie , le tribalisme , bref l'africain a tellement de tares , les enumerer nous prendrait des jours et des jours car la liste est d'etre exhaustive .

  • image
    Farafina il y a 1 heure

    Bien dit et certains accusent toujours les occidentaux
    De l esclavage à la colonisation nous africains nous avons une part de responsabilité

Participer à la Discussion

Articles Tendances