Pleurer au Sénégal : pourquoi les larmes des hommes sont-elles jugées ? (Par Adama Sy)
Au Sénégal, l’homme est souvent vu comme un roc, un pilier inébranlable, censé rester insensible à la douleur ou aux émotions visibles. Dans cette norme sociale, les pleurs deviennent presque un tabou pour les hommes, perçus comme un signe de faiblesse.
Un homme qui pleure s’expose rapidement au jugement. « Khana do gor Yalla ? » (« N’es-tu pas un vrai homme ? ») : cette phrase résume l’attente de virilité et de retenue émotionnelle imposée aux hommes sénégalais. À l’inverse, les larmes d’une femme sont considérées comme normales, voire naturelles, reflétant une distinction genrée profondément enracinée.
Pourtant, les émotions ne sont pas genrées, elles sont humaines. Pleurer, loin d’être une faiblesse ou un manque de courage, est une façon légitime d’exprimer une douleur intérieure, un choc, une joie intense, une frustration, ou encore un « goumin » amoureux comme un divorce. Que ce soit lors de funérailles, d’un mariage, d’un baptême, sous le coup de la colère ou face à une surprise, les hommes pleurent souvent en secret, par peur du regard social.
La société sénégalaise gagnerait à briser ces stéréotypes de genre qui enferment les hommes dans un rôle d’impassibilité. Reconnaître et exprimer ses émotions témoigne d’une intelligence émotionnelle, non d’une fragilité. Pleurer ne diminue ni la dignité ni la force d’un homme ; cela révèle son humanité.
Commentaires (13)
Je prends la première option lol
Mieux pour tous.
SalamB
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