Pourquoi le budget de l’Industrie passe de 50 à 350 milliards FCFA, les explications de Serigne Guèye Diop
L’augmentation spectaculaire du budget du ministère de l’Industrie et du Commerce, passé de 50 milliards de FCFA en 2025 à 350 milliards, soit une hausse de 609\%, n’a pas manqué de susciter interrogations et réactions à l’Assemblée nationale. Face aux députés, le ministre Serigne Guèye Diop a tenu à justifier « ce bond inédit par une vision globale de la politique industrielle du Sénégal, adossée à l’histoire des grandes révolutions industrielles et à l’ambition de transformer en profondeur l’économie nationale ».
Dans son intervention, le ministre a rappelé que « les nations aujourd’hui industrialisées se sont construites sur plusieurs vagues successives de révolutions industrielles, allant du charbon à l’électricité, puis aux technologies de l’information ». « Pendant que l’Europe, l’Amérique et l’Asie développaient leurs industries, le Sénégal, lui, était relégué au dernier plan », a-t-il constaté. Pour lui, il y a un retard historique dû notamment à l’absence d’une véritable politique industrielle intégrée. « C’est dans cette logique que le gouvernement a décidé de fusionner le ministère de l’Industrie avec celui du Commerce, rompant avec une organisation jugée contre-productive. D’un côté, on produisait avec peu de moyens ; de l’autre, on importait sans protection réelle de notre industrie. Les deux ministères ne se parlaient pas », a regretté Serigne Guèye Diop. Pour lui, il était impossible de développer durablement des filières nationales sans lier production, transformation et commercialisation.
La nouvelle stratégie repose ainsi sur une intégration des trois secteurs clés de l’économie : le primaire (agriculture, élevage, pêche, forêts), le secondaire (transformation industrielle) et le tertiaire (commerce et distribution). « Cette approche permet désormais à l’État de mieux protéger la production locale, à l’instar de la fermeture temporaire des frontières à certains produits comme la banane, la pomme de terre ou l’oignon, une mesure qui aurait déjà permis d’économiser près de 9 milliards de FCFA » selon le ministre.
Sur le plan opérationnel, une partie importante des 350 milliards sera consacrée à la création d’un vaste réseau d’agropoles et de zones industrielles à travers le pays. « Nous allons construire 45 agropoles, au moins une par département », a annoncé Serigne Guèye Diop, précisant que 109 milliards seront directement injectés dans les territoires pour la mise en place de plateformes industrielles modernes. Dès cette année, 28 plateformes seront lancées dans le centre (Fatick, Kaffrine, Diourbel, Kaolack) et le sud (Sédhiou, Kolda, Ziguinchor).
Contrairement « aux modèles précédents jugés trop coûteux, comme celui de Diamniadio », le ministre mise sur « des zones industrielles plus accessibles et compétitives », où le foncier restera la propriété de l’État, cédé à des prix très bas pour encourager l’installation d’investisseurs et d’entrepreneurs locaux. Autre innovation majeure, l’intégration systématique d’incubateurs et d’usines pilotes au sein de chaque zone.
Pour Serigne Guèye Diop, c’est le « maillon manquant » du développement industriel sénégalais depuis l’indépendance. Ces incubateurs permettront à de jeunes entrepreneurs, des GIE et des femmes transformatrices de tester, améliorer et développer leurs produits avant de passer à l’échelle industrielle. « On ne crée pas une entreprise solide uniquement avec de l’argent. Il faut un accompagnement technique, commercial et managérial », a-t-il insisté. Le ministre a également abordé la question stratégique des intrants, notamment des engrais. Il a dénoncé la situation paradoxale d’un Sénégal exportant des centaines de milliers de tonnes de phosphates tout en important l’essentiel de ses besoins en engrais. Une politique industrielle forte devra, selon lui, permettre de transformer localement ces ressources pour atteindre une véritable autosuffisance agricole.
Derrière cette hausse budgétaire, Serigne Guèye Diop assume une ligne protectionniste assumée, estimant qu’aucune grande nation ne s’est développée sans défendre ses industries naissantes. « Les États-Unis, la Chine, l’Europe protègent leurs marchés. Pourquoi pas nous ? », s’est-il interrogé devant les parlementaires. Enfin, le ministre a annoncé une déconcentration des agences d’appui à l’industrie et au commerce, longtemps cantonnées à Dakar. Celles-ci seront désormais déployées dans les pôles régionaux afin de rapprocher l’État des acteurs économiques locaux et d’accélérer le développement territorial. Pour Serigne Guèye Diop, cette hausse de budget n’est donc pas un luxe, mais « une nécessité historique ».
Commentaires (2)
eh mon ane.............. puis aux technologies de l’information ...................seulement 2 pays Chine/Vietnam
Bonne continuation à Sonko Diomaye !!
Yes! Merci le projet. De beaux lendemains pour le Sénégal malgré les difficultés actuelles. Ayez confiance! Ce gouvernement est sur la bonne voie. Seule l’industrialisation en marche forcée peut changer notre destin, couplée à l’agriculture nourricière. Merci! Merci!
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