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Ranérou : La prise en charge des besoins sanitaires des adolescents, un véritable parcours du combattant

Auteur: Mactar Ndiaye

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Ranérou : La prise en charge des besoins sanitaires des adolescents, un véritable parcours du combattant

Dans le département de Ranérou, dans la zone sylvo-pastorale du Ferlo, l’accès aux soins pour les adolescents reste un défi majeur malgré les efforts du Sénégal pour décentraliser les services de santé. Avec une superficie de plus de 15 000 km², Ranérou est la deuxième circonscription la plus vaste du pays, mais paradoxalement l’une des moins dotées en infrastructures socio-économiques, notamment sanitaires.Une offre sanitaire limitée face à une demande pressanteMansour Diop, premier infirmier chef de poste de Ranérou et ancien maire de la commune en 2002, témoigne des progrès réalisés grâce à des politiques et programmes soutenus par des ONG, avec la construction d’une dizaine de postes de santé, chacun doté d’un infirmier et d’une sage-femme. Cependant, il souligne une réalité alarmante : « Plusieurs localités du département, qui compte environ 103 203 habitants, restent dépourvues de structures sanitaires. » En 2023, Ranérou ne disposait que de 2 médecins généralistes, 15 sages-femmes d’État et 29 infirmiers et assistants, un effectif insuffisant pour répondre aux besoins d’une population dispersée.

Les adolescents, grands oubliés du système

La prise en charge des adolescents est particulièrement problématique. Les services adaptés à leurs besoins sont rares et concentrés dans les grands postes de santé. Mansour Diop raconte : « Récemment, j’ai reçu une jeune fille enceinte célibataire. J’ai sensibilisé sa mère contre l’avortement et orienté l’adolescente vers un poste de santé pour un suivi prénatal ». Les adolescentes, souvent accompagnées de leurs mères, doivent parcourir de longues distances pour accéder à ces consultations.Achétou Babou, ancienne matrone et présidente du comité départemental consultatif de la femme (Bajeen Gokh), dresse un constat préoccupant : « L’accès aux soins des adolescents est limité, tant sur le plan médical que comportemental. Il n’existe aucun centre dédié aux adolescents dans le département ». Dans le sud de Ranérou, le manque d’infrastructures adaptées est criant. Les grossesses précoces, fréquentes dans les collèges et lycées, sont aggravées par des obstacles socioculturels et la stigmatisation, qui dissuadent les jeunes filles de consulter.Des initiatives sont entreprises pour contrer les insuffisancesPour pallier ces lacunes, le comité dirigé par Achétou Babou a mis en place un système d’alerte. « Nous organisons des causeries pour sensibiliser les adolescentes sur leur santé sexuelle, la contraception et pour déconstruire les mythes », explique-t-elle. Ces actions visent à lutter contre les mariages précoces, une pratique culturelle encore répandue, et à répondre aux besoins spécifiques des adolescentes, plus vulnérables que leurs homologues masculins, bien que ces derniers nécessitent également un accompagnement.Un appel à l’actionFace à ce « parcours du combattant », les acteurs locaux appellent à un renforcement des infrastructures sanitaires et à la création de centres dédiés aux adolescents. L’amélioration de l’accès aux soins, notamment pour les jeunes filles, reste cruciale pour briser les barrières socioculturelles et réduire les grossesses précoces dans cette circonscription région où les défis structurels freinent le développement sanitaire.

Auteur: Mactar Ndiaye | Publié le: samedi 06 septembre 2025

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