Le tribunal des flagrants délits de Dakar a jugé, ce lundi 17 novembre 2025, une affaire rocambolesque impliquant Pape Ndiogou Niang, un transporteur poursuivi pour escroquerie, faux et usage de faux au préjudice de la société Kajas Microfinance. Le prévenu, présenté comme un récidiviste de la fraude bancaire, avait réussi à soutirer un premier crédit de 20 millions F CFA en 2022, grâce à un dossier entièrement falsifié, avant de tenter un prêt de 140 millions F CFA en 2025.

Selon le directeur général de Kajas Microfinance, Waly Bakhoum, en 2022 à un certain Ndiogou Niang s’était présenté à la banque avec un relevé bancaire de la CBAO, une carte grise du véhicule immatriculé TH 1060 K, un statut notarié de société et un bail foncier n°549 établi au nom d’Idrissa Samb, supposé garantir la solvabilité du demandeur. 

Le prêt encaissé, le bénéficiaire a disparu, cessant tout remboursement. Après vérifications, la banque a découvert que le bail était faux. Idrissa Samb, le véritable propriétaire, n’a jamais rencontré le mis en cause. Pire, le terrain en question était déjà hypothéqué à l'ACEP depuis 2022. Informé de cette utilisation frauduleuse de son identité, Idrissa Samb a porté plainte à son tour.

Trois ans plus tard, le même individu se présente à l’agence Sacré-Cœur de Kajas Microfinance, cette fois sous l’identité de Pape Ndiogou Niang, pour solliciter un crédit de 140 millions F CFA. L’analyse des pièces fournies révèle une nouvelle série d’incohérences : « NINEA et registre de commerce douteux, relevés bancaires incohérents, carte d’agrément non conforme, arrêté préfectoral falsifié », rapporte la partie civile.

Se souvenant du personnage, la banque décide de lui tendre un piège. Elle accepte le principe du prêt, mais lui demande un apport de 14 millions F CFA. Le 28 octobre 2025, lorsque Pape Ndiogou Niang revient pour finaliser l’opération, il est interpellé par la section de recherches.

Devant les enquêteurs, Pape Ndiogou Niang reconnaît avoir utilisé des documents faux, mais il cite un certain Habib Sow (introuvable), présenté comme son complice. L’enquête a révélé qu’il détenait deux cartes d’identité et avait falsifié les documents d'Idrissa Samb, utilisés pour obtenir le premier crédit de 20 millions F CFA.

À l’audience, le prévenu a reconnu les faits. Son conseil a informé le tribunal qu’il a remboursé 16 millions F CFA sur les 20 millions initialement soustraits. Le procureur a requis l’application stricte de la loi pénale.

Après délibération, le tribunal a déclaré le prévenu coupable et l'a condamné un an de prison, dont quatre mois ferme. Le juge a ordonné la restitution du reliquat des 4 millions F CFA à la partie civile.