La CEDEAO a franchi une étape majeure dans le suivi et l’évaluation des politiques d’égalité entre les femmes et les hommes, grâce au lancement de son nouvel écosystème digital dédié au genre. Présenté lors d’une rencontre régionale tenue à Saly, cet outil ambitieux vise à améliorer la transparence, la redevabilité et l’efficacité des programmes menés dans les États membres. 

Avec l’implantation de cet écosystème digital, la CEDEAO se dote d’un dispositif structurant capable d’améliorer la qualité des politiques publiques, de renforcer la transparence et de guider les États vers des solutions durables et plus inclusives.

Selon Sokhna Astou Diouf Guèye, directrice de l’Équité et de l’Égalité des genres, cet écosystème constitue "un outil de gouvernance essentiel" et que les données collectées permettront d’évaluer les avancées, d’identifier les insuffisances et d’orienter les décisions correctives.

"Ce système sera un levier pour mesurer les progrès, identifier les lacunes et apporter les réajustements nécessaires afin de faire avancer l’égalité hommes-femmes dans l’espace CEDEAO", a-t-elle déclaré.  

Les programmes du Centre genre couvrent notamment l’éducation, la santé, l’autonomisation économique, l’entrepreneuriat et plusieurs autres domaines. Les connaissances acquises dans le cadre des formations permettront un reporting plus rigoureux et un suivi harmonisé entre les États membres.

Si les lacunes ne sont pas encore entièrement documentées, la mise en place du Gender Barometer, un indice fondé sur plusieurs dimensions du développement humain, a déjà permis d’observer des tendances encourageantes. 

Toutefois, Mme Diouf Guèye rappelle que les performances globales peuvent masquer des disparités internes. "Un pays peut progresser en éducation ou en prise de décision et être en retard dans la santé ou l’autonomisation", souligne-t-elle. 

La commissaire au Développement humain et aux Affaires sociales, professeure Fatou Sow Sarr, a salué l’importance stratégique de ce nouvel outil pour l’organisation qu’elle dirige.  "Nous sommes à un moment clé. Le Centre genre produit désormais sa propre intelligence artificielle basée sur nos propres moteurs de recherche, afin d’assurer la fiabilité et la souveraineté de nos données. L’écosystème digital regroupe plusieurs instruments majeurs : EcoGo : outil de suivi-évaluation des projets dans tous les pays membres ; Gender Barometer : base de données permettant d’évaluer l’égalité de genre dans chaque secteur ; indice d’égalité de Genre (IEG) : classement des pays selon leurs performances", explique la Pr. Sow Sarr.

Cette infrastructure numérique renforce la capacité de la CEDEAO à anticiper les défis, à harmoniser les indicateurs régionaux et à orienter les politiques publiques. Elle marque également une étape dans l’appropriation technologique et la production de contenus fiables au sein de l’institution.

La commissaire a tenu à féliciter les partenaires techniques ayant contribué au développement de ces outils, notamment le CRESS au Sénégal et le PNUD impliqués dans l’élaboration d’EcoGo.

S’agissant des performances des pays, elle a salué les avancées du Sénégal, particulièrement en matière de leadership féminin et de participation politique. "Depuis la parité de 2010, le Sénégal fait partie des pays leaders au sein de la CEDEAO en termes de représentation des femmes à l’Assemblée nationale et dans les collectivités locales", dit-elle. 

Elle regrette toutefois un recul récent dans la composition gouvernementale. "Nous avons eu des gouvernements dépassant les 30 % de femmes. Aujourd’hui, nous sommes revenus à la case départ. Les prochains gouvernements devront corriger cela", invite la professeure Fatou Sow Sarr. 

Les deux responsables ont insisté sur une idée fondamentale : l’égalité de genre n’est pas une affaire de femmes, mais un impératif de développement pour toute la région.