Voix et Leadership des femmes renouvelées : Une nouvelle stratégie de transformation des inégalités structurelles
Malgré des avancées législatives et institutionnelles importantes, les inégalités de genre persistent au Sénégal, «les femmes et les filles restent confrontées à un accès limité aux ressources économiques, à une faible représentation dans les sphères de décision, à des violences multiformes et à des normes socioculturelles qui entravent leur pouvoir d’agir, individuellement comme collectivement ». Du moins selon Sadio Kanouté du ministère de la Famille et des Solidarités.
« Ces réalités touchent plus durement encore les femmes vivant en situation de vulnérabilité croisée, notamment en milieu rural, en situation de handicap ou de précarité », ajoute-t-elle.
Madame Kanouté s'exprimait dans le cadre du lancement du projet Voix et Leadership des Femmes renouvelées – Sénégal (VLFR-SEN), autour d’une table ronde organisée à Dakar, le mardi 16 décembre 2025. Le projet est mis en œuvre par Oxfam, en partenariat avec l’ambassade du Canada au Sénégal et plusieurs organisations de la société civile. Toutes ces couches se sont mobilisées autour d’une action collective.
Au-delà du lancement officiel, la rencontre visait à créer une dynamique d’engagement durable. Il s’agissait, d'après Assalama Sidi, directrice adjointe Afrique d'Oxfam, « de mobiliser les partenaires techniques et financiers, les organisations féministes et les médias autour d’une vision partagée, tout en ouvrant un espace de réflexion sur la pertinence des orientations stratégiques du projet au regard des réalités sénégalaises ».
« Le développement des femmes ne se décrète pas »
Représentant le ministère de la Famille et des Solidarités, Sadio Kanouté, responsable à la Direction de l’équité, de l’égalité et du genre, a rappelé les efforts consentis par l’État sénégalais au cours des dernières années. Elle a notamment cité « la loi criminalisant le viol et la pédophilie ainsi que l’élaboration de plusieurs stratégies nationales sensibles au genre ».
Toutefois, a-t-elle reconnu, « ces avancées restent insuffisantes face à la persistance des inégalités structurelles ». « Les femmes et les filles continuent d’être exposées aux violences, aux discriminations et à une exclusion des espaces de décision », a-t-elle déclaré, soulignant que le projet VLFR-SEN répond précisément à ces défis.
Selon elle, le programme s’inscrit pleinement dans les priorités nationales et dans la Vision Sénégal 2050, qui promeut l’équité sociale et l’accès équitable au capital humain. « Le développement des femmes ne se décrète pas, il se construit, il se soutient et il se protège », a-t-elle insisté, appelant à une mobilisation collective et durable. Oxfam mise sur un modèle de gouvernance innovant, fondé sur le leadership local.
Le projet est codirigé par huit organisations sénégalaises, organisées en binômes lead et co-lead, autour de quatre clusters thématiques portant notamment sur la paix et la cohésion sociale, l’accès à la justice et la lutte contre les violences basées sur le genre, l’autonomisation économique et l’inclusion, ainsi que la santé et la mobilisation communautaire.
Pour Assalama Sidi, directrice adjointe Afrique d’Oxfam, ce choix n’est pas anodin. « Aux problèmes locaux, il faut des solutions locales », a-t-elle affirmé, estimant que seules les organisations féministes enracinées dans les communautés peuvent impulser un changement durable. Elle a salué l’expertise, la persévérance et le courage des partenaires du projet, qu’elle considère comme « les véritables moteurs de cette initiative ».
Présent à la cérémonie, l’ambassadeur du Canada a rappelé que le programme Voix et Leadership des Femmes repose sur un principe fondamental de co-construction. « Nous ne sommes pas là pour apporter des solutions toutes faites, mais pour appuyer celles qui émergent des organisations de femmes », a déclaré Marcel Bleu.
Il a souligné que le rôle du Canada est avant tout technique et financier, laissant aux actrices locales la responsabilité de définir les priorités et les stratégies d’action. Une approche qui, selon lui, a déjà démontré son impact dans d’autres pays et qui vise à renforcer durablement le leadership féminin au Sénégal.
Au fil des interventions, un constat préoccupant est revenu avec insistance : malgré les actions menées, les violences faites aux femmes continuent d’augmenter. « Plus nous agissons, plus les auteurs de violences s’organisent », a alerté une intervenante, appelant à un sursaut collectif.
« Je vous demande que cette cérémonie ne soit pas juste une cérémonie », a-t-elle lancé à l’assistance, exhortant chaque acteur, à son niveau, à refuser que des femmes soient tuées, mutilées ou réduites au silence pour avoir osé prendre la parole.
Commentaires (2)
Participer à la Discussion
Règles de la communauté :
💡 Astuce : Utilisez des emojis depuis votre téléphone ou le module emoji ci-dessous. Cliquez sur GIF pour ajouter un GIF animé. Collez un lien X/Twitter ou TikTok pour l'afficher automatiquement.