Inondations : l’échec d’une gouvernance, l’urgence d’une nouvelle vision (Par Meleye Seck)
Chaque hivernage, le Sénégal revit le même cauchemar : quartiers engloutis, familles déplacées, commerces ruinés, routes coupées, écoles transformées en abris. L’État s’indigne, compatit, promet, crée des comités, annonce des plans d’urgence… puis oublie. Jusqu’à la prochaine pluie.
L’inondation n’est pas une fatalité climatique, mais une faillite politique. Ce qui noie nos villes, ce n’est pas la pluie. C’est l’absence de planification, l’urbanisation anarchique, la complaisance dans les lotissements illégaux et l’incapacité chronique à anticiper. On construit dans des cuvettes, on occupe les bassins de rétention, on délivre des permis de complaisance et l’on laisse vieillir un réseau d’assainissement obsolète. Alors, quand la pluie tombe, elle ne surprend personne : elle révèle.
Les conséquences sont désastreuses : des emplois détruits, des économies domestiques ruinées, un foncier dévalorisé, la santé publique fragilisée. Et chaque année, les mêmes scènes se répètent : ministres et maires en bottes, caméras en bandoulière, promesses recyclées. La charité remplace la stratégie. La politique de la photo au chevet des sinistrés n’est qu’une mise en scène de l’impuissance. Or ce que demandent les citoyens, ce n’est pas la pitié : c’est la dignité. Le droit de vivre au sec, d’envoyer ses enfants à l’école sans patauger, de protéger sa maison de l’eau et de la boue.
Il est temps de rompre avec cette logique de l’urgence et du bricolage. Gouverner, ce n’est pas attendre que le ciel s’ouvre pour distribuer des sacs de sable. Gouverner, c’est prévenir et protéger. C’est investir dans l’assainissement, renforcer les réseaux d’évacuation, libérer les bassins de rétention et interdire les constructions dans les zones inondables. Le Sénégal a besoin de courage politique et de responsabilité. Il est temps de placer l’humain au cœur de l’action publique, d’écouter les sinistrés, d’agir avant plutôt qu’après, d’offrir aux citoyens autre chose que des images de détresse répétées à l’infini.
J’en appelle solennellement au Président Bassirou Diomaye Faye : qu’il fasse de ce combat son héritage. Que son mandat soit celui qui aura sorti le Sénégal de l’ère de l’improvisation pour entrer dans celle de la planification. L’histoire enseigne que les grandes civilisations se sont bâties en domptant l’eau. Déjà, 600 ans avant Jésus-Christ, Tarquin l’Ancien fit construire à Rome la Cloaca Maxima, un canal colossal destiné à drainer les marécages et à protéger la cité. Si Rome a laissé ce legs, pourquoi le Sénégal ne pourrait-il pas, à son tour, transformer la lutte contre les inondations en œuvre fondatrice ?
Les inondations ne doivent plus être le symbole de notre impuissance collective. Elles doivent devenir le point de départ d’une gouvernance nouvelle : transparente, responsable et visionnaire. Car un pays qui accepte de voir ses enfants dormir dans l’eau ne peut prétendre à l’émergence. Celle-ci commence par le respect de la dignité. Elle commence par un sol sec sous les pieds des Sénégalais.
(Par Meleye Seck, Président de l'Alliance des Bâtisseurs)
Commentaires (7)
Meleye on te connait trés bien. Reste dans ton coin en Europe c'est mieux pour on t'a jamais entendu lorsque le peuple se battait
wa bala nga khasseté tam do lire texte bi wala
C' est qui celui là encore?Il a cassé où?
Bla bla bla...New York, l'Europe, l'Inde, Dubaï,le Pakistan, la Chine, le Moyen Orient, le Proche Orient, et j'en passe, sont victimes de pluies torrentielles faisant des milliers de morts et de disparus. C'est un problème vieux comme le monde, et ce sera pire, dans les décennies à venir, quels que soient les moyens utilisés pour parer à ces phénomènes de dérèglement climatique
Belle analyse Président Maleye
Diadieuf Président Meleye... Belle plume, beau texte et excellente analyse. Le problème des inondations exige courage et volonté politique pour sa résolution. Les autorités actuelles devront s'inspirer de vos écrits.
Vous pensez-vous plus intelligent ou avisé que ces dizaines de hauts cadres, professionnels, plus brillants et plus diplômés que vous, qui sont dans les différents secteurs concernés et qui ont une expérience que vous n’avez pas du tout ? Non Monsieur, le problème n’est ni technique ni géographique, le problème du Sénégal ce sont ces politiciens qui détournent les fonds publics, s’accaparent des espaces viables pour leurs châteaux et leur spéculation foncière, corrompent les régulateurs sociaux. Le jour où la morale et l’intégrité seront au centre de l’action publique, une bonne partie du problème sera résolue. La part des zones inondables sur la surface totale du Sénégal est infime, mais depuis les indépendances on préfère entasser les populations dans dans de petits périmètres, laissant vide la majeur partie du territoire. L’initiative lumineuse et salutaire d’une 2e capitale à Pékess avait été sabotée par les spéculateurs fonciers de Dakar, sous l’aile protectrice de certains fonctionnaires et politiciens, pour lesquels le foncier de la capitale est une véritable mine d’or, une fabrique de milliardaires spontanés.
li rek moma thi amal solo. apprenez a lire les bonnes idees et les partage. Senegal rek mothi gagner
J’en appelle solennellement au Président Bassirou Diomaye Faye : qu’il fasse de ce combat son héritage. Que son mandat soit celui qui aura sorti le Sénégal de l’ère de l’improvisation pour entrer dans celle de la planification. L’histoire enseigne que les grandes civilisations se sont bâties en domptant l’eau. Déjà, 600 ans avant Jésus-Christ, Tarquin l’Ancien fit construire à Rome la Cloaca Maxima, un canal colossal destiné à drainer les marécages et à protéger la cité. Si Rome a laissé ce legs, pourquoi le Sénégal ne pourrait-il pas, à son tour, transformer la lutte contre les inondations en œuvre fondatrice ?
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