Thiaroye 44: les recommandations du pr Mor Ndao pour restaurer la vérité historique
Le professeur d’histoire Mor Ndao, président de la Commission sénégalaise d’histoire militaire, a livré une analyse approfondie sur le massacre de Thiaroye, survenu 1ᵉʳ décembre 1944. Invité de l’émission Point de vue sur la RTS, l’historien a souligné l’importance de poursuivre les recherches sur ce drame et de transmettre son histoire aux nouvelles générations.
Interrogé sur les réserves exprimées par le chef de l’État à propos de l’accès aux archives françaises, Mor Ndao confirme l’existence de manquements significatifs. «Les documents remis par la France, sous la présidence de François Hollande, ne permettent pas de restituer fidèlement les faits », a-t-il précisé, ajoutant l’authenticité même de ces archives pose question, tant les chiffres et les descriptions qu’elles contiennent paraissent en décalage total avec la réalité du terrain.
«De nombreux dossiers sont restés classifiés, pilotés “depuis le plus haut niveau”, entre l’Élysée et la Rue Oudinot», rappelle-t-il. Cette opacité explique, dit-il, la pauvreté de certaines séries aux Archives nationales du Sénégal, en particulier celles relatives aux affaires militaires. «Cette situation ne doit cependant pas décourager la recherche, mais l’encourager pour une diversification méthodique des sources», a-t-il lancé.
Le professeur Ndao a insisté sur la nécessité d’explorer les archives britanniques et américaines, puisque, dit-il, leurs troupes stationnaient à Dakar au moment des faits et bénéficiaient d’un système de renseignement particulièrement affûté. «L’histoire africaine repose sur des sources multiples. Outre les documents écrits, les témoignages oraux, comme celui, poignant, de Doudou Diallo, restent indispensables», a-t-il déclaré.
L’historien a également souligné le rôle croissant de l’archéologie et de la médecine légale. «Les fouilles menées par des équipes universitaires sénégalaises commencent à ouvrir des pistes nouvelles pour localiser les fosses communes et reconstituer le déroulé des événements», a-t-il indiqué.
Selon lui, la commémoration annuelle répond à trois exigences fondamentales : le devoir de mémoire, le travail de mémoire et la volonté de mémoire. «Le devoir de mémoire impose de reconnaître et d’honorer le sacrifice des tirailleurs dont “la liberté d’aujourd’hui résulte des souffrances d’hier”. Le travail de mémoire engage la transmission d’une génération à l’autre, dans une société qui ne peut se permettre d’être “orpheline de son histoire”. La volonté de mémoire, elle s’inscrit dans la projection vers l’avenir pour que les acquis soient consolidés et que les sacrifices des anciens ne sombrent jamais dans l’oubli», a-t-il expliqué.
Reconnaissant la dimension universelle de ce combat, il déclare : «Thiaroye n’est pas un drame isolé, mais un épisode inscrit dans une longue série de répressions coloniales, de Sétif à Saïgon». Une Raison pour lui, d’intégrer la mémoire des tirailleurs dans une démarche durable, nationale et africaine.
L’historien a indiqué que le massacre de 1944 concernait dix-sept nationalités africaines, la présence de délégations étrangères lors de la commémoration prend tout son sens. «Il s’agit d’un moment de reconnaissance collective, où les douleurs et les récits s’entrecroisent. Les tirailleurs venaient du Sénégal mais aussi du Tchad, du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Niger et d’autres pays engagés dans l’effort de guerre», a-t-il rappelé.
Revenant sur les avancées récentes, le Pr Ndao a magnifié le travail du comité scientifique chargé de la commémoration, évoquant les recherches menées en France, les données consignées dans le Livre blanc et leur utilité pour structurer une base documentaire solide.
Il a aussi salué la décision du ministère de l’Éducation nationale d’instaurer une “Grande Leçon” consacrée au massacre, ce lundi à 10 h dans toutes les écoles du pays. «Cet exercice constitue un acte citoyen majeur, un moyen de restaurer la dignité des victimes, de sensibiliser les plus jeunes et de maintenir un récit cohérent autour du drame».
Mor Ndao a rappelé les recommandations formulées par le gouvernement et par le comité scientifique, notamment l’érection d’un mémorial national, la création d’un centre de documentation sur les tirailleurs, l’intégration accrue de cette histoire dans les programmes scolaires, l’inscription du 1ᵉʳdécembre dans le calendrier républicain et le développement d’équipes de recherche multinationales.
Il a aussi souligné l’importance d’engager une réflexion juridique pour requalifier les faits, mais aussi la nécessité de faire entrer les arts (cinéma, théâtre, peinture, hip-hop) dans le processus de vulgarisation de cette mémoire.
Il conclut que la finalité reste inchangée : «Restaurer la vérité historique et rendre dignité aux martyrs de l’arbitraire colonial.»
Commentaires (6)
Et les martyrs 80 , justice aux victimes
PR Mor NdaO devrait rétablir la vérité historique et avouer que GOREE n'a jamais un centre de regroupement comme les historiens malhonnêtes sénégalais veulent faire croire. Aprés cela ,on pourra continuer mes recherches pour ce massacre qui n'est pas nié
Thiaroye 44 est devenu un vrai Fonds de commerce pour politiciens, historiens, intellectuels en quête de popularité
Sinon toutes ces activités ne mèneront en rien si ce n'est nous servir d'autres versions des faits que personne ne pourra vérifier.
Faut un travail sérieux sans populisme ni politicien, tout en sachant que notre PRIORITÉ ABSOLUE RESTE ÉCONOMIQUE.
ce travail de manifester la vérité sur thiaroye 44 reste rude et long. le colon détient les éléments de preuve et de vérité. ce colon est décrié dans cette recherche de la vérité. ce colon peut être mis au devant de la scène dès lors que la vérité est établie dans sa totalité. ce colon va t il se culpabiliser en révélant les documents clés de thiaroye 44 ?
J'ai vu la photo de cheikh anta. Je voudrais, sans polémique, dire que cheikh anta s'est trompé ou à délibérément raconté des contre vérités historiques sur la migration wolof. Il a prétendu que les wolofs viennent d'Égypte. On ne trouve pourtant de wolofs qu'au Sénégal et nulle part ailleurs au monde. Or tout peuple migrant laisse toujours un peu de sa population derrière pour mille raisons. Les sereres et les wolofs n'existent que dans la partie ouest du Sénégal. Les peuls, eux, s'étendent du Sénégal à l'Éthiopie, de la mauritanie aux confins du Cameroun. Eux, oui, on peut logiquement croire qu'ils ont bougé. Les wolofs, au fond, n'existent que par rencontres accidentelles avec d'autres peuples. 90% de leur vocabulaire est pris ailleurs, dans d'autres civilisations.
Sans haine ni polémiques !!!
Participer à la Discussion