Les assises de la Justice organisées par Bassirou Diomaye devaient profondément réformer la justice sénégalaise. Mais depuis, certaines propositions tardent à être matérialisées. Pour Papa Massaer Niang, écrivain, les réformes proposées sont nécessaires, mais un certain nombre devrait être ajouté par le tandem au pouvoir. Dans une tribune reçue à Seneweb, il a servi des propositions, notamment un changement dans la composition des membres du Conseil supérieur de la magistrature.
"Reformez cette justice et répondez aux attentes qui vous ont permis d’accéder au pouvoir !
En avril 2023, suite à la diffusion d’un message jugé « critique et offensant » à l’endroit de l’exécutif d’alors et de la justice sénégalaise, Bassirou Diomaye Faye, l’actuel président du Sénégal, a été emprisonné.
Dans une autre affaire, un expert-comptable, impliqué dans une affaire privée, a également été incarcéré malgré une caution, une garantie de représentation dûment servies suivant les règles de procédures et des justifications claires déposées concernant les fonds en dispute.
Par ailleurs, l’Union des Magistrats du Sénégal, en conflit avec un citoyen, l’a qualifié de « petit policier » dans un article publié sur Seneweb.
Ainsi, pourrais-je être tenté de croire que le plus grand problème que vivent les Sénégalais est le manque de respect de la part de leurs administrateurs ou des différents pouvoirs qui s’exercent à leurs personnes. Sans ce respect, l’équité et la justice ne seront jamais au rendez-vous, même après mille assises !
Alors je proposerais que l’on encadre davantage nos administrateurs. Pourquoi incarcérer quelqu’un qui a une garantie de représentation et dont la liberté ne représente aucun risque sur le bon déroulement des enquêtes avant que sa culpabilité ne soit établie ? Pourquoi amener en prison quelqu’un pour des délits d’opinion ?
Il y a un peu plus d’un an, nous avions tenu les assises de la justice. Récemment, nous avons entamé un dialogue national pour trouver des solutions consensuelles au jeu politique. Les assises de la justice visaient à relever les défis structurels et fonctionnels du système judiciaire sénégalais. Parmi les engagements majeurs, on peut noter le renforcement de l’indépendance de la justice, sa réforme et sa modernisation, ainsi que l’amélioration de ses infrastructures.
En tant que sénégalais, ayant appris ce qui se passait sous l’arbre à palabres, je ne peux que timidement, par respect pour les anciens, m’insurger contre ces dialogues. Si le Sénégal a été au bord du gouffre, à mon avis, la responsabilité majeure n’incombe pas aux politiques ou aux Forces de Défense et de Sécurité mais dans une certaine mesure, à nos magistrats. On nous dit qu’ils ne sont pas indépendants et qu’on leur force la main. Il faut alors convenir que si on arrive à forcer la main à quelqu’un, surtout à des hommes de loi, c’est parce qu’on a quelque chose qu’ils veulent et qu’ils sont prêts à acquérir en enfreignant la loi.
Si cela est le cas, est-ce seulement la promotion ou la carrière qui peuvent pousser quelqu’un à enfreindre la loi ? Vous savez très bien que la réponse à cette question est NON ! Alors, mes chers compatriotes, si nous voulons une justice juste, nous devrions tout au moins, proposer d’introduire deux réformes majeures et inéluctables. Le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) devra être composé majoritairement de non-magistrats, comme en France. Toute plainte contre un juge devra être publiée dans Le Soleil et les motivations étalées sur la place publique. Un délai strict pour l’évaluation par le CSM devra suivre, sinon ces plaintes moisiront dans les tiroirs de la police, inconnu de tous, incitant certains à davantage abuser les justiciables.
Tant que nos administrateurs pourront compter sur le « système » pour être exonérés, le commun des sénégalais sera maltraité dans beaucoup de services de l’État censés le servir !
Je suggère à nos deux premiers hommes de faire voter des lois pour changer ce pays en profondeur sur les fondamentaux. Nous leur avons accordé la majorité à l’Assemblée pour cette raison. S’il vous plaît, commencez par annuler ces fonds secrets exorbitants dans un pays ou beaucoup ne mangent pas à leur faim, vous nous l’aviez promis d’ailleurs. Réformez-nous le CSM dans les plus brefs délais et abrogez l’article 80 que vous avez-vous-même qualifié d’abusif.
Comme beaucoup, quand le pouvoir a basculé, j’étais en transe ! J’étais content de voir deux jeunes, qui inspiraient confiance, prendre les rênes du pays. De plus, il était clair que si le Président Sonko avait mal acquis un franc de l’État, Macky ne l’aurait pas raté. Alors, pourquoi notre cher Premier ministre n’a-t-il pas rendu son patrimoine public ? Est-ce parce que certains services de l’État offrent des avantages légaux démesurés qui, une fois certains patrimoines devenus publics, amèneraient les Sénégalais à réclamer plus d’équité, de yémalé ? Peut-être une question qui mériterait réponse…
Si cela est le cas, je propose que nous adoptions le principe de JJJY : Oui, ajoutez Yémalé au plus vite !
Papa Massaer Niang
Auteur : Pulling Back the Curtains, Tirons les rideaux. "
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