Comme chaque année, le Sénégal a célébré la Journée africaine de la médecine traditionnelle ce dimanche 31 août 2025 dans les locaux du Service national de l’éducation et de l’information pour la santé (SNEIPS), sous le thème : « Renforcer la base factuelle sur la médecine traditionnelle ». Cette occasion a permis aux autorités sanitaires de réaffirmer leur volonté de réglementer et de valoriser cette pratique ancestrale, essentielle pour 80 % des Africains qui y ont recours pour leurs soins, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Au Sénégal, malgré son rôle central, la médecine traditionnelle peine à s’intégrer à la médecine moderne en raison de pratiques anarchiques et de publicités mensongères sur les réseaux sociaux et dans les médias.

Vers une réglementation rigoureuse de la médecine traditionnelle

Dans son discours, le directeur général de la Santé a reconnu que, bien que de nombreuses plantes médicinales locales aient des propriétés pharmacologiques validées par des études scientifiques, leur intégration dans des préparations médicalisées modernes reste limitée, en partie à cause de l’absence d’un cadre réglementaire clair. Il a annoncé l’engagement du ministère de la Santé à promouvoir une médecine traditionnelle de qualité, respectant des normes de sécurité.« Le gouvernement du Sénégal s’engage résolument à doter le pays d’un cadre juridique et réglementaire adapté pour permettre aux tradipraticiens de soigner les populations en toute sécurité. Après l’adoption de la loi n°2003-06 du 13 juin 2023 instituant la Pharmacopée sénégalaise, deux projets de lois seront prochainement adoptés : l’un facilitera l’autorisation de mise sur le marché des médicaments à base de plantes, et l’autre définira les sanctions pour l’usage inapproprié d’herbes polythérapeutiques », a-t-il déclaré.

Un appel à la régulation et à la responsabilité

Le président de la Fédération nationale des praticiens de la médecine traditionnelle, Pape Sandiane Ndiaye, a dénoncé les dérives qui compromettent la santé publique et a exhorté ses pairs à soutenir les efforts de régulation pour préserver la crédibilité de leur profession. Il a révélé qu’une rencontre récente avec des patrons de presse, organisée dans un hôtel de Dakar, visait à les inciter à cesser la diffusion d’annonces trompeuses vantant des traitements miracles non vérifiés.De son côté, le professeur Emmanuel Bassène, président de la cellule de médecine traditionnelle au ministère de la Santé, a affirmé que le Sénégal dispose d’experts capables d’élaborer une pharmacopée nationale. Il a plaidé pour une synergie entre tous les acteurs afin de faire de la médecine traditionnelle un pilier de la souveraineté sanitaire du pays.