500 Milliards de FCFA pour la Souveraineté Économique : L’Alliance des États du Sahel Lance sa Banque Confédérale
L’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, vient de franchir une étape majeure vers l’émancipation économique de la région. Au cœur de cette dynamique, un projet d’envergure, la création de la Banque Confédérale pour l’Investissement et le Développement (BCID-AES), dotée d’un capital initial impressionnant de 500 milliards de FCFA, soit environ 7,62 milliards d’euros. Cette somme, qui devra être mobilisée d’ici le 30 septembre 2025, symbolise la volonté des trois États sahéliens de se doter d’un véritable levier financier pour impulser leur développement.
Un capital qui constitue un engagement fort dans un contexte régional marqué par des défis multiples : insécurité, désenclavement, dépendance économique, pauvreté structurelle et faible industrialisation. En mobilisant une telle enveloppe, les dirigeants de l’AES envoient un signal clair, ils entendent désormais compter sur leurs propres ressources et sur une solidarité régionale renforcée pour répondre aux besoins urgents de leurs populations.
Le président de la transition malienne, Assimi Goïta, également président en exercice de l’AES, a confirmé la mise en œuvre rapide de cette banque lors d’une réunion tenue le 13 mars dernier. La déclaration a été suivie, le 23 mai 2025 à Bamako, par une rencontre ministérielle cruciale qui a entériné les textes fondateurs de la BCID-AES et défini une feuille de route ambitieuse.
Plus qu’une simple institution bancaire, la BCID-AES est pensée comme un instrument de souveraineté économique et d’intégration régionale. Son capital sera orienté vers le financement de projets structurants dans des secteurs stratégiques : énergie, infrastructures, agriculture, éducation. L’objectif est clair : réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur, créer de la valeur ajoutée localement, et répondre aux aspirations d’une population jeune et dynamique, plus de 75 % des 78 millions d’habitants de l’AES ont moins de 25 ans.
Selon le ministre malien de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, cette banque est « une institution au service de la souveraineté financière pour le développement de l’AES ». Un avis partagé par son homologue burkinabè, Dr Aboubakar Nacanabo, qui y voit « un levier d’espoir » pour transformer durablement l’espace sahélien.
La mobilisation du capital initial, fixée à 500 milliards de FCFA, représente donc bien plus qu’un simple jalon administratif. C’est l’acte fondateur d’un changement de paradigme. Elle devra être suivie de la libération du capital social restant d’ici le 31 décembre 2028. Dans l’intervalle, les travaux avancent, finalisation du plan stratégique 2026-2028, élaboration des politiques internes, mise en place des systèmes d’information et préparation de l’Assemblée générale constitutive.
La localisation du siège de la BCID-AES et d'autres décisions clés seront arrêtées prochainement par les chefs d’État de l’alliance. En parallèle, d'autres projets d'intégration économique ont été discutés : un code des douanes commun, un chemin de fer régional et une compagnie aérienne sahélienne, autant d’initiatives qui viendront renforcer l’impact de la banque.
Avec un capital aussi significatif dès sa création, la BCID-AES pourrait devenir un modèle inédit sur le continent africain, une banque fondée sur une alliance politique et économique jeune, mais déterminée à sortir des sentiers battus et à reprendre le contrôle de son développement. Si elle parvient à remplir ses promesses, elle ne se contentera pas de financer des projets, elle incarnera la renaissance économique d’une région trop longtemps marginalisée.
Ainsi, au-delà de la somme de 500 milliards de FCFA, c’est l’investissement dans l’avenir d’un Sahel fort, uni et souverain qui est en jeu.
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