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Au Nigeria, les inquiétantes évolutions des bandes criminelles

Auteur: AFP

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Si la vie est relativement normale dans les principales villes du Nigeria, les zones rurales du pays le plus peuplé d'Afrique restent sous la menace constante de bandes criminelles qui multiplient les raids meurtriers et visent désormais non plus uniquement le nord-ouest mais le centre du pays.
Début juillet, au moins 40 personnes ont ainsi été tuées dans l'État du Plateau (centre) et vendredi, neuf agriculteurs ont été tués et plus d'une douzaine enlevés dans l'État de Zamfara, dans le nord-ouest. En mai, 5.000 personnes avaient dû fuir leurs foyers dans l'Etat de Sokoto (nord), près du Niger.
Les origines de ces bandes remontent à la criminalité rurale et au vol de bétail dans le nord-ouest. Mais les groupes armés ont adopté une approche plus violente et organisée depuis environ 2011 — orchestrant des enlèvements, des raids meurtriers dans des villages, avec une prolifération des armes alors que le Sahel entrait dans des crises successives.
Plus récemment, elles ont même commencé à taxer l'exploitation informelle des mines.
L'AFP explique l'évolution de la crise du banditisme au Nigeria:
Des conflits entre éleveurs et agriculteurs
Les "bandits", comme les bandes criminelles sont appelées localement, trouvent leur origine dans les conflits entre agriculteurs et éleveurs qui se se disputent des terres de plus en plus rares.
La violence s'intensifiant, exacerbée par le changement climatique, la pauvreté et les représailles entre groupes ethniques, des groupes armés se sont formés. Le vol de bétail et les enlèvements sont devenus des sources de revenu majeures dans les régions rurales en grande partie paupérisées.
Certains groupes peuvent atteindre des tailles très importantes. Dans l'État de Kebbi (nord-ouest), l'armée a ainsi attaqué en juillet quelque 400 bandits circulant sur 350 motos.
Liens avec les jihadistes
Entre 2018 et 2023, il y a eu plus de morts causées par des bandits que par des groupes jihadistes, qui mènent un conflit de longue date dans le nord-est.
Dans les États de Kaduna et Zamfara (nords-ouest) uniquement, quelque 4.758 morts ont ainsi été signalés, selon ACLED, un organisme basé aux États-Unis et qui collecte des données sur les conflits dans le monde.
Les jihadistes et les bandits opèrent parfois dans des zones qui se chevauchent et coopèrent concernant le trafic d’armes, ont déclaré des chercheurs à l’AFP.
Jusqu’à présent "la coopération est souvent transactionnelle", a déclaré Kabir Adamu, de Beacon Security and Intelligence, cabinet de conseil basé à Abuja, notant que les bandits sont davantage motivés par le profit plutôt que par des raisons idéologiques.
La menace de groupes jihadistes venus du Mali et du Niger complique davantage les choses, a-t-il ajouté, car "les communautés locales invitent parfois des jihadistes à les protéger des bandits".
Une dégradation de la situation?
Selon un rapport publié en juillet 2024 par ACLED et l'Initiative mondiale contre le crime organisé transnational, les bandes armées dans les États du nord-ouest de Kaduna et de Zamfara ont consolidé leur pouvoir et se sont tournées vers la taxation des mines artisanales et des agriculteurs ces dernières années, entrainant une baisse des violences.
Mais les bandits se sont étendus au-delà de leurs terres historiques du nord-ouest et la situation " se dégrade" dans le centre du Nigeria malgré les récents gains militaires dans le nord-ouest, a déclaré Mannir Fura-Girke, analyste en sécurité basé dans le nord-ouest.
Beacon Security a ainsi enregistré une augmentation de 100% des enlèvements entre la première moitié de 2024 et 2025, tandis que les "attaques armées" ont augmenté de plus de 250%.
M. Fura-Girke a indiqué que des colonnes de bandits très importantes, comme celui de Kebbi, étaient devenues plus rares au cours des deux dernières années, à mesure que l'armée intensifiait la pression.
Mais l'armée nigériane reste sous tension, même s'il y a une meilleure coordination entre l'armée de l'air et l'armée de terre. Et des analystes mettent en garde contre les limites d'une réponse strictement militaire.
Difficiles accords de paix
Le gouvernement a lancé un programme de désarmement et de déradicalisation dans le nord-ouest, comme il l'a fait dans le nord-est pour les jihadistes. Mais les accords de paix peuvent être difficiles à conclure compte tenu du grand nombre de groupes armés présents dans le nord-ouest, analyse Malik Samuel, chercheur à Abuja chez Good Governance Africa.
Pour compliquer les choses, un accord conclu dans un État n'empêche pas les bandits de mener un raid ailleurs. Ils opèrent dans de vastes forêts échappant aux forces de l'ordre et qui chevauchent des frontières poreuses entre les États.
De plus, des accords qui ne sont pas conclus "en coordination" avec plusieurs gouvernements régionaux risquent probablement d'échouer, a averti M. Samuel.
Auteur: AFP

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