Une Américaine ayant remporté un demi-milliard de dollars au Powerball ne peut pas encaisser le pactole car elle refuse qu'on dévoile son identité. Or c'est une obligation outre-Atlantique.
Dans l'état du New Hampshire, comme dans beaucoup d'autres aux Etats-Unis, le règlement de la loterie Powerball impose que l'identité d'un gagnant de jackpot soit révélée dans une logique de transparence. Cette contrainte, une superchanceuse ayant décroché le pactole de plus d'un demi-milliard de dollars lors du tirage du 7 janvier, la refuse.
Comme elle tient absolument à son anonymat, elle n'a pas reçu son chèque de 560 millions de dollars (450 millions d'euros). Et comme elle n'a pas l'intention de changer d'avis, elle vient d'attaquer en justice l'opérateur de jeux, signant sa requête Jane Doe, nom donné outre-Atlantique notamment aux corps de femmes non identifiés dans les affaires criminelles.
Si cette inconnue est allergique aux projecteurs, c'est qu'elle craint pour sa sécurité. Selon ses avocats, elle risque d'être "la cible de menaces, de violences, de harcèlement". Une première audience au tribunal a eu lieu cette semaine. Le juge pourrait ces prochains jours autoriser le versement du magot sur un compte d'une tierce personne avant de trancher, plus tard, sur la question de l'anonymat. Dans le New Hampshire, les gagnants ont un an pour encaisser leur gain. De la veinarde de l'ombre, on sait juste qu'elle a validé son ticket dans une supérette de la petite ville de Merrimack, qu'elle travaille dans le milieu associatif, qu'elle a envie de poursuivre sa carrière malgré cette fortune (encore virtuelle) tombée du ciel, et qu'elle projette de faire un don à une organisation caritative.
L'anonymat, un choix personnel en France
En attendant le dénouement, son manque à gagner en intérêts est astronomique : 14 000 dollars (11 200 euros) par jour. Ses avocats, eux, croulent sous les propositions de quidams prêts à jouer les prête-noms. Celle d'un opportuniste du Costa Rica qui demande, en échange, un million de dollars, un billet d'avion pour le New Hampshire et des vêtements chauds pour résister aux frimas de cet Etat proche du Canada. Ou celle d'une SDF de Caroline du Nord qui exige, entre autres cadeaux, une maison avec six chambres et une voiture d'occasion.
Vu de France, l'obligation de révéler son identité pour un multimillionnaire du hasard paraît insensée. "L'une des premières demandes des grands gagnants, c'est de pouvoir rester anonyme. On les rassure très vite en leur disant qu'on respectera leur choix, dit Isabelle Cesari, responsable du service relations gagnants à la Française des jeux. Aux Etats-Unis, il y a un rapport à l'argent décomplexé, on aime afficher sa richesse. Mais chez nous, la culture est différente, ça relève de l'intime."
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