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Monday 01 September, 2025
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Achat de véhicules à l’Assemblée ou la sortie de piste du ‘’projet’’

Auteur: Mbaye Sadikh

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Le ‘’projet’’ vendu au peuple par Pastef et qui a suscité une adhésion massive des Sénégalais a besoin d’être remis sur les rails au plus vite. Après plus d’un an d’exercice du pouvoir, on note une sortie de route progressive de nature à inquiéter les plus fervents défenseurs de Sonko. Les véhicules de l’Assemblée nationale en constituent un exemple patent. Pour nous, la question est moins de savoir s’il faut acheter des voitures pour les députés ou non. En dehors de la priorité sur laquelle il y a tout un débat, la manière nous semble aussi importante. 
Lorsque le peuple a élu Pastef, c’était surtout pour une rupture dans la gouvernance des affaires publiques. Si c’était uniquement pour des infrastructures, Wade n’aurait pas perdu en 2012 et Macky ne serait pas impopulaire en 2024. Ainsi donc, dire hier qu’acheter un véhicule de 40 à 50 millions pour un député c’est du gaspillage et revenir aujourd’hui soutenir le contraire sous prétexte que les députés actuels travaillent mieux et plus que leurs prédécesseurs relève à la fois d’un reniement et d’une insulte à l’intelligence des Sénégalais. En vérité, à ce stade, il n’y a aucun changement perceptible auprès de l’opinion qui peut justifier un tel revirement. 
En outre, la question de fond ici est la transparence dans la gestion des affaires publiques. Or, la procédure d’achat des véhicules à l’Assemblée est tout le contraire de ce qui était attendu de Pastef.
A ce jour, aucun député n’est capable de dire quel est le montant retenu pour ces véhicules. Même ceux qui vont sur les plateaux pour défendre l’idée sont incapables d’avancer un chiffre. Rien de surprenant puisque le président de l’Assemblée nationale lui-même ne veut édifier ni le peuple, ni ses collègues députés sur la question. Il renvoie tout le monde à la fin de la procédure. « Quand on aura épuisé la procédure, on aura aucun problème à indiquer des informations telles que le type de véhicule, le prix, le fournisseur… tout sera clair », a-t-il promis.
Pourtant, si la rupture promise avait eu lieu, cette question devait faire l’objet d’un débat à l’Assemblée afin de trouver un large consensus auprès de tous les députés. A défaut de fixer un montant, on aurait pu s’accorder sur une fourchette à ne pas dépasser, mais également sur les modalités d’attribution. El Malick Ndiaye déclare que toute la procédure est suivie par la DCMP et il n’y a nulle part un avis défavorable. Soit ! Il faut préciser à ce niveau qu’il ne revient pas à la DCMP de dire à l’Assemblée s’il faut acheter des véhicules de 50 millions (chiffres le plus entendu) ou se limiter à 20 ou 15 millions, montant avec lequel on peut avoir un véhicule en bon état.
L’achat de véhicule peut être plus cher que les 900 000 F Cfa
En outre, l’un des arguments de El Malick et ses soutiens consiste à dire qu'acheter un véhicule à 50 millions pour chaque député reviendrait à économiser 4 millions puisque l’indemnité de transport trouvé sur place était de 900 000 F Cfa. Certains vont jusqu’à multiplier les 4 millions aux 165 députés pour arriver à des économies de 660 millions durant la législature. En vérité, il faut être un mauvais gestionnaire pour réfléchir ainsi. Si les véhicules sont au nom de l’Assemblée – ce qui semble être le cas, puisque l’avis de beaucoup de parlementaires n’a pas été recueilli – il appartient alors à l’Assemblée de prendre en charge à la fois le carburant et l’entretien. 
Or, nous connaissons tous les relations que les Sénégalais ont avec le bien public. Au bout de 5 ans, les frais d’entretien vont consommer les 4 millions qu’on croyait avoir économisés sans compter le carburant. Rien qu’en donnant 100 litres d’essence par mois à chaque député, on se retrouve avec 6 000 litres sur les 5 ans. Avec 1000 F CFA le litre, on est à 6 millions par député, soit 2 millions de plus que les 4 millions économisés. Ainsi, avec des véhicules à 50 millions, plus le carburant et l’entretien, on se retrouve dans une configuration où les choquantes indemnités de transport de 900 000 F Cfa le mois se révéleront plus économes pour les caisses de l’État.
Par contre, il est possible de réaliser de vraies économies si on décide d’acheter des véhicules à prix raisonnable en rapport avec la situation financière du pays. Mais aussi d’attribuer les véhicules aux députés qui auront en charge l’entretien moyennant un forfait. Mais pour trouver la meilleure formule, il faudrait d’abord que ce ne soit pas un tabou comme c’est le cas actuellement et que la discussion la plus large soit engagée à ce sujet. C’est ça la transparence tant promise par Pastef et qui hélas s’éloigne de jour en jour sur beaucoup de dossiers. 
Auteur: Mbaye Sadikh

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