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Beaucoup D’entreprises Nationales Et De ‘ PME ’ Du ‘ BTP ’ Ont Disparu Dans La Periode 2000-2010, Pourquoi ? Est- Ce Une Elimination Organisée ?

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Beaucoup D’entreprises Nationales Et De ‘ PME ’ Du ‘ BTP ’ Ont Disparu Dans La Periode 2000-2010, Pourquoi ? Est- Ce Une Elimination Organisée ?

La seule comparaison des deux décades (1990-2000) et (2000-2010), sur la vie des Entreprises nationales et des ‘PME’ au Sénégal, laisse nettement apparaître deux situations :

 

-        1990-2000 : une période de développement et de croissance de la Petite et Moyenne Entreprise, de confirmation d’une bonne expertise nationale et de la maîtrise du savoir faire dans l’exécution des travaux du BTP.

En effet, un nombre très important de PME, de bureaux d’études et de Maîtres d’œuvre  ont vu le jour après les années 1990 ; l’année des ‘départs volontaires’, où certains agents de l’administration ont préféré quitter les services du secteur public pour affronter les épreuves du secteur privé.

 

-        2000-2010 : une période de décadence quasi généralisée des sociétés nationales qui émergeaient dans le secteur du BTP, et de disparition de la quasi totalité des Petites et Moyennes Entreprise du secteur.

IL est vrai que pour se développer et rester compétitives, les sociétés du secteur des BTP doivent s’adapter à l’évolution et aux innovations sur le plan technique, technologique, de la gestion et du marketing.

 Mais pendant cette première décade de l’année 2000, une absence de bonne gouvernance du  secteur et des sociétés qui y évoluaient, et le manque de transparence dans la gestion des marchés publics, ont causé un grave préjudice à la performance de ces sociétés.

En effet, la modification quasi permanente de critères d’acceptabilité ou d’évaluation d’offres dans les documents de manifestation d’intérêt ou d'appel à la concurrence, souvent basée sur un favoritisme bien calculé, a régulièrement  causé une barrière, et continue d’être une entrave  pour les sociétés nationales du secteur des BTP.

L’argument souvent présenté par le Maître d’ouvrage est : « c’est une exigence des bailleurs de fonds » ; mais ces documents sont d’abord préparés sous la responsabilité du Maître d’ouvrage, qui y introduit les critères qu’il souhaite faire passer avant de les soumettre à l’approbation des bailleurs de fonds.

Ces pratiques courantes sont encore d’actualité, même si elles sont légèrement atténuées avec la mise en place de l’Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP).

Et dans ce cadre, le recours à cette Agence de régulation fait appel à une vigilance soutenue, dans le respect des délais et des prescriptions spécifiés par les procédures.

 

Les exemples d’entraves, de tentatives d’exclusion et d’élimination même de sociétés nationales sont nombreux ; nous en citerons juste quelques uns :

-      Il est usuel de relever dans des documents de manifestation d’intérêt, ou de demande de propositions, des dispositions restrictives (pour les sociétés nationales), telles : 

·        Dans la préparation de certains appels à la concurrence, des critères de notation, (taillés sur mesure de la société à favoriser) spécifient par exemple :

 

Ø  « Le chiffre d’affaires des (xx) dernières années est fixé à : (xxx)francs CFA

-       Et si des sociétés nationales n’ont pas travaillé pendant ces (xx) dernières années parce qu’elles ont été délibérément exclues de tout appel à la concurrence par le biais de ces différents artifices ?

-       Et si des sociétés nationales disposent de solides références, deux ou trois ans avant ces (xx) années fixées d’autorité ?

-       Et si des sociétés nationales disposent de compétences, de moyens matériels ou financiers  requis pour le projet spécifié ?

 

Ø  « Est noté (-) une société ou un expert qui n’aura pas fait : (xx) km dans (xx) projets  similaires ; quelques fois même la catégorie de route délibérément ciblée est spécifiée  (exemple : route en enrobé …(xx) cm d’épaisseur, ou d’une structure de chaussée donnée etc.…)

-       Et si la société ou l’expert a fait un, ou des projets beaucoup plus complexes et plus importants (en volume par exemple) dans le même domaine objet de la concurrence, avec (xx-n) km ou (xx-n) projets, ou avec des structures ou nature différentes ?

 

·        « L’offre est rejetée si : ‘le Chef de mission est un directeur de société’ » !

-       Et si ce directeur a les qualifications requises, et qu’il est disponible ?

-       Et pour quoi un directeur doit se voir interdire d’exercer ses compétences d’ingénieur dans le cabinet qu’il dirige ?

-       Quel contrôle est fait à ce sujet, vis-à-vis des autres sociétés étrangères concurrentes ?

 

Des exemples de manipulation de critères d’éligibilité ou de notations techniques font foisons, aussi bien dans le domaine des travaux que de la maîtrise d’œuvre des infrastructures.

 

A cette stratégie planifiée et mise en œuvre pour l’affaiblissement et l’élimination des sociétés nationales, il s’y ajoute que parallèlement à cela, des sociétés ‘étrangères’, ‘bien choisies’ ont été recrutées par le biais de ces artifices.

 

Ces goulots d’étranglement ont empêché un épanouissement correct des sociétés nationales.

En plus, des Maîtres d’ouvrages comme  ‘AGEROUTE’  (ATR et AATR, avant), n’ont pas réussi à mettre en place un cadre juridique et réglementaire efficient  pour garantir une concurrence juste et loyale, avec l'arrivée de nouvelles sociétés étrangères sur le marché nationale.

Le principe de la pluri annualité des marchés qui est passé en règle, aussi bien pour les travaux que pour la maîtrise d’œuvre, a contribué à l’affaiblissement de la plus part des sociétés nationales dans les marchés publics.

 

 En effet le système est passé d’une mise en concurrence annuelle, avec la possibilité, dans l’entretien courant et périodique, de faire travailler plusieurs sociétés (PME et bureaux de contrôle) par région, à des contrats pluriannuels pour des régions regroupées, confiés à un nombre très restreint de grandes entreprises et  de bureaux de contrôle.

 

Ce système de contrats pluriannuels a également contribué à la paralysie de plusieurs sociétés (PME et bureaux de contrôle).  

 

Et comme pour parachever cette stratégie planifiée, suite à la décadence quasi généralisée de ces jeunes structures, certains Maîtres d’ouvrages tels ‘AGEROUTE’, n’ont pas hésité à modifier les Statuts de l’Agence, pour procéder à un recrutement massif d’ingénieurs et de techniciens à partir de ces sociétés nationales financièrement affaiblies ou mis en agonie.

Certains de ces agents recrutés au sein de ces structures de Maîtres d’ouvrages, sont chargés d’assurer  la maîtrise d’œuvre de projets et la supervision de travaux, en lieu et place des sociétés du secteur privé.

C’est  une substitution déguisée, une contre performance, et un abus de fait, pour une administration dont la vocation est de faire faire (ce qui avait motivé une bonne partie des départs volontaires dans les années 1990), et qui devait aider les sociétés du secteur à améliorer leur gestion et à accélérer leurs activités innovantes.

Et comme pour répondre à ces cris de détresse, vers les années 2004-2005, l’Etat du Sénégal, à l’instar de certains Pays du Maghreb, avait mis en place un ‘Bureau de Mise à Niveau’ qui avait comme entre autres objectifs, de faciliter le financement de projets innovants, de  proposer des services d’assistance et d'aide aux entreprises, de favoriser le transfert de connaissances et le partage de savoir-faire avec les acteurs sources de connaissances.

 

Ce projet était particulièrement important et intéressant pour les PME du secteur, qui ne disposaient pas des ressources nécessaires pour établir ces types de partenariats ; mais les objectifs qui étaient visés à l’époque sont loin d’être atteints.

 

L’introduction de la ‘Gestion et Entretien des Routes par Niveau de Service’(GENIS), privilégie les contrats de travaux associes à des prestations intellectuelles.

 

Ce  concept qui donne l’opportunité de collaboration entre les bureaux et les entreprises est aussi une porte ouverte à des malversations organisées et autorisées,  au détriment de l’équité, de la compétitivité, et  de la transparence.

 

Il consiste principalement à définir des objectifs et des critères de performance dont les deux finalités, selon le législateur, sont la qualité pour l’usager et la préservation de l’infrastructure ; sa durée d’application varierait entre 4 et 7 ans.

Dans ce concept, la responsabilisation de l’entreprise est accrue pour  l’atteinte des indicateurs de qualité fixés.

Et pour se faire :

-      l’entreprise doit se  doter en interne d’une cellule d’auto contrôle, en  s’associant les services d’un bureau d’études pour l’élaboration et la mise en œuvre des travaux, et un contrôle à priori pour la correction diligente des non conformités ;

-      Le bureau choisi par l’entreprise, a une opportunité de collaboration et d’effectuer certaines missions d’assistance, d’audit et de supervision.

 

Dans ce cas, les contrats dits de performance sont  nécessairement passés avec les  grandes entreprises, qui auront alors les coudées franches pour recruter des sous-traitants et les bureaux de leurs choix ; ce qui a pour conséquences, de renforcer et pérenniser l’hégémonie des grandes entreprises, et d’annihiler l’essor des Petites et Moyennes Entreprises.

 

Pour éviter toutes ces dérives qui portent préjudice aux entreprises du secteur et à l’économie nationale, une concertation entre les Autorités chargée du secteur des BTP, l’Agence de Régulation des Marchés Publics et les principaux acteurs du secteur privé, est indispensable.

Cette concertation pourrait faciliter l’adoption et l’officialisation  par  type de projet et pour une périodicité fixée, les documents de référence portant sur les critères d’éligibilité, sur les critères d’évaluation et sur les dispositifs de suivi et d’évaluation des performances, qui ne seraient modifiables qu’à titre exceptionnel.



12 Commentaires

  1. Auteur

    Lumen 421

    En Janvier, 2014 (09:19 AM)
    j suis désolé mais une décade c'est 10 jours et non 10 ans. 1990-2000 c'est 11 ans, revoyez ce que vous nous balancé!

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  2. Auteur

    Samba Tali

    En Janvier, 2014 (09:25 AM)
    Analyse pertinente des causes de la décadence des petites entreprises et bureaux d’études sénégalais évoluant dans le secteur des travaux publics. Cependant, incomplète parce que ne traitant pas la part de responsabilité des dirigeants de ces entreprises et bureaux d’études dans cet échec.

    Démonstration par l’exemple pour les bureaux d’études sénégalais :

    Polyconsult : on ne peut compter le nombre d’ingénieurs qui ont quitté cette structure avec des arriérés de salaire (impayés jusqu’à ce jour)s alors que le Directeur Général (Mr. NAM) qui se prend pour un cheikh distribue de l’argent à ses marabouts ;

    GIC : Mr. SAMB (Directeur Général) ne déclare même pas la moitié du salaire de ses employés permanents (fraude fiscale) et qui fait trainer ses consultants avant de leur payer leur honoraire (à ce jour, il doit des millions à ses consultants) ;

    BETEG : même situation avec Mr. DIENG pour le traitement des consultants en plus d’une arrogance extrême.

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    Auteur

    Dinghel Nghouma Sarr

    En Janvier, 2014 (10:07 AM)
    cet ensemble de stratégies de mise à genoux de nos entrprises nationales n'est rien d'autre que la mise à disposition de nos moyens de production et de nos capitaux à la merci des finances occidentales en route pour un capital aussi affirmé que dominant. il est malheureux de réaliser que des ingenieurs imbus de la réalité d'une telle démarche prettent le flanc.dans la vaine s'inscrit l'assertion dont nos financiers usent à la manière de l'échos en vociferant que l'état n'est pas là pour crée des emplois. dans aucun manuel l'on nous apprend cette bétise l'idée que nos gourvernants se servent comme parade. un président occupe un emploi si oui, qui est à l'origine de cette fontion et surtout peut on la privitiser pour l'optimiser. les moyens financiers étrangers ont fini de nous réduire à des choses à avec l'autorisation de leurs autorités. le capital a besoin d'être rentabilisé donc nous payons pour en bénénificier. arrêtons de manquer de courage. je suis de voir un conducteur des travaux étranger introduit à la présidence de la république, dans notre délégation en visite à l'étranger, alors que ce dernier évolu dans le privé. Pauvres de nous!
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    Auteur

    Fina

    En Janvier, 2014 (10:16 AM)
    Des lobbies organsisent actuellement la fermeture de la SUNEOR, vous verrez dans les prochains jours que ce fleuron fera un arret force.
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    Auteur

    Lumen 421

    En Janvier, 2014 (11:04 AM)
    La marche vers la précarisation de l'emploi poursuit son cheminet nul n'est à l'abri!

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    Auteur

    Tony Accurso

    En Janvier, 2014 (11:46 AM)
    Les dispositions restrictives formulées dans les documents de manifestation d’intérêt ou de demande de propositions donnent l'impression de favoritisme en faveur d'une entreprise en particulier. Toutefois, est-ce qu'une réforme ou des dispositions du Prince sont apparues dans les années 2000 afin de resserrer les conditions d'attribution des marchés? Si oui, quels étaient les motifs? Est-ce que les candidats ou soumissionnaires se sont tournés vers les juridictions compétentes quand il le fallait? Est-ce que l'ARMP a déjà été saisie dans ce genre de cas? Qu'est-ce qui en a découlé? Bref beaucoup de questions qui sont légitimes quand on ne connait pas le domaine. Cette contribution a suscité mon intérêt. Merci à son auteur.
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    Auteur

    Cupides

    En Janvier, 2014 (14:44 PM)
    Nam et surtout Samb de gic devraient se repentir car étant les plus vils directeurs de bureaux d'études de ce pays, ayant exploités à mort des consultants. Ils doivent passer le reste de leurs vies à demander pardon à Dieu ou appeler un à un tous les consultants et ingénieurs qu'ils avaient utilisés pour se faire pardonner. Que Dieu ait pitié d'eux. Juste pour de l'argent.
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    Auteur

    Alibert

    En Janvier, 2014 (15:00 PM)
    article sans intérêt, aucun chiffre pour justifier vos arguments. c est tout simplement du wadophobie
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    Auteur

    Patrontic

    En Janvier, 2014 (15:22 PM)
    Le secteur des tic peut dire exactement la meme chose

    en ce moment depot de bilan et licenciement.

    pendant ce temps passeport biometrique a des etranger, accreditation francophonie a des etranger, basculement numerique etranger etc...
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    Auteur

    [email protected]

    En Janvier, 2014 (18:02 PM)
    Merci Monsieur Dieng. Votre réflexion est pertinente. Elle pose une problématique essentielle au développement du Sénégal à laquelle aucune Autorité responsable ne saurait se soustraire : la place de nos PME dans l'économie nationale. Les PME représentent plus de 75% du tissu économique et emploient la majorité des travailleurs sénégalais du secteur privé. Elles doivent être protégées comme les pays occidentaux le font. Cela n'empêche pas de définir la place et les modalités de contribution des entreprises étrangères.
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    Auteur

    Cresus

    En Janvier, 2014 (10:05 AM)
    Il faut que nos entrepreneurs s'adossent sur de bonnes règles de Gestion pour pérenniser leur structure.

    Il faut qu'ils se limitent à des marchés qu'ils sont en mesure d’exécuter,soumissionner à des prix raisonnables et

    faire les travaux dans les règles de l'Art.

    Il faut qu'ils soient sérieux,qu'ils fassent de la qualité leur credo et non la tricherie.

    La tricherie,le détournement d'objectifs,la délinquance,ne garantissent jamais la survie d'une tructure et malheureusement nos entrepreneurs sont malhonnêtes.
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    Auteur

    Cresus

    En Janvier, 2014 (10:22 AM)
    Ils crient au secours à la crise économique,aux procédures de passation de marchés mais tout cela reste des prétextes pour se sucrer sur les prestations qu'ils font dans des conditions qui laisse à désirer et en faisant travailler d’honnêtes citoyens sans les payer;

    Ils cherchent toujours des prétextes pour ne pas payer leur employés.

    Ces entreprises et ses bureaux de contrôle sont responsables se voient confier des travaux d'universités et d'école,ils trichent dans les dosages,ils ne respectent pas le cahier de charges et ils ne livrent rien de bon;Tout sa pour gagner beaucoup d'argent.

    Comment un musulman peut se permettre de ne pas payer à ses employés leur dus et croit qu'en priant tout le temps,qu'en tenant tout le temps un chapelet et en organisant des Gamous,Dieu va faire que leur structure se développe.est ce vraiment logique sa.

    Et malheureusement la plupart de ces entrepreneurs se réclament des petits fils ou des proches des dignitaires religieux aussi saints comme Serigne Touba,Mame El Hadj Malick,Mame Rawane Ngom.

    Vraiment j'invite ces gens la à être sérieux,professionnel et kils pensent au jugement dernier.Akh Bakhoul;Kouy doundé akh,ya ngui sank sa bopp,ya ngui sank sa ndjabott
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