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Le gaz onshore du Sénégal, cet atout énergétique encore sous-exploité et négligé face aux méga projets offshores (Par El Hadji Diallo de FORTESA)

Auteur: El Hadji DIALLO de FORTESA

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Le gaz onshore du Sénégal, cet atout énergétique encore sous-exploité et négligé face aux méga projets offshores (Par El Hadji Diallo de FORTESA)

Avec l’entrée en production des champs offshore de Sangomar et GTA, le Sénégal s’installe officiellement dans le cercle des producteurs d’hydrocarbures. Pourtant, derrière l’euphorie de ces premières extractions en mer, un gisement de potentiel reste largement ignoré : celui des ressources onshore.
À la lecture du rapport détaillé du Ministère du Pétrole et des Énergies du Sénégal pour le premier trimestre 2025, projet par projet en exploitation, il apparaît clairement que le gaz onshore du Sénégal, pourtant un véritable atout énergétique, demeure sous-exploité et relégué au second plan face aux méga-projets offshores :
-Pétrole offshore de Sangomar : quatre nouvelles cargaisons ont été exportées (SAN027, SAN028, SAN029 et SAN030), représentant un volume total de 3,8 millions de barils ;
-Gaz naturel liquéfié (GNL) offshore de GTA : la première cargaison de GNL (GTA\_2025\_001) a été entièrement chargée le 15 avril 2025. Elle représente un volume de 163 259 m³, soit l’équivalent de 3,71 millions de MMBtu ;
-Gaz naturel onshore de Gadiaga : la production, en déclin, s’est élevée à 548 078 Nm³ de gaz naturel commercialisé au cours du premier trimestre 2025.
Moins spectaculaire que l’offshore, l’exploitation terrestre offre pourtant au pays des avantages stratégiques considérables : coûts d'investissement réduits, contenu local élevé, développement économique régional et maîtrise accrue de la chaîne de valeur énergétique.
L’exemple du champ gazier de Gadiaga, opéré depuis plus de vingt ans par FORTESA International dans la région de Thiès, illustre parfaitement ce potentiel. Contrairement aux projets offshores nécessitant des investissements colossaux et une forte dépendance à l’expertise étrangère, Gadiaga repose sur une logistique terrestre simple et une main-d’œuvre composée à 95 % de Sénégalais.
Le gaz extrait en onshore sur la zone de Gadiaga présente une qualité supérieure, avec un indice de méthane conforme aux normes internationales, contrairement au gaz de GTA qui nécessitera un retraitement coûteux pour son exploitation industrielle. Mieux encore, les infrastructures existantes notamment les pipelines vers la centrale de la SENELEC Cap des Biches et la cimenterie SOCOCIM  permettent déjà un acheminement direct du gaz vers les principaux pôles de consommation.
À l’heure où le Sénégal ambitionne de transformer son économie à l’horizon 2050, le gaz onshore constitue un levier accessible pour assurer une transition énergétique juste, renforcer la souveraineté nationale et accélérer l’industrialisation. 
L’exploitation intelligente du gaz naturel pourrait jouer un rôle clé dans cet objectif en dynamisant l’économie nationale, en stimulant une croissance inclusive et en renforçant la résilience des populations vulnérables. L'utilisation du gaz pour la production d'électricité présente un double avantage : elle est non seulement plus écologique, mais elle permet aussi de fournir de l'électricité à un coût plus compétitif. Cela renforcera la compétitivité des entreprises locales tout en offrant aux ménages sénégalais un accès à une électricité meilleur marché. À long terme, cela permettra à l’État du Sénégal de mettre fin à la subvention tarifaire sur l’électricité, conformément aux dispositions prévues par la loi « Gas to Power »
Dans un contexte mondial de plus en plus volatile, le développement raisonné des ressources terrestres apparaît non seulement comme une alternative stratégique mais aussi comme un impératif pour bâtir un modèle énergétique plus résilient et inclusif.
Au moment où l’Union Européenne a classé le gaz naturel comme une énergie de transition le gaz onshore n’est pas une voie secondaire ; il est une promesse réaliste de développement durable. Il est temps pour le Sénégal de réveiller ce potentiel silencieux et de miser sur ses propres terres pour asseoir sa souveraineté énergétique.
Enfin, dans un tel contexte, rééquilibrer notre politique énergétique ne signifie pas remettre en cause les projets offshore, mais plutôt prendre conscience que l’ensemble du potentiel énergétique national doit être mobilisé de manière complémentaire afin d’atteindre nos objectifs d’ici à 2050. El Hadji Diallo de FORTESA, doctorant à l’UCAD et  membre du cadre de concertation des compagnies pétrolières au Sénégal.
Auteur: El Hadji DIALLO de FORTESA

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