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[ Contribution ] Le mal des étudiants de Dakar, c’est les délégués d’amicales

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[ Contribution ] Le mal des étudiants de Dakar, c’est les délégués d’amicales

L’UCAD a connu pendant un quart de siècle un cycle de grèves qui s’est soldé par une année blanche en 1988 et une année invalide en 1994, soient plusieurs milliards de perte économique, des programmes d’études inachevés et de surcroit des formations insuffisantes. Depuis les années quatre vingt, les mouvements de grèves, souvent infiltrés par les politiques, sont devenus monnaie courante. Il existe une reconduction annuelle de la même plateforme revendicative (restauration, logement, bourses), dans de rares cas y figurent des questions d’ordre scientifique et pédagogique. Ces mouvements n’ont presque pas servi à diligenter les problèmes que connaissent les étudiants. Sinon, ils les ont aggravés. Les délégués d’amicale, de toute faculté confondue, sont à la solde des autorités du Coud et du Rectorat. Cela ne devrait pas être possible, mais c’est le triste constat à l’université.  

Le milieu dans lequel évolue naturellement l’étudiant se définit autour de trois espaces : les facultés, les bibliothèques et le campus. Pour chacun de ces espaces, les responsables d’étudiants ont le droit de contrôle pour magnifier (si la gestion est bonne) et pour dénoncer (si la gestion est mauvaise). C’est leur noble mission. En tout cas, c’est pour cela qu’ils sont élus. Au lendemain de leur élection, les responsables entrent en matière. Le premier acte à poser est de faire l’état des lieux assorti d’un rapport public mis à la disposition de tous. Nous ferons ici l’économie de parler des facultés et de la restauration. La présente analyse que nous comptons faire concerne la gestion du campus. Mais  auparavant nous voudrions étayer un certains d’éléments. 

L’université de Dakar accueille aujourd’hui 60 086 étudiants, dix fois l’effectif de l’université américaine de Harvard, la première mondiale en termes de performances scientifiques. L’UCAD dispose de 172 ha, 5 200 lits, 1200 pats, 1143 enseignants et 20 milliards de budget. Selon les normes internationales, une université doit être à mesure de loger le tiers de ses étudiants. C’est dire que l’université n’a pas pour vocation d’abriter l’ensemble des étudiants. En effet, mais dors et déjà au regard des chiffres, on voit que l’UCAD est totalement déficiente à tous les niveaux. L’on imagine aisément que dans une situation pareille, la réflexion, la rationalisation et l’optimisation de ce minimum devraient être de rigueur. Mais c’est des pratiques malsaines qui caractérisent la gestion du campus. Dans cette insuffisance aigüe de chambres, on devrait appliquer à la lettre les contenus des textes qui régissent le logement (donner les chambres aux ayant-droit : les indigents, les handicapés, les étudiants en année de production (mémoires, thèses). La réalité pourtant en est autre : les chambres sont sous-louées à 10 000f, 15 000f, 20 000f, les lits des chambres à deux sont vendus à 150 000f et les lits des chambres individuelles à 250 000f, du jamais vu dans un campus universitaire à travers le monde. Et pourtant c’est une pratique horrible à Dakar. Les délégués étudiants le savent et parfois sont les principaux fossoyeurs. Ils reçoivent des ristournes en indemnité, ils sont logés gratuitement et se glorifient douloureusement d’un triomphalisme fondé sur la nuisance de leur corporation. Ses faveurs malsaines auxquelles ils se vantent belliqueusement, salissent leur personnalité et font d’eux des autorités futures au caractère défectueux. Ils resteront toujours des gens malhonnêtes, quelles que soient les responsabilités qu’ils occuperont. Car l’injustice chronique entraine une défaillance de l’âme et reste incurable dans la plupart des cas. De telles pratiques devraient être bannies au campus. 

Pire encore, la direction du Coud se taille sur mesure et se résume à son directeur. A chaque fois que ce dernier est nommé, c’est sa localité qui est servie. Des recrutements tendancieux, un personnel déqualifié, des commerces installés de tout bord, sont la vitrine du campus. Le service social des restaurants n’a plus de valeur, tout est de la merde. C’est la magouille, la tricherie, le copinage et j’en passe. Les responsables-étudiants s’entretuent, s’insultent se haïssent et se détruisent. C’est le lot quotidien du campus universitaire de Dakar. 

L’université n’est pas une entreprise. Elle n’est pas un centre commercial. Elle n’est pas non plus une cité des affaires, ni une bourse de travail. Elle n’est rien de tout cela. L’université est un lieu de formation intellectuelle, c’est un temple du savoir. Elle est le sanctuaire des connaissances. A son sein, sont réfléchis, examinés et conceptualisés les progrès de la pensée humaine (son évolution et sa fécondité). L’université, c’est la rencontre entre un homme et une institution. De leur jonction se produit un citoyen formé à la recherche, à l’analyse, à la critique, à la synthèse et à l’argumentation. Il est hors de question que la médiocrité y soit érigée en règle. L’étudiant, du moins l’universitaire d’une manière général est « un roseau pensant ». Ces actes se fondent sur la pensée féconde. Mais il ne peut être un citoyen de comportement médiocre et aux attitudes honteuses. Si cela arrive, c’est qu’il fait partie des scories et des ratés du système. L’université (comme toute institution évaluable) connaît des succès et des échecs dans la formation parallèle que son environnement offre à ses apprenants. Des étudiants en sortent honorables, d’autres en sortent haïssables et dédaigneux. L’obtention des titres universitaires n’est pas toujours synonyme d’un esprit brillant. Elle n’est pas une condition suffisante. Ce qui fait la qualité d’un intellectuel s’exprime dans son degré d’engagement, sa capacité à s’investir dans la société pour sa transformation harmonieuse et le bien-être des populations en ayant pour seule règle fondamentale la bonne conduite. Jamais le campus universitaire ne pourra être apaisé si les délégués d’étudiants n’assument pas convenablement leur responsabilité en s’administrant un code moral déontologiquement irréprochable. Les autorités font beaucoup de mal. On le sait, mais les responsables étudiants sont véreux, ils en font aussi. Ils doivent être exigeants envers eux-mêmes, envers les autorités et envers les étudiants, au lieu de rester à la solde de la magouille, des compromis et de la malveillance dans la mission qui leur est confiée par les pairs.



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