Ce 18 juillet 2025, la France remet officiellement au Sénégal sa dernière base militaire encore en activité dans le pays. Ce transfert marque la fin d’une présence continue de l’armée française depuis l’indépendance, incarnant un tournant historique dans les relations bilatérales. Au-delà d’un simple redéploiement logistique, cette séquence s’inscrit dans une volonté affirmée du pouvoir sénégalais de tourner la page des héritages postcoloniaux, en cohérence avec un discours de rupture souverainiste porté depuis l’alternance politique.
Le retrait ne signifie pas la fin de la coopération sécuritaire mais son redimensionnement. La nouvelle architecture du partenariat, qui sera discutée dans un séminaire intergouvernemental à Dakar d’ici la fin de l’année, devra reposer sur des principes d’égalité, de respect mutuel et de formation conjointe. Il s’agit de bâtir une interopérabilité fondée sur la compétence et non sur la dépendance, dans un contexte régional où les enjeux sécuritaires se complexifient. Ce repositionnement offre aussi l’opportunité de réévaluer les priorités stratégiques du pays et d’affirmer une diplomatie de défense plus autonome.
Pour le pouvoir en place, cette séquence est aussi un signal politique soigneusement orchestré. En restituant symboliquement son territoire militaire, le Sénégal traduit en acte une souveraineté longtemps revendiquée mais rarement concrétisée. Ce geste fort, pensé pour l’opinion nationale autant que pour les partenaires étrangers, matérialise une volonté de réappropriation de l’espace stratégique national. Plus qu’un événement diplomatique, c’est une scène politique : celle d’un État qui entend se faire obéir de lui-même.
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