En visite à Paris pour assister à la présentation de l’ouvrage de Mamadou Alpha Barry, Abdoulaye Wade, sa pensée économique, L’Afrique reprend l’initiative, le président de la République a tenu hier une conférence de presse à la résidence de l’Ambassadeur du Sénégal en France. Maître Abdoulaye Wade en a profité pour donner un cours d’économie du Sénégal.
Colère des étudiants, gestion des Industries chimiques du Sénégal (Ics) et de la Société africaine de raffinage (Sar), relance du Nepad, poursuite des Grands Projets du président de la République... L’économie sénégalaise a été au cœur de la conférence de presse qu’a donnée Maître Abdoulaye Wade, hier, à la résidence de l’Ambassadeur du Sénégal à Paris. Profitant de sa venue en France pour la sortie de l’ouvrage de Mamadou Alpha Barry, Abdoulaye Wade, sa pensée économique, L’Afrique reprend l’initiative, le président de la République a tenu à faire le point sur la santé économique du Sénégal.
Abdoulaye Wade est affirmatif. L’économie sénégalaise connaît des réussites dans tous les domaines : agriculture, industrie... S’appuyant sur les résultats de la croissance du Sénégal, le Président note qu’au vu de ses performances économiques, le Sénégal, est, «sur certains points, premier de la classe». S’il y avait besoin d’une preuve supplémentaire, Abdoulaye Wade rappelle que le Fonds monétaire international (Fmi) a félicité le Sénégal pour sa gestion macro-économique. Seule ombre au tableau : le tourisme. Le Président avoue ne pas l’avoir développé pour «des raisons personnelles». La condition qu’il pose à le promouvoir est l’investissement des Sénégalais dans ce domaine. Cependant, Maître Wade est optimiste : «Je peux le développer, le Sénégal a du potentiel : il peut accueillir 7 millions de touristes.»
Le domaine dont Abdoulaye Wade est assurément le plus fier est l’éducation. Il considère que «(son) meilleur projet est la mise en place de la Case des Tout Petits, classé projet universel par l’Unesco». Autre source de satisfaction : le Sénégal est «le seul pays du monde à consacrer 40% de son budget à l’éducation et à donner des bourses à tous les étudiants». En effet, le Président, qui considère les étudiants comme des «enfants gâtés», rappelle que «chaque étudiant a droit à une bourse et peut aller devant le Conseil Constitutionnel, s’il n’en reçoit pas une».
Revenant sur les émeutes qui ont éclaté dans les universités de Dakar et de Saint-Louis, Abdoulaye Wade avoue ne pas comprendre comment certains étudiants peuvent casser du matériel scolaire. «Je leur ai dit : «Si vous avez des réclamations à me faire, dites le moi.» Ils peuvent manifester, mais le problème, c’est quand on casse. Un étudiant sensé ne peut pas entrer dans une classe et casser un ordinateur.» Sa seule explication : «La politique est entrée à l’université.»
Interrogé sur la situation économique des Industries chimiques du Sénégal (Ics), Abdoulaye Wade s’explique : «Nous avons été trompés, on nous a caché la vérité.» Les Ics, «héritage du système socialiste», sont «presque en situation de banqueroute». La faute en revient à ses dirigeants : «Ces gens ne sont pas des gestionnaires». Pour remédier à cette crise, l’Etat, actionnaire, mais pas gestionnaire et dont «la volonté est de se retirer», a donné son aval pour redresser financièrement et transférer des fonds aux Ics. Abdoulaye Wade attend de lire l’audit qui a été réalisé sur la gestion de l’entreprise, pour prendre des mesures supplémentaires. «Il est sur mon bureau. Je ne l’ai pas encore lu, mais il y aurait eu des détournements. Je suis prêt à transmettre le dossier au tribunal.» Sûr que les Ics ne vont pas tomber en faillite, le Président juge néanmoins : «Il serait une illusion de dire qu’elles sont le fleuron du Sénégal.»
Autre sujet de préoccupation, la Société africaine de raffinage, dont l’Etat est également actionnaire. Abdoulaye Wade indique que «pour la première fois, j’ai fait jouer mes relations». La Guinée équatoriale et la Libye doivent envoyer plusieurs bateaux, dont un arriverait demain samedi. Le Président assure que «le problème sera totalement résolu la semaine prochaine».
L’absence de bon gestionnaire est également au cœur du délitement du Nepad. «Un certain nombre de dépenses n’ont pas été aux infrastructures et je l’ai dénoncé», assure Abdoulaye Wade. Il avoue qu’il a «perdu toutes (ses) illusions sur l’équipe dirigeante du Nepad». Pour preuve , «ce matin, le Premier ministre japonais m’a appelé pour me dire que le Japon allait financer la route Dakar-Bamako et le pont de Rousso. Cela concerne le Nepad, ce sont des projets inter-régionaux. Je suis sûr qu’ils ne sont même pas au courant». Abdoulaye Wade reste cependant persuadé que «le Nepad est le meilleur instrument depuis les indépendances, il est clair, net». Une réunion devrait donc se tenir prochainement à Dakar pour réfléchir à une nouvelle conception du projet, relancer le Nepad et le confier à des gestionnaires.
Interrogé sur la Côte d’Ivoire, Maître Abdoulaye Wade s’est dit «prêt à reprendre des initiatives pour que la paix revienne». «Le seul accord de cessez-le-feu est intervenu grâce à moi. (...) La construction de la Côte d’Ivoire ne se fera que dans la paix», a-t-il ajouté. «Je ne suis pas contre la Côte d’Ivoire. J’y ai dénoncé le racisme. Je n’ai pas critiqué le régime, mais une réalité africaine.» Abdoulaye Wade a aussi fait le point sur des rumeurs concernant le passeport diplomatique sénégalais que détiendrait Guillaume Soro : «J’ai rencontré Guillaume Soro à plusieurs reprises. Quand il a voulu me rencontrer, j’ai appelé Laurent Gbagbo, qui m’a dit : «Reçois le.» Je l’ai donc vu. Mais Guillaume Soro n’a pas de passeport diplomatique.»
L’affaire Hissène Habré a également refait surface lors de la conférence de presse. Abdoulaye Wade a indiqué que cette affaire était «africaine». Il est revenu sur la création d’une commission de juristes placée auprès de l’Union africaine pour décider du sort de l’ex-Président tchadien. Quant aux modalités d’exil de Habré au Sénégal, Abdoulaye Wade a ajouté : «En tant que Président, je n’ai pas vu de décret de droit d’asile concernant Hissène Habré, mais peu importe.» <12>[email protected]
0 Commentaires
Participer à la Discussion