Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Economie

Alioune Diagne Coumba Aïta, ancien ministre de l'urbanisme : ‘Il faut d’urgence adopter des mesures de politique d’austérité et de rigueur’

Single Post
Alioune Diagne Coumba Aïta, ancien ministre de l'urbanisme : ‘Il faut d’urgence adopter des mesures de politique d’austérité et de rigueur’
Le ralentissement de l’économie mondiale s’est accentué ces derniers temps, avec la poursuite de la hausse des prix des matières premières, des produits énergétiques et alimentaires, la morosité de l’investissement et l’inflation qui n’épargne aucune zone économique. Et le Sénégal dans cette grisaille, avec les tensions sur les prix des produits de base qui ont impacté les prix à la consommation ? L’ancien ministre de l’Urbanisme et président du Groupe de concertation et de compétitivité du Sénégal (Grcc), Alioune Diagne Coumba Aïta, revient sur tout cela dans l’entretien qu’il nous a accordé.

Wal Fadjri : De plus en plus, le baril du pétrole s’enflamme avec une succession de prix record qui va bientôt atteindre un taux de plus de 140 dollars. Quelles sont les attentes à ce niveau ?

Alioune Diagne Coumba Aïta : Le secteur du pétrole a continué son mouvement ascendant avec une succession de prix record depuis octobre 2007, en passant durant cette période de 90 à 140 dollars, soit une augmentation de plus de 50 % en 8 mois. Et on ne s’attend pas à une baisse du prix du pétrole au cours des prochains mois. Certains analystes prévoient même un taux de 150 dollars au début du mois de juillet. Le président des Etats-Unis a proposé le 18 juin que les gisements offshores qui font partie des réserves stratégiques (en quelque sorte des bijoux de famille) soient mis en exploitation. L’Arabie Saoudite envisageait d’accroître sa production de 200 000 barils/jour, ce qui est négligeable devant la consommation mondiale qui est de 87 millions de barils/jour (Notons en passant que rien que la Chine consomme 10 millions de barils/jour). D’ailleurs, les pays membres de l’Opep n’ont pas suivi l’Arabie Saoudite et ont décidé de maintenir à son niveau actuel le volume de leur production. Les producteurs, d’une manière générale, constatant que leurs réserves prennent de plus en plus de la valeur, ne sont nullement disposés à accroître le volume de leur offre. Ce qui caractérise le marché du pétrole actuellement, c’est la non-élasticité de l’offre. En effet, la plupart des gisements ont vieilli, et les conditions d’exploitation posent des problèmes techniques difficiles qui appellent des solutions de plus en plus onéreuses. Par ailleurs, il y a de moins en moins de découvertes de gisements nouveaux. Toujours est-il que dans certaines zones de production, la tendance est plutôt à la baisse soit pour des raisons techniques (Russie, Mer du Nord), soit pour des raisons géopolitiques (Moyen-Orient, Nigeria). Du côté de la demande, les pays émergents d’Asie continuent à accroître leur consommation même en cas de hausse du baril, car le prix du pétrole dans ces pays est subventionné par leurs gouvernements. Et dès que ceux-ci envisagent de pratiquer une politique de vérité des prix, des manifestations violentes viennent les en empêcher (ce fut récemment le cas en Inde et en Indonésie). Quoi qu’il en soit, plusieurs analystes et certains gouvernements des pays membres du G7 (France, Allemagne, notamment) estiment que l’essentiel de l’accroissement des prix est dû à la spéculation alimentée par la perspective d’un épuisement à plus ou moins long terme des réserves mondiales et à l’accroissement constant de la consommation lié au développement rapide de pays émergents.

Wal Fadjri : Quelles sont les répercussions au Sénégal de cette conjoncture internationale ?

Alioune Diagne Coumba Aïta : Dans ce contexte mondial, on ne peut pas imputer les hausses constatées au gouvernement. Ce que l’on peut lui reprocher en revanche, c’est de tarder à adapter sa politique économique et financière ou si l’on préfère sa gouvernance de l’économie et des finances à ce contexte international. Il faut absolument et d’urgence adopter des mesures de politique d’austérité et de rigueur qui puissent permettre de dégager des ressources suffisantes pour atténuer les souffrances des populations urbaines et rurales. Il faut réduire le train de vie de l’Etat, rompre avec tout gaspillage. Il faut en particulier réduire le poids que constitue le coût de certaines institutions (Présidence, Primature, Ambassades) sur les finances publiques, ainsi que celui de certaines administrations (agences et autres structures décentralisées).

Wal Fadjri : La crise économique mondiale sévit dangereusement, surtout pour les pays sous-développés. Comment se présente l’évolution des places financières après les perturbations notées depuis l’année dernière ?

Alioune Diagne Coumba Aïta : Dans une interview publiée par le quotidien Wal Fadjri, en octobre 2007, j’avais eu l’occasion de faire le point de l’évolution des places financières, après les perturbations assez sérieuses qu’elles avaient connues depuis la mi-juillet 2007. J’indiquais que ces perturbations avaient eu pour origine la crise des crédits immobiliers à risque aux Etats-Unis. En commençant à pratiquer une politique de baisses successives de son taux directeur depuis septembre 2007, la Fed (Banque centrale américaine) avait donné un signal fort aux marchés en manifestant sa volonté de faire face aux conséquences de la crise des subprimes. Ces conséquences se manifestaient essentiellement par le ralentissement de l’économie américaine, d’où la nécessité de soutenir la croissance en facilitant l’accès au crédit. Cette nouvelle orientation de la Fed avait ouvert des perspectives nouvelles en redonnant confiance aux opérateurs des différents marchés ; il en était résulté une hausse générale des prix des matières premières dont le pétrole. Tout cela devait avoir pour conséquence un affaiblissement de la monnaie américaine notamment par rapport à l’euro. En effet, un taux d’intérêt plus élevé en Europe devait attirer vers celle-ci des flux financiers en provenance des Etats-Unis. Il se trouve qu’à la même période, en septembre 2007, la Banque centrale européenne (Bce) envisageait de relever son taux directeur dans le cadre de la poursuite de sa politique tendant à empêcher le taux d’inflation de franchir la limite des 2 %. Dans un souci d’apaisement, la Bce décida alors de maintenir le statu quo, car un relèvement de son taux directeur aurait affaibli davantage le dollar. Depuis lors, les conséquences de la crise des subprimes ont continué à affecter les places financières en Europe et en Amérique. Le secteur bancaire notamment a subi des pertes importantes du fait de la présence dans le portefeuille de plusieurs établissements d’effets représentatifs de ces crédits à risque. C’est le cas de certaines banques européennes (Allemagne, Suisse, Royaume uni et dans une moindre mesure la France). Aux Etats-Unis, de grandes banques (Citi Group, Lehmann Brothers…) ont connu d’importantes pertes à la suite d’importantes dépréciations de leurs actifs.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email