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AUGMENTATION DU KILOGRAMME DU SUCRE PAR LA CSS - La colère « sucrée » des députés

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AUGMENTATION DU KILOGRAMME DU SUCRE PAR LA CSS - La colère « sucrée » des députés

Les députés ont exprimé diversement leur colère, face à l’augmentation du prix du kilogramme du sucre par la Compagnie sucrière sénégalaise (Css). C’était hier, mercredi 12 juillet, à l’Assemblée nationale, à l’occasion de la question orale posée au gouvernement par le député Waly Ndiaye et relative à la hausse du prix du sucre. Cette colère qui s’est traduite, entre autres, par le rejet des arguments avancés par cette entreprise pour justifier la hausse, cache mal parfois une certaine prudence, mêlée à une peur diffuse, surtout lorsqu’il s’agit d’aborder la question du monopole de fait de la Css sur le sucre. Le ministre du commerce, Mamadou Diop Decroix, est presque resté sur des généralités, dans ses réponses aux interrogations de Waly Ndiaye, auteur de la question orale.
Les élus du peuple proposent l’allègement des taxes à l’importation, des mesures incitatives pour encourager les commerçants qui veulent investir dans la filière sucre, un accord-cadre avec la Css, comme solution à la cherté du sucre au Sénégal.

« Le prix du sucre vient d’être augmenté. Les populations dénoncent cette hausse et manifestent leur désaccord pour cette mesure qui grève davantage leur pouvoir d’achat. Quelle est la réaction de votre département face à cette mesure ? N’est-il pas nécessaire de revoir le monopole de la filière sucre par la Css ? Est-il juste de faire supporter des coûts d’investissements aux consommateurs, étant donné que la Css bénéficie de beaucoup de privilèges, facilités et exonérations depuis des décennies ? »Telle est la question orale du député Waly Ndiaye posée hier, mercredi 12 juillet, au gouvernement, représenté par le ministre du commerce, Mamadou Diop Decroix.

20 députés pour porter la voix de millions de consommateurs

Dans un hémicycle où les élus du peuple ont brillé par leur absence (ils étaient 15 à l’entame de la séance et 20 à la fin), le représentant du gouvernement est revenu sur les explications fournies par la Css pour augmenter le prix du Kilogramme du sucre. Il s’agit de la hausse de 20% de la masse salariale, du carburant pour 105% et matériel agricole. Le ministre d’expliquer, par la suite, que l’Etat du Sénégal n’a plus le pouvoir d’influencer les prix et cela depuis 1997. « La Css nous a expliqué les raisons de cette hausse et nous allons étudier tout cela pour voir si cette augmentation est valable », a-t-il souligné.
Mamadou Diop Decroix, de faire remarquer que la responsabilité du gouvernement se situe entre la protection des unités industrielles et la défense des intérêts des consommateurs dans la quête d'une, avec comme principale préoccupation de trouver une « solution équilibrée » à la question du sucre. Se situant, dit-il, entre la protection de l’outil de production et la défense des intérêts des consommateurs.

Les explications de la Css laissent dubitatifs les députés

Mais la réaction ou les réponses du ministre aux questions posées par le député Waly Ndiaye ne semblent pas convaincre les représentants du peuple.
Tous, dans leur écrasante majorité, disent ne pas comprendre le « monopole de fait sur la filière sucre par la Css » au moment où cette entreprise est loin de satisfaire la demande des consommateurs. Et « l’absurdité », pour parler comme le député non inscrit, Me Abdoulaye Babou de l’Alliance des forces de progrès (Afp), c’est que la Css elle-même importe du sucre pour tenter de combler le gab.
D’où l’appel lancé au gouvernement par le député libéral, Modou Diop, pour qu’il «protége les consommateurs, en ouvrant les circuits de commerce ». Le député de l’Union pour le Renouveau démocratique(Urd), Boubacar Thioub, ne demande pas autre chose : « Il faut que les contraintes administratives soient levées pour permettre aux Sénégalais d’importer du sucre. La Css a atteint ses limites pour satisfaire la demande », martèle-t-il.
Son collègue, Lamine Diédhou entrevoit le danger d’une augmentation du prix du sucre qui risquerait, à coup sûr, « d’encourager la contrebande visant à déstabiliser l’économie nationale ». Il propose, pour mettre un terme à ce monopole de fait, de « décentraliser la culture de la canne à sucre ». Amer, le député libéral de Ziguinchor, Thimothé Poissy, lâche : « Les Sénégalais ne peuvent pas continuer à être la vache à traître de certaines de nos entreprises. Que la Css garde pour elle ses métaphores et ses rhétoriques. La vérité est que cette augmentation, qui ne se justifie pas, plombe la lutte contre la pauvreté ».
De son côté, le Président du Groupe Libéral et Démocratique, Doudou Wade, ne semble pas convaincu par les raisons avancées par la Css : « Les arguments avancés par la Css - d’après ce que le ministre a dit, la hausse de la masse salariale, le carburant, je ne pense pas, de mon point de vue, pour quelqu’un qui est à l’extérieur de l’entreprise, mais qui a fait la gestion, qui sait comment marche une entreprise - ne suffissent pas pour pouvoir faire une hausse de 550 à 600 F Cfa. Cela veut dire quoi, 50 F Cfa sur le kilogramme de sucre à cause du carburant, non. S’il s’agit des salaires, de quels salaires s’agit-il ? Il est important qu’on puisse pénétrer la structure du prix. Maintenant, le gouvernement s’atèle à convoquer une séance de travail pour avoir la structure du prix du sucre », explique le député libéral. Il reconnaît que le problème n’est pas si simple qu’on le pense.
« La demande n’est pas satisfaite pour la production locale. Qu’est-ce qu’il faut faire ? Il faut importer. Faut-il importer pour combler le gab ou pour toute la demande nationale ? Si nous importons pour toute la demande nationale, on ne sortira pas de la situation où nous sommes. Cela nécessite, pour tous les produits de consommation, qu’on prenne des risques, en faisant peser un certain nombre de charges sur les populations, sur l’Etat pour arriver à s’autosuffire en production. C’est ce que nous avons fait sur la tomate. Il faut aller dans le même sens pour le sucre ». dit-il.

Accord-cadre

Ainsi, au nombre des solutions, il propose la signature d’un accord-cadre avec la Compagnie Sucrière sénégalaise. « Aujourd’hui, je pense qu’il faut avoir un Accord-cadre avec la Css, qui va édicter sur les investissements, le coût des investissements, le produit sorti d’usine et sur des délais de satisfaire la production nationale ». Et d’ajouter : « C’est à ce résultat qu’il faut parvenir et cela demande des séances de travail et très rapidement avec le gouvernement, les consommateurs et pousser les autres à venir s’installer dans la vallée ou ailleurs pour s’adonner à la culture de la canne à sucre. Il faut donner des gages, des garanties, trouver des moyens incitatifs pour pouvoir permettre à d’autres de s’implanter dans la culture de la canne à sacre ».

Des mesures pour encourager les commerçants

Si Doudou Wade nie un quelconque monopole de la Css sur la filière sucre, il ne pose pas moins de questions qui sonnent comme une interpellation à l’endroit des autorités étatiques. « Il n’y a pas de monopole. Mais, est-ce que nous avons une politique qui encourage les commerçants, ceux qui détiennent l’argent, à investir dans la culture de la canne à sucre. Est-ce qu’on peut pousser les Sénégalais à abandonner le bâtiment, le transport pour investir dans le sucre ? ». Et de renchérir : « Il est vrai que la Css date de très longtemps, mais que l’on reconnaisse que c’est la seule entreprise qui est dans le sucre et qui n’a pas atteint les objectifs qui lui ont été assignés. Qu’est-ce qu’il faudrait faire ? Faut-il encourager le Trading, acheter du sucre à l’étranger, venir le commercialiser ? Si on s’en arrête là, on risque d’arriver à une situation où le kilogramme de sucre sera supérieur à celui de la Css. Parce que nous sommes dans un régime libéral où le marché est arbitre. Mais, je pense que nous devons de réguler le marché : d’abord par la communication et l’information, par la mise à disposition du produit pour satisfaire la demande, et ensuite, d’encourager le respect des règles commerciales ».

Le deux poids deux mesures

Après avoir reconnu le monopole de fait de la Css, le député Me Abdoulaye Babou dénonce le deux poids deux mesures. « La réalité – et même le ministre le reconnaît en filigrane – c’est que la Css est protégée. Dans le principe, on dit qu’il y a la possibilité, pour N Sénégalais, de faire venir du sucre, de produire, mais en réalité la Css est protégée par des bénéfices économiques qui font qu’elle ne peut pas avoir de concurrents, ce qui est inadmissible ici, en 2006 », dit-il, avant de donner l’exemple de la filière ciment. « Nous avons le problème de la Sococim. Quand elle (Sococim) était seule, le prix du ciment ne cessait d’augmenter. Le problème ne se pose plus avec la deuxième cimenterie. Il faudrait donc, comme le demandent les commerçants de l’Unacois, permettre au Sénégalais lambda d’avoir des unités de production du sucre ici au Sénégal. Si on le fait, non seulement le sucre va diminuer, mais nous aurons une meilleure qualité. On ne le dit pas assez, le sucre, le riz, et l’huile font des victimes ».

Absurdité : producteur-importateur

Pour le député Non inscrit « Progressiste », « l’absurdité, c’est que la Css est le seul producteur, mais elle nous vend aussi du sucre importé, cela veut dire, pour parler comme les Wolofs « mo bur, mo bummi », ça, c’est inadmissible. Il faut que les règles de concurrence, transparentes dans un marché pur et parfait, puissent être respectées », martèle l’élu du peuple. Il pose par ailleurs, un problème de santé publique : « Je m’en suis ouvert, un jour, à un spécialiste, en ce moment on parlait de l’alimentation du Sénégalais. Il a relevé trois choses : les Sénégalais sont malades de par le sucre, l’huile, et le riz qui sont de mauvaise qualité. Dans tous les pays du monde, les gens consomment de l’huile, du sucre et du riz, et ne sont pas malades. Allez du côté de Abass Ndao, le diabète a pris des proportions énormes. Il faudrait que les pouvoirs publics réfléchissent sur la question. Qu’est-ce qu’on gagne ? Permettre à une compagnie privée de faire des milliards et de l’autre côté, le Sénégalais lambda qui est malade et sa maladie a un coût pour la société. Il faut choisir », dit-il.

L’Etat va étudier la question

En tout cas, l’attitude de l’Etat face à l’augmentation du prix du sucre par la Css ne peut pas être interprétée comme une « impuissance ». C’est du moins, ce que soutient le ministre Mamadou Diop Decroix.
« L’Etat n’est absolument pas impuissant devant l’augmentation du prix du kilogramme de sucre. Il a énormément de moyens sur cette question. Mais, il faut que nous trouvions une juste solution à ce problème. Les prix sont libres au Sénégal. Chacun fixe son prix comme il veut. Deuxièmement, l’Etat a des moyens par ce que nous appelons le droit de porte, ce sont les taxes que l’on met à l’importation pour rendre difficile l’importation d’un produit », explique le représentant du gouvernement. Il soutient que la « Css a augmenté le prix du kilogramme de sucre en donnant ses raisons. Les consommateurs ne sont pas contents, ils ont donné leurs raisons. Ce que l’Etat doit faire, c’est étudier tout cela : Pourquoi la Css a augmenté le prix du sucre ? Est-ce que ses arguments sont valables ? Si les arguments ne sont pas valables, nous dirons à la Css voici ce que l’Etat pense de la situation. Je crois que nous trouverons une solution, parce que la Css, à mon avis, n’a pas non plus intérêt à ce qu’on supprime la taxe complémentaire à l’importation (Tci). Nous devons préserver, autant que faire se peut, les intérêts des consommateurs que nous sommes tous ».
Pour Mamadou Diop Decroix, l’Etat n’a aucun intérêt à « déprotéger la Css, à la laisser tomber, parce qu’il y a trop d’intérêts économiques de nos populations sur la Vallée du Fleuve Sénégal. C’est en attendant de trouver structurellement la solution à ces problèmes-là, nous sommes obligés d’étudier la situation et proposer au gouvernement une solution au problème du sucre. Pendant sept ans le prix du sucre n’a pas augmenté. Au même moment, le prix du baril est passé environ de 20 dollars à 70 ou 75 dollars le baril. Donc, il y a tous ces éléments que nous devons mettre dans le panier et analyser, je crois qu’à terme, nous allons trouver une solution qui satisfasse les consommateurs ».

Une affaire d’unités de production

Quant au problème du monopole de fait, le ministre du commerce le ramène au niveau des unités de production. « Lorsqu’il y avait qu’une cimenterie les consommateurs se plaignaient, maintenant il y en a deux, la situation est légèrement meilleure. J’ai parlé de la tomate. Il y a la Socas qui encadre la production de la tomate, qui transforme la production locale en tomate concentrée. Il est vrai que pendant longtemps, on a protégé des industries qui n’ont pas investi, en pratiquant des situations de rente. Vous dites que c’est le cas de la Css, je vais regarder tout cela, si j’arrive à la même conclusion que vous, croyez-moi, le gouvernement prendra ses responsabilités. La bonne solution n’est pas d’enlever la Tci », fait remarquer le représentant du gouvernement.

 



1 Commentaires

  1. Auteur

    Allons Y Molo

    En Octobre, 2010 (18:36 PM)
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