Dette publique du Sénégal : un bond inquiétant à 119 % du PIB en 2024 selon Barclays
Un récent rapport de la banque britannique Barclays a provoqué une vive controverse en évaluant la dette publique du Sénégal à 119 % du produit intérieur brut (PIB) pour l’année 2024. Cette estimation contraste fortement avec le chiffre de 99,7 % avancé par la Cour des comptes pour l’année 2023, soit une augmentation de près de 20 points en un an. Cette hausse rapide place le Sénégal parmi les pays les plus endettés du continent africain, suscitant une inquiétude croissante chez les investisseurs et les acteurs financiers.
Cette nouvelle évaluation a provoqué une réaction immédiate des marchés financiers, qui redoutent une pression accrue sur la capacité du pays à honorer ses engagements, notamment face à un environnement économique mondial incertain. Le Sénégal fait face à des échéances importantes de remboursement de ses emprunts, notamment ceux contractés via des eurobonds et des prêts bilatéraux et multilatéraux.
Le gouvernement sénégalais a rapidement réagi à ces révélations en affirmant qu’une revue indépendante de la dette est actuellement en cours. Cette démarche vise à clarifier la structure réelle de l’endettement, à distinguer les dettes soutenables des dettes plus risquées et à envisager des stratégies d’allègement ou de rééchelonnement si nécessaire.
Il faut rappeler que la dette publique sénégalaise s’est fortement accrue au cours des dernières années, portée par des investissements massifs dans les infrastructures, mais aussi par la dépréciation du franc CFA et les chocs économiques internationaux. Selon le ministère des Finances, une part importante de cette dette reste dédiée à des projets d’infrastructures stratégiques, susceptibles de générer à terme de la croissance économique et des recettes fiscales.
Cependant, la question du niveau élevé de la dette interpelle sur la soutenabilité budgétaire du pays, avec une part significative du budget national consacrée au service de la dette. Selon les dernières données disponibles, près de 30 % des recettes fiscales sénégalaises sont absorbées par le remboursement et le paiement des intérêts.
Cette situation met en lumière la nécessité d’une gestion rigoureuse de la dette, mais aussi d’une diversification accrue des sources de financement, notamment via le développement du secteur privé et l’amélioration de la mobilisation des ressources internes.
Au-delà des chiffres, le débat reste ouvert sur la capacité du Sénégal à concilier ambitions de développement et contraintes financières. La transparence dans la gestion de la dette et la communication claire autour des stratégies envisagées seront déterminantes pour restaurer la confiance des partenaires financiers et assurer une trajectoire économique durable.
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