Avec un endettement de 105,7 % du PIB et un déficit budgétaire de 11,7 %, le Sénégal croule sous sa dette publique, ce qui en fait l’un des pays les plus endettés d’Afrique.
Cependant, le nouveau gouvernement pourrait envisager de ne pas honorer la dette contractée et « cachée » par l’ancien régime. En d’autres termes, l’administration de Bassirou Diomaye Faye pourrait être tentée de ne pas rembourser une dette qu’elle considère comme ayant uniquement servi les intérêts personnels des tenants du régime de Macky Sall.
Cette approche repose sur la théorie de la dette odieuse, ou illégitime, rapporte Jeune Afrique. Sur le site du Fonds monétaire international (FMI), les économistes américains Michael Kremer et Seema Jayachandran ont développé cette idée. Selon eux, une dette souveraine contractée sans le consentement des populations et sans bénéfice pour elles ne devrait pas être transférée à l’État successeur. « Dans de nombreux pays, la loi dispense les personnes de rembourser les sommes empruntées frauduleusement en leur nom. De même, les entreprises ne sont pas responsables des contrats conclus par des dirigeants sans habilitation », expliquent-ils.
Le gouvernement de Diomaye Faye peut-il donc refuser volontairement de payer la dette supposée minorée par l’administration de Macky Sall ? Aucune déclaration officielle n’a été faite en ce sens. Toutefois, si cette idée traversait l’esprit des nouveaux dirigeants, ils s’inscriraient dans un précédent jugé risqué, survenu en 2001.
Cette année-là, l’Argentine, écrasée par sa dette, a volontairement refusé de payer ses créanciers, misant sur une restructuration. Des investisseurs américains s’y opposent et saisissent la justice. En 2013, une cour d’appel de New York, confirmée par la Cour suprême en 2014, condamne l’Argentine à leur verser 1,5 milliard de dollars. Le pays sud-américain s’y refuse encore, craignant que d’autres investisseurs n’abandonnent la restructuration pour emboîter le pas aux Américains.
Résultat : la réputation de l’Argentine est durablement ternie sur les marchés internationaux. Jusqu’à aujourd’hui, le pays subit les conséquences de son défaut de paiement. « Cela a gravement entaché la réputation du pays sur les marchés. Au final, cela a coûté beaucoup plus cher. Être dans l’incapacité de rembourser peut arriver, mais faire défaut volontairement est impardonnable pour les investisseurs », analyse un spécialiste de la finance du développement contacté par Jeune Afrique.
Selon ce dernier, qui s’exprime sous couvert d’anonymat, l’idée a probablement effleuré Diomaye Faye, Ousmane Sonko et leur entourage, mais ils semblent y avoir renoncé. « Tout porte à croire que ces leaders, novices dans l’exercice du pouvoir, ont pu envisager cette option. Mais, depuis, ils semblent s’être ravisés », conclut-il.
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