Edition 2008 de la Fidak : La foire des mauvaises affaires

Les participants de la 18e édition de la Foire internationale de Dakar devraient plier bagages aujourd’hui. Pour nombre de participants, la Fidak 2008 est une désillusion.

Manque d’organisation, cherté des stands, absence du public, etc. Tels sont les mots que les participants à la 18e édition de la foire internationale de Dakar utilisent pour faire le bilan de leur participation. En effet, la foire de cette année n’aura pas battu les record d’affluence. Au contraire ! Ceux qui pensaient que les visiteurs attendaient le dernier week-end pour venir en masse ont eu tort. En cette période pré-Tabaski, le Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices) n’a pas su attirer l’intérêt des acheteurs potentiels. La conjoncture économique actuelle y est pour beaucoup. L’impératif d’avoir un mouton pour la Tabaski a fait le reste. Côté exposants, c’est la désillusion chez bon nombre. C’est le cas de cet Egyptien, venu présenter des articles de maison et des bijoux artisanaux. Tout seul dans son stand du pavillon orange, il observe les va et bien des uns et des autres. La foire semble être celle des autres. Les visiteurs passent et repassent, regardent les articles, demandent les prix et s’en vont.Il est à sa quatrième participation à la Fidak et il ne s’explique pas ce qui se passe pour cette année. Il ne parle pas un traître mot de français mais n’a pas jugé utile de louer les services d’un vendeur qui puisse communiquer avec les acheteurs. ‘Je n’ai pas fait une bonne affaire’, lâchera-t-il, dépité.

Les affaires de cet autre exposant marocain du même pavillon ne s’en portent pas davantage mieux. Lui est venu vendre des couvertures dont les prix varient entre 12 mille et 20 mille francs Cfa. ‘Il y a un manque d’organisation totale. D’abord, ils (les autorités du Cices, Ndlr) ont fixé le prix des billets à 1 000 francs avant de revenir à 700 francs. Ils n’ouvrent pas les portes de la foire le matin (l’accès est ouvert au public à partir de 13 heures, Ndlr). Il y a un problème de parking pour se garer. Et les visiteurs ne viennent pas’, liste l’exposant. Les visiteurs n’achètent pas ou ce sont les prix qui sont hors de portée de leurs bourses ? ‘C’est qu’ils ne viennent même pas’, répond tout de go l’exposant marocain qui informe que sa dernière participation remonte à 1998. ‘Je ne suis pas sur de venir la prochaine fois. Je vais y réfléchir quand même. Mais si c’est comme ça je ne suis pas sur de revenir’ dira-t-il d’un air dégoûté. C’est le même refrain que reprendra des exposants d’objets d’art venus du Niger et du Mali, logés au pavillon vert. L’un d’eux en est à sa première participation. Il ne manque pas d’afficher sa désillusion : ‘j’ai tellement entendu parler de la foire de Dakar que j’ai décidé de venir cette année mais vraiment je suis déçu. Le stand vous revient à 600 mille francs, sans compter le séjour dans l’hôtel, la nourriture. Et là même pour quelque chose qui coûte 500 francs Cfa, les gens n’achètent pas.

C’est un déplacement nul que j’ai fait. Si c’est comme ça, ce n’est plus la peine (de venir)’. Son compatriote qui a une plus grande expérience des foires –il en est à sa cinquième participation au Sénégal- informe que les autres éditions étaient de loin meilleures, côté affaires et organisation. A titre de comparaison, il estime que le Salon international d’industrie et d’agro-alimentaire (Siagro) qui s’était tenu au Burkina Faso était de loin mieux organisé que la foire de Dakar, malgré toute sa renommée. Comme son compatriote, il promet de réfléchir par deux fois avant de revenir à la prochaine Fidak. Cependant, les Thioups (teinture) maliens ont toujours été une attraction dans les foires. Cette année encore, il y a eu affluence dans les stands de nos voisins du Mali. Seulement, signale une commerçante, ‘les gens en veulent mais ne payent pas le prix’.

Côté visiteurs, c’est la même chanson. Tous déplorent le manque d’affluence. Dans les couloirs du pavillon Sénégal, nous surprenons une dame d’un âge mûr en train de faire remarquer aux deux jeunes filles qui l’accompagnent que ‘la foire n’est plus ce qu’elle était avant ’. ‘ C’est moins animé maintenant. Et puis, il n’y a rien d’extraordinaire dans les produits exposés’ a-t-elle estimé.

Côté organisation : La foire n’a pas été un ‘Sandaga’ bis

Les autorités ont placé la rencontre internationale d’échanges sous le signe de la professionnalisation, enclenchée depuis 2006. Le directeur du (Cices), Seydou Touré avait indiqué mercredi dernier, au cours d’un point de presse, que les dysfonctionnements notés au début de la foire étaient liés à la volonté de professionnalisation. Tout au moins, la direction a réussi le pari de pas de faire de la foire de cette année, un marché ‘Sandaga’ bis. En effet, la Fidak 2008 n’aura pas été ce grand bazar où tout Sandaga déménageait, le temps d’une foire, pour vendre des objets allant de la moyenne gamme aux gadgets. Car la foire était également un lieu où même ceux qui vendaient les ballons gonflables à 100 francs prenaient part. Il en était de même pour les vendeurs de sandwichs et de jus. Tout ce beau est resté à quai pour cette foire.

Au total 22 pays ont pris part à la Fidak 2008. De même, à titre individuel, des entreprises en provenance de 32 pays différents ont participé à la foire. Le retour de grands participants comme les Etats-Unis et l’Algérie a été noté.

Les rideaux de la 18e Fidak seront baissés aujourd’hui pour les exposants professionnels. Ceux de l’informel, des pavillons Orange et Vert pourraient voir leur séjour prolongé jusqu’au 7 décembre prochain.