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Monday 01 September, 2025
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Secteur du bâtiment : flambée des prix du sable de construction

Auteur: Aminata SARR

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Dans un précédent dossier consacré à la crise qui secoue le secteur du BTP, nous évoquions l’effondrement des commandes, les licenciements massifs et les arriérés de paiement de l’État. Aujourd’hui, un autre facteur aggrave la situation : le sable, matériau clé de la construction, devient de plus en plus rare… et coûteux. Seneweb a mené une enquête auprès des professionnels du secteur.
Le sable de construction est devenu presque introuvable à Dakar et dans ses environs, une pénurie paradoxale mais bien réelle qui inquiète les acteurs du bâtiment. Déjà fragilisé depuis plusieurs mois, le secteur du BTP subit de plein fouet cette crise d’approvisionnement.
D’après nos investigations, le prix d’un camion-remorque de 20 m³, auparavant facturé entre 90 000 et 100 000 FCFA, atteint désormais 200 000 FCFA. Contacté par Seneweb, Ousseynou Gueye, fournisseur de sable et de béton, indique que le camion de 16 m³, autrefois vendu à 60 000 FCFA, coûte aujourd’hui 90 000 FCFA. Quant au camion dit « 8 m³ » — qui, en réalité, transporte environ 4 m³ —, son prix est passé de 35 000 à 55 000 FCFA. Ces tarifs varient toutefois selon la destination.
Des carrières fermées, des distances rallongées
« Depuis la fermeture des carrières à Dakar, je suis contraint de me rendre jusqu’à Tivaouane pour satisfaire les commandes de mes clients », confie Ousseynou Gueye, qui appelle l’État à rouvrir les sites d’exploitation pour enrayer la flambée des prix. « La situation est difficile, tant pour les clients que pour nous, fournisseurs et exploitants de carrières », ajoute-t-il.
Le constat est similaire chez Ousmane Soumaré, autre fournisseur de sable : « Aujourd’hui, il faut parcourir de longues distances. De nombreuses carrières sont à sec ou fermées. Pour livrer Dakar depuis Kayar, les coûts explosent : pont bascule, carburant, ravitaillement des ouvriers, sans compter les frais annexes », explique-t-il.
Il précise que, depuis la fête de la Korité, plusieurs carrières de dunes situées à Dakar, Kayar, Tasset, Gorom ou encore Diandeer ont été fermées. « Face à cette situation, nous sommes obligés d’aller jusqu’à Touba Toul, Mboro, voire Diourbel pour charger nos camions », regrette-t-il, ajoutant : « Le plus grave, c’est que nous n’avons reçu aucune notification officielle concernant ces fermetures. »
Des autorisations expirées et sans suite
Selon les fournisseurs interrogés, ces fermetures seraient liées à l’expiration des autorisations d’exploitation. Cependant, certains exploitants affirment avoir soumis des demandes de renouvellement restées sans réponse à ce jour.
En attendant, les fournisseurs continuent de recevoir des commandes, mais peinent à y répondre. Les clients, eux, se plaignent de la hausse vertigineuse des prix. Pour illustrer cette situation, Ousmane Soumaré raconte : « Pour une livraison à Diamniadio, j’ai dû me rendre à Touba Toul, faute de carrières disponibles plus proches. J’ai pris en charge le coût du chargement, le passage au pont bascule, les repas du chauffeur et le carburant. Avec toutes ces charges, il devient presque impossible de dégager une marge. »
D’après les acteurs du secteur, l’éloignement des carrières d’extraction par rapport aux chantiers est désormais le principal facteur déterminant le prix du sable.
Ce constat est partagé par Thierno Diop, entrepreneur dans le bâtiment : « Je n’achète que des camions de 20 m³, qui me coûtaient généralement 80 000 FCFA. Avant-hier, j’ai dû en payer un à 140 000 FCFA », déclare-t-il à Seneweb. Il avoue ne pas comprendre les raisons exactes de cette flambée des prix.
Les acteurs du secteur craignent que la crise ne s’aggrave davantage si aucune mesure n’est prise.
Auteur: Aminata SARR

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