Le ministre des Finances Cheikh Diba a publié le rapport d’exécution budgétaire du premier trimestre 2025. Une publication qui a fait réagir l’ancien ministre Pape Malick Ndour, dans une analyse sans concession intitulée “Rapport d’exécution budgétaire : gap de recettes, zones d’ombre, dépenses de confort et investissements oubliés”.
Selon Pape Malick Ndour, “près de 40 milliards de francs CFA de recettes manquent à l’appel au cours des trois premiers mois de l’année” (tableau 1, page 5). Il rappelle que les autorités avaient promis un budget sincère, aligné sur les réalités économiques. Mais face à cet écart entre prévisions et réalisations, il s’interroge : “Les prévisions budgétaires étaient-elles fiables ? Si oui, où sont passés nos 40 milliards ?”
Autre point d’alerte : la faiblesse des investissements publics. “Alors que les investissements exécutés par l’État plafonnent à 2,64 milliards F CFA et que les transferts en capital chutent de 42,2 milliards en glissement annuel, les dépenses de fonctionnement explosent : 84,65 milliards pour l’achat de biens et services et 463,93 milliards pour les transferts courants”.
Pour l’ancien ministre, le prétexte des lenteurs administratives ne tient pas : “Lorsqu’il s’agit de payer, acheter ou entretenir l’appareil bureaucratique, les procédures ne semblent pas bloquées. Mais dès qu’il s’agit d’investir pour le bien-être des populations, il faut l’approbation préalable de la primature.”
Il dénonce un “budget de confort, pas de rupture” : “On entretient le quotidien des nouveaux élus en oubliant de s’occuper de la précarité et des urgences des populations. […] Le train de vie de l’État explose au détriment des investissements structurants.”
Un exemple qu’il juge “frappant” : “Les véhicules achetés pour les 165 députés à environ 8 milliards F CFA, soit près de quatre fois supérieurs à l’ensemble des investissements exécutés par l’État au premier trimestre 2025.”
Dans son analyse du rapport 2024 de la Cour des comptes, Pape Malick Ndour pointe un flou autour de 131 milliards de recettes recouvrées en 2024 mais comptabilisées en 2023 (tableau page 11) : “Logiquement, on aurait dû voir une hausse équivalente dans les recettes. Mais seuls 87,9 milliards supplémentaires apparaissent. Alors, qu’en est-il réellement ? Le gouvernement a-t-il intégré les 131 milliards en totalité ?”
Deux hypothèses, selon lui : “Si oui, cela signifie qu’il y a un gap de 43,1 milliards par rapport aux recettes prévues. Sinon, cela suppose que les chiffres de la cour ont été modifiés ou revus à la baisse.”
Dans tous les cas, “le gouvernement nous doit des explications”.
Enfin, Pape Malick s’étonne d’un écart de 90 milliards entre les dons prévus dans la loi de finances rectificative votée le 24 décembre 2024 (65,2 milliards) et les 155,3 milliards finalement reçus au 31 décembre. “Difficile de croire que cet argent soit arrivé par surprise en toute fin d’année, vu la complexité des procédures”.
Il envisage trois scénarios possibles : “L’État était informé, mais ne l’a pas intégré à la LFR. Ce serait grave.” “Il s’agit d’un versement exceptionnel de dernière minute, qu’il faut alors justifier clairement.” “Ou bien ce sont des dons cachés par l’ancien régime, non révélés par la Cour des comptes.”
“Dans tous les cas, le gouvernement est interpellé…”
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