«Amy, Amy, tu diras à mes parents qu’ils m’ont laissée à moi-même.» Les larmes perlent sur son visage. Le gendarme la bouscule. Elle essaie de résister, avec ses mains menottées. En vain. Fatou Sy vient d’être condamnée à trois ans d’emprisonnement ferme, pour vol en réunion et association de malfaiteurs. Un verdict qui est tombé comme un couperet, tant elle a estimé s’être bien défendue à la barre, tout en se confondant dans ses déclarations.
Malick Thiombane et Mandiéry Ndiaye croulent, eux aussi, sous le poids de la même peine. Leur deux autres compagnons à la barre, Babolé Camara et Ahmet Sall sont relaxés. Le dernier nommé était poursuivi pour recel et le premier pour les mêmes faits que les trois premiers hommes qui ont été condamnés.
Si à la cour comme à la police, les deux prévenus qui ont été relaxés ont tenu le même langage, les autres ont tergiversé, essayant chacun de sauver sa peau, quitte à enfoncer son “compagnon“. D’abord, ils nient tous à la barre avoir agressé la dame Fatou Sarr en lui arrachant son sac et donné un coup de couteau à Mody Niang, un vieux gardien venu au secours alerté par les cris. C’est négatif, cela ne saurait être leur œuvre, surtout qu’ils n’étaient même pas là-bas.
Seulement tout bascule, lorsque Fatou Sy (20 ans) avec son physique d’homme déclare que c’est Malick Thiombane (22 ans) et ses amis dont un nommé Souma (il a pris la fuite) qui ont commis le forfait. Et, que c’est ce Souma qui a poignardé le gardien. Malick Thiombane sursaute et essaie de l’arrêter. «Laisse-moi, je dis juste la vérité», se défend Fatou Sy, lorsque la parole est donnée à M. Thiombane. En effet, ce jour, ils étaient tous allés voir un combat de lutte au stade Iba Mar Diop. «A la fin du combat, je suis directement rentré chez moi. Je ne suis pas resté dans les parages», soutient Thiombane.
Pourtant, ses “amis“ affirment le contraire. Ils déclarent ne pas l’avoir vu par la suite et que «Mandiéry et moi sommes partis. C’est en route qu’on a entendu des gens crier au voleur et, on a couru comme tout le monde. Les gens sont venus nous prendre quand nous sommes entrés dans une maison», explique Fatou Sy. Elle va, quelques minutes après, annoncer qu’elle savait que Malick Thiombane allait commettre un forfait et qu’elle l’avait dit à Mandiéry. Avant d’affirmer que c’est elle qui avait le couteau et la bombe, mais qu’elle les a remis à Malick Thiombane.
Alors, tout est confus devant la cour. Le procureur, dans son réquisitoire, les déclare tous coupables et demande à ce qu’ils soient condamnés à deux ans d’emprisonnement ferme. Et pour Ahmet Sall, six mois ferme car c’est lui qui a récupéré les objets volés pour les revendre. Même si ce dernier nie les faits qui lui sont reprochés. Il admet avoir, une fois, acheté, un portable à Malick Thiombane, mais que c’était la première et la dernière fois. «D’ailleurs, cela fait au mois six mois (que) je ne l’ai pas vu», note Ahmet Sall.
Les avocats de la défense vont tous plaider la relaxe de leur client. C’est le cas de celui de Ahmet Sall, Mandiéry Ndiaye et de Babolé Camara. Malick Thiombane et Fatou Sy n’ont pas eu, malheureusement, cette chance. Pour Me Ndiogou Ndiaye défendant les intérêts de Ahmet Sall, son «client apparaît comme un cheveu dans la soupe. Dans cette affaire, la police s’est trompée. Ce n’est pas parce qu’il a acheté un portable à Malick Thiombane qu’il est coupable de recel». Ce d’autant que dans les faits qui font l’objet de jugement, il n’a aucunement été cité. L’avocat de Babolé Camara va aussi prêcher dans le même sens. «Ce sont les prévenus qui ont mis hors de cause mon client. Il a nié devant les policiers, à la barre aussi et il n’y a aucun élément de preuve de sa culpabilité.» C’est pourquoi Me Ndiaye a demandé la relaxe. Et le tribunal a accédé à sa requête.
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