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YOUSSOU NDOUR À CŒUR OUVERT « LE FESMAN PEUT SE TENIR A DATE ECHUE SI… »

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YOUSSOU NDOUR À CŒUR OUVERT « LE FESMAN PEUT SE TENIR A DATE ECHUE SI… »

Son engagement au service des grandes causes n’est plus à démontrer. D’ailleurs, le leader du Super Etoile n’en fera jamais assez. Ses combats contre le chômage, les conditions des enfants, ou encore sa médiation dans les négociations entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants, ne le contentent toujours pas. Dans la foulée, Youssou Ndour, fait sienne la lutte contre le paludisme. Décidée à faire disparaître de la planète cette pandémie, la voix d’or ne ménage aucun effort. Tout sourire et pas blasé pour un sou, il se projette, dans ce tête-à-tête, dans le futur. Non sans donner son avis sur certains points de l’actualité comme l’organisation du Fesman. Sans détour...  

Vous allez organiser une journée de sensibilisation et un grand concert ce samedi, dans le cadre de la lutte contre le paludisme. Qu’est-ce qui a motivé cet engagement ?

Depuis 2004, je suis impliqué dans la lutte contre cette maladie. Quand j’ai été sollicité par des techniciens qui œuvrent dans cette lutte, je n’ai pas pu m’empêcher d’adhérer à leur cause. J’ai été surtout touché par le nombre important de personnes qui décèdent du paludisme. J’ai aussi remarqué qu’il n’y avait pas assez de sensibilisation par rapport à cette maladie et que les gens qui en sont atteints la négligent le plus souvent. C’est pour cela que j’ai décidé à m’investir à travers la Fondation Youssou Ndour. Nous avons commencé par initier un festival «Africa Live», auquel 20 chanteurs Africains ont participé. A l’issue de l’événement, ils avaient comme mission de sensibiliser, à leur tour, leurs compatriotes. Le deuxième acte a été de me rendre au sommet du G8, en compagnie de mes amis Bono et Bogeldof. Nous avons réussi à convaincre beaucoup de chefs d’État, dont George Bush à l’époque, d’augmenter l’enveloppe destinée à la lutte contre le paludisme. Ce qui a été accepté par les Etats-Unis et d’autres pays. Aujourd’hui, on se rend compte que même si les ressources sont là, la maladie continue de faire des ravages. On dirait que la manière utilisée pour la lutte était dépassée. Il fallait donc innover. Et, c’est à partir de là, que nous avons mis sur pied «Surround», une petite organisation qui met en contribution toutes les bonnes volontés. Que ce soit les associations, les personnes ressources, les structures. Nous avons donc essayé de nous regrouper pour essayer de faire beaucoup plus de bruit, afin d’accélérer les choses. Même si, quelque part, le taux de mortalité a baissé au Sénégal et dans certains pays, il y a tout de même d’autres pays qui traînent encore les pieds parce qu’ils n’ont pas la stratégie qu’il faut. C’est pourquoi, avec une organisation américaine indépendante, «Malaria no more», dont je suis membre du Conseil d’administration, nous allons appuyer la campagne nationale dirigée par le ministère de la Santé qui distribue plus de deux millions de moustiquaires imprégnées et forme des agents qui vont aller sur le terrain pour rencontrer les populations, afin de leur fournir des médicaments en prévention contre le paludisme. En marge de cette campagne qui débute demain, dans la banlieue, nous allons étaler notre programme sur deux ans. Il n’y aura pas seulement des concerts, mais également de la sensibilisation.

Pourquoi votre choix s’est porté sur la banlieue ?

Nous avons choisi la banlieue parce qu’elle est exposée à beaucoup de fléaux. Nous sommes à l’approche de l’hivernage et personne n’ignore les difficultés auxquelles font face les populations, à savoir les inondations et les eaux usées. Ce qui amène les nids de moustiques et, par conséquent, un risque pour les habitants d’attraper la maladie. La banlieue est donc l’endroit idéal pour une bonne sensibilisation. Donc, nous allons organiser des caravanes toute la journée, à Pikine et Guédiawaye, pour parler aux populations. Ensuite, il y aura un concert le soir.

Ne pensez-vous qu’il faut d’abord s’attaquer au nerf de la guerre, à savoir les inondations ?

J’ai récemment rencontré le président du Conseil régional de Dakar et je pense qu’ils se sont inscrits dans la logique de prévenir les inondations. Nous avons également prévu de rencontrer demain, en passant, les maires afin de les exhorter à prendre leur responsabilité face aux problèmes de la banlieue.

Justement, à propos de la gestion de ces inondations, il y a une grosse polémique entre l’Etat et les collectivités locales …

Un pays organisé est défini par un organigramme bien précis. Il y a des lois très claires sur les compétences d’une mairie ou du gouvernement. Maintenant, je suis d’avis qu’il faut tout juste les appliquer.

Lors du dernier conseil présidentiel sur le Fesman, il a été fait cas d’une divergence entre vous, le Président et votre ami Thione Seck. Qu’en est-il réellement ?

Il n’y a pas eu de problèmes. C’est juste une question d’interprétation. En tout cas, entre Thione et moi, il n’y a pas eu de divergences, de même qu’avec le Président. C’était une histoire d’hymne et de chanson. Les organisateurs nous avaient demandé de composer l’hymne du Fesman.  Comme ils l’ont appelé ainsi, moi aussi j’ai utilisé la même dénomination. Toutefois, cela n’agréait pas trop le Président qui ne s’est pas gêné de le dire et je pense qu’il en a parfaitement le droit.

Est-ce à dire que le Président a été mal informé ?

Je ne saurai vous le dire. Tout ce que je peux dire, c’est que cette idée d’hymne est venue de Mame Birame Diouf et Alioune Badara Bèye. Donc, s’il y a quelqu’un que l’on a contredit, ce n’est certainement pas nous, mais eux. Bref, je dirais qu’on s’est finalement compris, d’autant plus que le Fesman est une occasion, pour nous artistes, d’unir nos forces, afin que la manifestation soit une réussite. Aussi bien sur l’organisation que sur le pari de la mobilisation. 

De nombreux acteurs culturels sont d’avis qu’il faut reporter la manifestation. Qu’en pensez-vous ?

La manifestation peut, bel et bien, se faire à date échue dans la mesure où l’on privilégie le professionnalisme. Que l’on mette les bonnes personnes là où il faut. Et que si l’on confie un travail à quelqu’un, qu’il soit en mesure de le faire parfaitement. Ensuite, que les choses soient faites de manière rationnelle. Sinon, nous risquons de nous retrouver dans une réelle cacophonie. Le Fesman, ce n’est pas seulement la musique. Il y a le cinéma, les sculptures, l’histoire, etc. C’est tout un ensemble et on ne pourra s’en sortir qu’en dosant les choses.

Toujours dans le cadre du Fesman, vous aviez projeté d’enregistrer un disque en hommage à Bob Marley et Lucky Dube. Où en êtes-vous ?

On avance très bien. C’est un très bon projet et surtout une belle expérience musicale. Je vais en profiter pour découvrir d’autres sonorités qui, en réalité, viennent de chez nous. Quand on écoute la musique Cubaine ou le Reggae, on sent nettement qu’ils font partie de notre culture. Ce sera donc un grand moment et également un grand honneur pour moi de rendre un hommage à ces grands messieurs de la diaspora noire que sont Bob Marley et Lucky Dube. 

Parmi vos projets, il y a également la télévision qui suscite beaucoup d’impatience. Peut-on avoir une idée de la date à laquelle vous allez commencer à émettre ?

Nous avançons dans les délais requis. Je ne peux pas vous dire, cependant, des dates précises. Mais, nous sommes en phase de test et nous voulons surtout le meilleur, une télé assez professionnelle. C’est un honneur pour tous les travailleurs de Futurs Médias et de «Youssou Ndour Head Office» que les gens s’intéressent autant à la télé. C’est très encourageant.

La pression ne vous pèse pas ?

Je connais la pression depuis l’âge de 13 ans. Raison pour laquelle, je veux bien faire les choses. Cela prendra le temps qu’il faudra.

Et qui en sera le Directeur ?

Nous allons fonctionner en comité sur une période de six mois et je serai à la tête de ce comité. Je vais conduire tout ce qui concerne la technique, l’administration, les programmes. Au bout des six mois, je vais me retirer pour laisser la direction à un membre de ce comité-là. Ce sera, après avoir mesuré les compétences de tout un chacun. Mais, encore une fois, une bonne télé n’est pas seulement du ressort du directeur, c’est toute l’équipe qui compte.    

Vous étiez au cœur des négociations entre l’Etat et les syndicats d’enseignants. Aujourd’hui, l’année scolaire a été sauvée de justesse, quel est votre sentiment ?

Je m’en félicite beaucoup. J’ai même eu à sortir un communiqué allant dans ce sens. Plusieurs personnes se sont impliquées dans ce combat pour sauver l’année scolaire. Et cela a pu se réaliser. Lors de mon intervention, j’avais précisé que mon combat s’inscrivait dans le long terme. Les divergences entre l’Etat et les enseignants, c’est à chaque fois du déjà-vu. Donc, c’est à nous de jouer le troisième rôle. J’exhorte aussi l’Etat à continuer dans le sens de l’apaisement. J’irai même jusqu’à demander au Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye de toujours mettre en avant un dialogue franc, c’est-à-dire de tenir ses promesses, s’il n’est pas en mesure de faire face, de mettre carte sur table avec ses interlocuteurs. Cela ne fera qu’augmenter sa grandeur.

Comment appréciez-vous le travail de l’actuel Premier ministre depuis sa nomination ?

J’apprécie bien son style, maintenant j’espère que la politique ne va pas le changer. Pour ce qui est de son travail, je ne commente pas.

L’actualité, c’est aussi l’appel au dialogue lancé par le chef de l’Etat à l’opposition. Quelle lecture en faites-vous ?

C’est un débat qui va même au-delà des hommes politiques. On ne peut pas nier que dans ce pays, il y a d’autres forces qui ne sont pas politiques et qui essayent de tempérer. C’est la société civile, les artistes comme moi, des sportifs, des chefs religieux... D’ailleurs, le Président n’a pas manqué de faire appel à eux. Maintenant, on va avoir où cela va nous mener. C’est bien, mais il faut un dialogue franc et des objectifs clairs. Aujourd’hui, le débat se situe là.

Cela dit, envisagez-vous de faire, un jour, le saut dans la politique ?

Je ne compte pas faire de la politique. Je pense tout de même que j’ai des choses à dire là-dessus. Le Sénégal est une grande démocratie. Mais, il gagnerait un peu plus à ce que cette démocratie soit davantage consolidée. C’est cela mon problème et celui de beaucoup de Sénégalais qui, pourtant, sont des patriotes prêts à tout pour leur pays. Pourtant, ils ne se voient pas toujours dans la politique. C’est une frustration qui va à

Nous nous approchons des grandes vacances, qu’avez-vous prévu pour votre public ?

Nous avons des concerts en Europe. Nous allons également participer au grand festival d’Algérie en début Juillet. Et comme cela fait deux ans que nous n’avons pas joué au Thiossane, nous souhaitons le rouvrir au mois d’Août.

Youssou Ndour n’est plus tout jeune. N’avez-vous pas peur de la vieillesse ?

Du tout. La vieillesse, c’est de la beauté. Quand on prend de l’âge et que l’on évolue en regardant sa famille, c’est quelque chose de formidable. Je le vis très bien, je me sens bien dans ma peau.

Vous êtes riche, la crise qui touche actuellement le commun des Sénégalais ne doit pas être une préoccupation pour vous ?

Tout dépend de ce que l’on appelle riche. Aujourd’hui, tout de que j’ai, je l’ai gagné à la sueur de mon front. J’ai pu réaliser des choses pour mes enfants et organiser ma vie, jusqu’à la fin de mes jours, grâce à Dieu. Vu sous cet angle, je peux me considérer comme riche. Mais, dans un certain sens, la crise touche tout le monde. Nos prestations ont diminué, donc on gagne moins. Nous avons tous des charges et des préoccupations quotidiennes et nous vivons tous des moments qui ne laissent personne indifférent.

Le fils du Président vous a récemment rendu visite. Quelle a été votre impression après votre entrevue ?

J’ai retrouvé un Karim, avec qui j’échangeais très souvent. Récemment, il a été mis sur orbite, diabolisé. Et il était méconnaissable. Mais, comme je le lui ai signifié, je l’encourage à rester comme je l’ai vu lors de sa visite. Je me dis, peut-être, qu’il était mal entouré.

Comment analysez-vous son ambition d’accéder au sommet de l’État ?

Chacun a le droit d’avoir des ambitions. Il est chez lui, au Sénégal. Je ne m’épancherai pas là-dessus. Il avait changé, il disait du n’importe quoi. Mais, lorsque je l’ai revu, j’ai retrouvé celui qu’il était. L’homme est le remède de l’homme, et c’est très important qu’il soit proche des Sénégalais. Ceux qui lui conseillent de s’isoler ne l’aiment pas. Il faut qu’il vive les choses comme tout le monde.

N’avez-vous pas peur de le côtoyer, étant donné qu’il inspire une certaine antipathie aux Sénégalais ?

Je ne côtoie personne. Je reçois tout le monde. D’ailleurs, je viens de recevoir le Président du Conseil régional qui est de l’opposition. Malheureusement, on ne verra pas cela dans la presse. C’est juste pour vous dire que c’est toujours un problème d’interprétation. Sinon, je rencontre tout le monde. 



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