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Coronavirus : pourquoi la situation au Brésil est-elle si inquiétante ?

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Coronavirus : pourquoi la situation au Brésil est-elle si inquiétante ?
Le pays est devenu ces derniers jours l'un des principaux foyers mondiaux de la pandémie de Covid-19. Toutefois, le président Jair Bolsonaro continue de minimiser la gravité de la situation.

Avec plus de 250 000 personnes infectées, le Brésil est devenu, lundi 18 mai, le troisième pays le plus touché en termes de contaminations au coronavirus. Mardi, le ministère de la Santé a comptabilisé, pour la première fois, plus de 1 000 décès quotidiens liés au Covid-19, portant le bilan total à près de 18 000 morts. Des chiffres qui font du Brésil le pays d'Amérique latine le plus durement frappé par l'épidémie.

Pourtant, son président, Jair Bolsonaro, continue de fustiger les mesures de confinement pour contrer la propagation d'un virus qu'il a longtemps qualifié de "petite grippe". Face à sa gestion de la crise, les contestations à son égard se multiplient et les démissions au sein du gouvernement se succèdent. Franceinfo vous explique pourquoi la situation sanitaire et politique est préoccupante.

Parce que le bilan de l'épidémie s'alourdit rapidement

Le Brésil ne cesse d'enregistrer de tristes records dans la progression de l'épidémie. Lundi, le pays enregistrait 13 140 nouveaux cas en 24 heures. En trois jours seulement, il a ainsi dépassé la France, l'Italie et l'Espagne, bondissant du sixième au troisième rang en termes de contaminations, derrière les Etats-Unis et la Russie.

Dans ce pays de 210 millions d'habitants, le virus a fait 17 971 morts, selon des données publiées mardi. Le Brésil concentre ainsi plus de la moitié des plus de 30 000 décès enregistrés en Amérique latine et dans les Caraïbes, selon un comptage de l'AFP publié mardi.

Mais ces données seraient largement sous-estimées. Faute de tests dans le pays, les chiffres réels pourraient être de l'ordre de 15 fois supérieurs, estime un collectif de chercheurs qui opère une surveillance quotidienne de l'épidémie au Brésil. "Avec cette énorme sous-déclaration, nous ne voyons que la pointe de l'iceberg", alerte Domingos Alves, chercheur et membre du collectif, auprès de la Fondation de recherche de Sao Paulo (en portugais).

Parce que les services de santé sont débordés

Face à la flambée de l'épidémie, plusieurs gouverneurs et maires ont alerté sur un système de santé publique au bord de l'asphyxie, alors que le pays n'a pas encore franchi le pic de l'épidémie. C'est particulièrement le cas dans les Etats du Sud-Est, du Nord et du Nord-Est.

A la mi-avril, les hôpitaux de Sao Paulo et Rio de Janeiro, dans le Sud-Est, étaient déjà au bord de la saturation. Au moins cinq hôpitaux de Sao Paulo avaient alors leurs lits de soins intensifs occupés à 70% par des patients atteints de Covid-19.

La tension dans les hôpitaux est particulièrement alarmante dans l'Etat d'Amazonas (Nord), l'un des plus touchés par la pandémie. Treizième Etat le plus peuplé du Brésil, avec environ quatre millions d'habitants, Amazonas est le cinquième en termes de morts du coronavirus, rapporte l'AFP. "La situation frise la barbarie. Les hôpitaux se sont effondrés. Nous avons demandé des médecins, des respirateurs pour augmenter les unités de soins intensifs disponibles, des médicaments, mais jusqu'à présent nous n'avons eu aucune réponse", s'alarme le maire de Manaus, capitale de l'Etat, auprès du Journal du dimanche (article payant).

Parce que le président ne cesse de minimiser l'épidémie

Un "petit rhume" ou encore "une hystérie". Ces derniers mois, le président du Brésil, Jair Bolsonaro, a maintes fois minoré la pandémie de coronavirus. "Ce n'est pas une petite grippe qui va m'abattre", fanfaronnait même le dirigeant d'extrême droite à la mi-mars.

Alors que plusieurs maires et gouverneurs ont mis en place des mesures de confinement, Jair Bolsonaro s'y oppose fermement et prône la réouverture généralisée du pays, au nom de la santé économique du pays. "Le chômage, la faim et la misère seront l'avenir de ceux qui soutiennent la tyrannie de l'isolement total", s'est-il exclamé dans un tweet, samedi.

Le chef de l'Etat n'est pas non plus un exemple en matière de respect des gestes barrières. Dimanche, il a salué ses partisans massés devant le siège de la présidence, défiant les règles de distanciation physique.

Conséquence de cette cacophonie, le respect des mesures de confinement et de distanciation est en baisse, rapporte le correspondant de Libération. La situation est d'autant plus préoccupante que le Brésil est un pays "aux dimensions continentales, avec des populations très vulnérables, comme les habitants des favelas ou les indigènes. Sans compter une faible adhésion aux mesures de confinement", alerte le chercheur Domingos Alves, à l'AFP.Des manifestations contre le confinement ont éclaté dans plusieurs villes, et sont même encouragées par le président.

Parce que les départs s'enchaînent au ministère de la Santé

Les prises de position du chef de l'Etat exaspèrent une partie du gouvernement. Si bien que Nelson Teich, "bolsonariste" de la première heure, a claqué la porte du ministère de la Santé, le 15 mai, après seulement 28 jours en poste. Oncologue respecté, Nelson Teich a notamment refusé de suivre le dirigeant d’extrême droite sur le recours à l'hydroxychloroquine.

Cette molécule est administrée au Brésil dans les cas les plus graves. Fervent défenseur de cet antipaludéen, Jair Bolsonaro entend bien étendre son utilisation. Une proposition à laquelle s'opposait Nelson Teich, compte tenu de l'absence d'étude scientifique irréfutable sur son efficacité. Après la démission de son ministre de la Santé, le président a annoncé que le pays signerait, mercredi, un protocole visant à élargir l'usage de la chloroquine aux cas légers de Covid-19.

Le départ de Nelson Teich du ministère de la Santé est le deuxième depuis le début de l'épidémie au Brésil. Son prédécesseur, le populaire Luiz Henrique Mandetta, également médecin, avait été limogé le 16 avril, à la suite d'une succession de divergences de fond avec le président, notamment sur le confinement.

Pour l'heure, en pleine phase aiguë de la pandémie, le ministère de la Santé reste vacant depuis la démission de Nelson Teich. Le président a indiqué, mardi, qu'il prolongeait l'intérim du général Eduardo Pazuello.

Parce qu'une crise politique s'installe

Une partie de l'opinion s'indigne de la gestion de la crise du président. Dans plusieurs villes, des habitants s'écrient "Dehors Bolsonaro", sur fond de concert de casseroles. Le nombre de Brésiliens qui désapprouvent la façon dont Jair Bolsonaro dirige le pays a fortement augmenté ces derniers mois, s'élevant à 55,4%, contre 47% en janvier, selon un sondage publié mardi, rapporte l'AFP.

Outre l'épidémie de coronavirus, Jair Bolsonaro est empêtré dans une crise politique, après que son ex-ministre de la Justice, Sergio Moro, a démissionné avec fracas, le 24 avril, en l'accusant de vouloir interférer dans des enquêtes policières concernant ses proches. Des déclarations qui ont conduit la Cour suprême à ouvrir une enquête et qui laissent planer la menace d'une procédure de destitution à l'encontre du dirigeant.


Dans ce climat de tension politique, certains de ses partisans ont réclamé une reprise en main militaire et la fermeture du Parlement. Six ex-ministres brésiliens de la Défense ont exhorté les forces armées à condamner ces appels à l'intervention militaire. "Tout appel et toute sollicitation aux institutions armées en vue d'une rupture de la légalité démocratique [...] méritent la condamnation la plus véhémente", alertent-ils dans un texte.


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