Les préfets de France, qui ne semblent pas être dans le tempo en matière d’expulsion de sans papiers, ont eu droit, hier, à une remontrance du ministre de l’Immigration, Brice Hortefeux. Il leur a intimé l’ordre de prendre des dispositions, afin que la barre des expulsions fixée à 25 000 puisse être atteinte le 31 décembre prochain.
Les sans papiers de France ont la peur au ventre. En effet, le ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du co-développement, a réuni hier une vingtaine de préfets pour leur intimer l’ordre d’expulser davantage d’étrangers en situation irrégulière sur le territoire français. Ces préfets dont la liste n’a pas été rendu publique sont reprochés de ne pas atteindre le quota de reconduites à la frontière qui leur avait été fixé. Le message est donc clair : faire du chiffre et atteindre la barre des 25 000 expulsions stipulées dans la feuille de mission du président Sarkozy. A cette occasion, Brice Hortefeux a ainsi mis les points sur les «i», pour que ces préfets «radins» renvoient chez eux les clandestins de leur département.
Mais, au ministère de l’Immigration, on insiste que l’ordre jour de cette réunion restreinte n’est pas celui avancé par la presse. Selon l’entourage de l’ami de trente ans de Sarkozy, il s’agit d’une «simple réunion de travail et de mobilisation» avec «des préfets dont les résultats doivent être améliorés en terme de reconduites à la frontière». Qu’à cela ne tienne, le cabinet du ministre avait, en tous cas, prévenu, dès hier matin, que la réunion serait fermée à la presse et ne donnerait lieu à aucune communication.
A mesure qu’on approche de la fin de l’année, le ministre sent la pression monter sui lui. Car, Sarkozy tient dur comme fer à ce que sa feuille de mission soit respectée. Selon le magazine Le Point, Brice Hortefeux se serait fait sermonner par le chef de l’Etat, lors d’une réunion le 20 août. «Je veux du chiffre ! C’est un engagement de campagne. Les Français m’attendent là-dessus. Je veux que l’on mobilise pour être plus efficace», aurait dit Sarkozy à l’endroit de son ministre de l’Immigration. Dans les colonnes du numéro du 22 août Canard Enchaîné, il est fait état d’une confidence que le Premier ministre, François Fillon, aurait faite à ses proches. Selon ce dernier, Sarkozy aurait tenu, entre autres, le propos suivant à M. Hortefeux : «Rien n’a été fait depuis 3 mois en matière de lutte contre l’immigration irrégulière. Ce n’est pas parce que tu es mon ami que tu ne dois tenir tes objectifs.» Mais, Hortefeux reste sceptique. En effet, à la même date, il avait admis qu’avec 11 000 éloignements d’étrangers sans papiers dans leur pays d’origine, à la fin juillet, l’objectif de 25 000 expulsions fixé pour 2007, par Nicolas Sarkozy, serait difficile à atteindre. Même s’il a affirmé mardi matin, sur Lci, que le quota de vingt-cinq mille «sera atteint».
Les injonctions d’Hortefeux aux préfets ont, en tous cas, une nouvelle fois semé la zizanie et l’inquiétude chez les associations et les sans papiers. Le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) a exprimé dans un communiqué «une vigoureuse protestation devant la poursuite obsessionnelle du gouvernement à maintenir un harcèlement d’Etat» sur les sans papiers.
Le président du Collectif des sans papiers du 19e arrondissemnt, Mady Gassama, a, quant à lui, estimé que «le gouvernement veut prendre les sans papiers pour des boucliers humains de sa politique».
En tous cas, dans l’optique du débat sur la nouvelle loi de l’immigration à l’Assemblée nationale, qui a lieu mardi prochain, Brice Hortefeux a déjà annoncé la couleur. Il a, cependant, du pain sur la planche, car on estime officiellement entre 200 et 400.000 étrangers en situation irrégulière en France.
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