Ce n'est pas moins de 540 millions de dollars qui auraient été dépensés par le Pentagone pour réaliser de fausses vidéos de propagande selon un collectif de journalistes d'investigations britannique. Et cette guerre de communication ne visait pas n'importe quelle organisation terroriste mais bien la nébuleuse Al-Qaïda, principal ennemi des Etats-Unis suite aux attentats du 11 septembre 2011.
D'après l'enquête l'ONG Bureau of Investigative Journalism (BIJ), les Etats-Unis auraient fait appel à la société britannique de communication Bell Pottinger - installée en Irak dès 2004 - pour produire des contenus de propagande pour un montant total d'un demi milliard de dollars, comme l'explique l'édition française de Mashable, hébergé par France 24.
Un ancien salarié de l’entreprise, Martin Wells, a révélé aux journalistes que l'entreprise, en plus de réaliser des clips publicitaires anti-Al-Qaïda, proposaient des reportages vidéos qui ont été produits et montés de manière à faire croire qu’il s’agissait "de productions de télévisions arabes". Toutefois, en omettant de préciser que ceux-ci était commandés et en partie réalisés par l'armée américaine.
Mais la partie la plus importante de l'enquête révèle que Bell Pottinger employait la bagatelle de 300 personnes, essentiellement des Irakiens et des Britanniques, pour réaliser des fausses vidéos de propagande du groupe djihadiste Al-Qaïda. Le but était simple: repérer des recrues potentielles de l'organisation. Ces vidéos étaient gravées sur des CD, eux-mêmes encodés de manière à profiter d’une faille dans le logiciel de lecture de vidéos Real Player, afin de permettre, lors du visionnage, à la CIA de localiser l’ordinateur grâce à son adresse IP.
Ces fausses vidéos étaient sciemment abandonnées lors de perquisitions de maison irakiennes par les GI, voire sur des lieux de combats. Martin Wells explique que certains de ces CDs se sont retrouvés en Iran, en Syrie et même aux États-Unis. Il s’agissait-là, selon lui des cas les plus recherchés, "car si, au bout de 48 heures, ou d’une semaine, un CD était visionné dans un autre coin de la planète, alors là cela devient plus intéressant (…), car cela vous offrait une piste". Bell Pottinger rendait compte de tous ces visionnements au Pentagone et à la CIA.
Les journalistes du BIJ souligne que cette stratégie présentait des aspects particulièrement dangereux, voir contreproductifs. En effet, les experts de la mouvance djihadiste soulignent que le processus de radicalisation individuel est souvent le fait du visionnage de vidéo de propagande...
Le Pentagone a confirmé avoir eu recours aux services de la société Bell Pottinger durant cette période en Irak sans toutefois confirmé les allégations du BIJ.
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Anonyme
En Octobre, 2016 (08:32 AM)Participer à la Discussion