NOMINATION DU PROCHAIN GOUVERNEUR DE LA BCEAO : Fortes manoeuvres et jeu de miroir autour du fauteuil de Banny

C’est aujourd’hui que seront déjoués ou confirmés tous les pronostics sur la nomination du gouverneur de la Bceao. Charles Konan Banny, le titulaire sortant du poste, bénéficiaire d’une prolongation de trois mois de son mandat, aussitôt confié au Burkinabé, le vice gouverneur Damo Justin Barro, a fort à faire à Abidjan où, depuis début décembre, il est Premier ministre du gouvernement de transition. Dans ces conditions qui pour diriger la Banque des banques des huit Etats membres de l’Union économique et monétaire ?
Un Ivoirien comme Paul Antoine Bohoun Bouabré, Dacoury-Tabley ou encore Bro Grebe (Voir notre édition de jeudi) ? S’il est peu probable que M. Banny puisse être candidat à un autre mandat après quinze ans passés à la tête de la Bceao, il y a de fortes chances que la Côte d’Ivoire tienne à ce qu’un de ses ressortissants demeure à la tête de cette institution. Ce que les autres Etats n’entendent pas de cette oreille, mettant en avant la nécessité d’une rotation, battant aussi en brèche ce qui ressemblait jusque-là à un gentleman agreement entre les pays membres qui voulait que le gouverneur soit un ressortissant du pays d’Houphouët. Ali Gamatié du Niger est déclaré candidat depuis longtemps et mène une discrète mais tenace campagne dans les coulisses autour de sa candidature. Selon une source proche du dossier, Charles Konan Banny aurait, à l’occasion d’une tournée dans les capitales des pays membres qui l’a mené ce week-end à Dakar, plaidé, contre toute attente, pour la candidature (jusque-là non déclarée) de M. Damo Justin Baro qui lui semble plus convenable que le Nigérien Ali Gamatié, présenté comme un partisan d’une réforme en profondeur de la maison, synonyme par la même occasion d’un décapage des carreaux qui pourrait révéler bien des secrets. Un document explosif qui mettrait à jour certaines pratiques en cours dans l’immeuble de « verre » de l’avenue Fadiga serait, à la veille du sommet de Niamey, sur la table des chefs d’Etat de l’Uemoa. Les candidats de même nationalité que lui étant réputés proches du Laurent Bagbo, l’on voit mal cependant comment le Premier ministre Banny pourrait miser sur une candidature autre qu’ivoirienne lors d’une désignation à laquelle le chef de l’Etat lui-même pourrait être présent avec ses pairs de la sous-région. Alors qui des différents candidats officieux et officiels (Bio-Tchané, Gamathié) et ceux de Côte d’Ivoire précités et du joker Baro, à condition qu’il en soit vraiment un, fera l’unanimité des chefs d’Etat autour de sa personne. Selon l’édition de Fraternité Matin de ce week-end, Charles Konan Banny qui s’est rendu à Ouaga a discuté avec Blaise Compaoré des conditions de l’arrêt du soutien à la rébellion mais qui sévit dans le Nord de la Côte d’Ivoire mais aussi du soutien à la candidature du gouverneur intérimaire Baro que « Ouga voudrait voir confirmer à son poste ». Côté sénégalais, l’une des rares sources à oser se prononcer sur la position de Dakar dans ce jeu de rôles prédit un alignement sur Abidjan, ce qui serait une « trahison », commente un analyste qui met en avant le « consensus » jusque-là obtenu sur la candidature nigérienne. Pour qui sait qu’un Etat n’a que des intérêts, doit s’attendre à tout en la matière. Ce 27 mars, Niamey captera, au moins pour une journée, tous les regards.