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Guissé PENE : « On ne peut pas être une société de gestion collective qui défend les intérêts de la musique et vouloir négocier ou discuter avec des gens considérés comme des pirates. »

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Guissé PENE : « On ne peut pas être une société de gestion collective qui défend les intérêts de la musique et vouloir négocier ou discuter avec des gens considérés comme des pirates. »

L’acteur culturel, Guissé PENE, se passe naturellement de présentation dans le milieu de la culture sénégalaise. Mr PENE est en effet le secrétaire général de l’Association des Métiers de la Musique (AMS), en plus d’être le vice président du FEMECS (Fédération des Métiers de la Culture), parolier, consultant et spécialiste dans l’environnement juridique de la musique. Dans cet entretien accordé à Dakar Musique, il se livre ouvertement sur des thèmes divers en rapports avec la musique et la culture au Sénégal.


c’est quoi le rôle de l’AMS dont vous êtes le secrétaire général et quelles sont ses réalisations ?  

L’AMS est née de mon propre idée, je vivais en France et je me suis rendu compte du dynamisme de la musique sénégalaise à l’extérieur. A mon retour, j’ai constaté que ce dynamisme était très contradictoire par rapport à l’organisation de la musique au Sénégal en ce sens que j’ai une certaine expérience avec les tournées des artistes sénégalais qui venaient, avec notamment le Baobab, Number One, Youssou Ndour, Xalam 2 etc. je me suis dit qu’il y a un problème. Et c’est quoi ? C’est le manque d’organisation de la musique sénégalaise. Il fallait nécessairement créer un cadre d’interlocution structurant qui va parler non seulement au nom des célébrités mais aussi de l’artiste qui se trouve dans le coin le plus reculé du Sénégal. C’est ainsi que j’ai réussi à convaincre des amis comme Biram Ndeck Ndiaye qui fut le premier à croire en moi et à mon idée, avec qui j’ai commencé les démarches. Ensuite nous sommes tombés sur  Djiby des frères Guissé, puis sur grand Ouza  et, de fil en aiguille, je suis allé voir également un ami, Aziz Dieng, qui était aussi un centre de regroupement des artistes. C’est nous qui avons formé cette association qui existe depuis le 15 Novembre 1999 et qui a fait beaucoup de chose dans la musique sénégalaise; de sorte que la musique soit reconnue et accompagnée aujourd’hui par des organisations. Nous avons été à l’origine de la loi sur les droits d’auteurs et des droits voisins; nous avons été non seulement les initiateurs mais aussi nous avons participé à sa rédaction. Ce qui fait que si le Sénégal peut se vanter d’avoir la meilleure loi sur les droits d’auteurs et des droits voisins c’est grâce à l’AMS. Nous travaillons aussi avec des organisations à savoir la banque mondiale, l’union européenne et d’autres organismes. L’AMS a aussi fait en sorte que le Sénégal soit élu à la F.I.M (Fédération Internationale de la Musique) qui regroupe plus de 70 pays avec une voix consultative.


qui peut être membre de l’AMS ?

L’AMS c’est tous ceux qui s’activent dans les métiers de la musique, qu’ils soient  artistes ou musiciens, manageurs ou producteurs, animateurs ou journalistes culturels etc. tous ceux qui s’activent dans les métiers de la culture ont droit à être membre de l’AMS.  


combien de membres comptent l’AMS ?

De manière officielle, à la vente des cartes, on avait vendu 3000 cartes environs. A un moment donné, il fallait arrêter une certaine hémorragie car la carte était utilisée à d’autres fins qu’à la croyance à l’AMS. C’est en cela que nous avons réfléchi sur le système et dire qu’on arrête cette hémorragie (les attestations de l’AMS) en essayant de voir quelle est la manière la plus efficiente pour faire adhérer les gens et leur faire croire en l’association. Mais ne pas uniquement adhérer pour avoir une très belle carte. Si on fait donc la somme de tout ce beau monde on est à plus de 13 000 membres ce qui est très important.


comment se porte la musique sénégalaise?

On ne peut pas dire que la musique sénégalaise en tant qu’aspect lucratif marche mais l’environnement  économique de la culture est aujourd’hui une activité dynamique. C’est vrai que beaucoup de problèmes sont liés à cet environnement juridique extrêmement faible qui ne permet pas une garantie de l’investissement de l’artiste; ce qui a fait fuir d’ailleurs beaucoup de producteurs  qui ont claqué la porte, et, aujourd’hui, je ne peux reconnaitre dans le domaine de la production qu’une seule structure au Sénégal qui est le Prince Art et qui a son propre catalogue. Donc toutes les autres productions sont des auto- productions d’artistes qui, avec des moyens de bords, réussissent à mettre en place leur album. Si la nouvelle loi sur les droits d’auteurs et des droits voisins était appliquée, cela permettrait à l’artiste de pouvoir gagner quelque chose. Mais dans l’état actuel des choses, la pire des catastrophes c’est cet aspect numérique où les œuvres sont utilisées et échangées sur le net au vu et au su de tout le monde sans pour autant qu’il y ait quelque chose qui puisse arrêter ce mal. Cette situation pose problème et nous sommes en train de travailler avec le ministère de la culture pour essayer d’avancer sur l’application immédiat de cette société de gestion collective et sur l’application de la nouvelle loi qui sera une bonne chose. Néanmoins, il faut reconnaitre que c’est extrêmement lent parce que nous avons pris 5 ans de retard avec le gouvernement du président Abdoulaye Wade.  La loi a été votée le 25 janvier 2008, et nous avons encore perdu un an avec le régime du président  Macky Sall sans pour autant que de réels actes ne soient posés.  


qu’est ce qui explique ces retards ?

Ce retard s’explique soit par un manque de volonté politique d’une politique culturelle ou bien à une méconnaissance de l’importance de cette loi.  L’industrie culturelle fait partie des industries les plus dynamiques au Sénégal au même titre que l’industrie de la pêche et de l’énergie. Et l’état a un rôle régalien, il n’a pas à aider mais à accompagner et à impulser des dynamiques pour toutes les couches et les secteurs de la société. Jusqu’à présent, l’état n’utilise la musique que de manière à assouvir une certaine joie, et ne comprend absolument pas les enjeux de cette industrie de la musique. C’est dommage et il est temps aujourd’hui que les acteurs culturels intègrent  les instances de décision où ils pourront mieux se faire entendre. Mais s’il faut aussi intégrer ces instances de décisions il ne faudrait pas que les choix se fassent à partir d’une  complaisance ou d’un copinage, nous savons tous qui est qui.   


puis-je comprendre par là que vous incitez les acteurs culturels à faire de la politique si on sait que  les politiques sont dans ces instances de décisions ?

Ils peuvent faire de la politique c’est une question de choix, mais qu’ils fassent une politique culturelle cohérente à la mesure de ce qu’apporte leur pays, c’est ce qui est le plus important. L’état a des secteurs où il faut des hommes politiques mais il a également des secteurs où il faut des hommes de métiers qui ont de la compétence, il faut arrêter l’hémorragie de la complaisance dans le milieu de la culture pour mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut.


que pensez-vous du fait que le BSDA veut impliquer les pirates à la vente des cd?

(Rires) je pense que c’est la reconnaissance de  l’activité illicite. La plus grande erreur du BSDA est de faire cette déclaration. On ne peut pas être une société de gestion collective qui défend les intérêts  de la musique et vouloir négocier ou discuter avec des gens considérés comme des pirates. C’est la plus grande catastrophe culturelle du siècle et cela veut tout simplement dire que le BSDA reconnait les pirates pour leur donner des conditions de vente.


que faudrait- il faire pour résoudre, pour de bon, le problème de la piraterie ?

Il n’y a aucun pays dans le monde où on peut éradiquer  la piraterie  mais on peut l’amoindrir de manière efficace. Comment ? D’abord nous avons une nouvelle loi sur les droits d’auteurs et des droits voisins qui est une loi très dissuasive et très contraignante à l’encontre des contrefaisants pour ne pas dire des pirates. Il suffit que l’application de cette loi soit effective pour régler beaucoup de problèmes.


pourquoi avez-vous contesté la nomination de Mounirou Sy à la tète du BSDA ?

Pour la simple raison que nous sommes régis par des lois, et la loi du BSDA stipule que : «  ne peut être un directeur du BSDA un Auteur,  un Compositeur, un Editeur etc. » c’est l’article 5 de la loi. Or il se trouve que  Mounirou Sy est auteur de deux ouvrages qui se vendent sur le net et qui sont préfacés par de grandes personnalités, ce qui fait qu’il est éliminé d’office pour être directeur du BSDA.


pour la fin !

Je me satisfais à chaque fois que je vois qu’on parle de la culture dans les médias. C’est une grande satisfaction parce que la culture n’a pas encore sa place. Si on comprenait tout ce que peut apporter la culture on lui donnerait la place qu’elle mérite.     


Par Abdoulaye Diaw, Dakar Musique



4 Commentaires

  1. Auteur

    Saturation

    En Mai, 2013 (14:45 PM)
    Ce type est trop bavard ces temps-ci !

    Que veut-il ?

     :down:  :down: 
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  2. Auteur

    Ki Nekhouma

    En Mai, 2013 (15:24 PM)
    Qui dafa beuri waxe trop ak gnawayam
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    Auteur

    Latyrthies

    En Mai, 2013 (17:37 PM)
    Voila le genre de langage a tenir
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    Auteur

    Sitteu

    En Mai, 2013 (03:00 AM)
    grand bi féne rék la meune ak lale thiagua xam nako bou bakh déy peudeule rék mé lékkoul nanoul bouy tite di fatou ak coyam bou ndaw
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