Lettre ouverte destinée à Monsieur le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

Monsieur le Ministre,

  La réforme de l’enseignement supérieur a suscité beaucoup de contestations liées notamment à l’augmentation des frais d’inscription, à la question des bourses et aux Masters sélectifs, ce dernier  point étant le seul à n’avoir pas encore fait l’objet  de consensus.

Cependant dans cette réforme, il y a un point essentiel qui n’a pas encore fait l’objet de débats et qui est à l’origine de cette lettre ouverte : il s’agit du système d’orientation en ligne par le biais du CAMPUSEN.

 Mais avant de traiter cette importante question, vous nous permettrez de donner notre point de vue sur l’admission en Master  1. Pour cette admission, nous pensons que des critères clairs, objectifs et démocratiques, ne tenant compte que du mérite, devraient être fixés et portés à la connaissance de tous les étudiants concernés, bien avant l’ obtention du diplôme de licence, et ne pas attendre le dernier moment pour parler de sélection dont on ignore les tenants et les aboutissants.

 Les règles du jeu n’ont pas été clairement définies et c’est ce qui explique la désapprobation des étudiants dont certains ironisent en inventant une formule très provocatrice : <<nous avons été licenciés après l’obtention de la licence>> ou <<nous sommes des licenciés licenciés>>.

Après cette incursion, revenons à l’objet de notre propos.

Pour la première fois au Sénégal, un système d’inscription des nouveaux bacheliers par internet a été expérimenté par le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, initiative en elle-même louable, car nous sommes à l’ère des technologies de l’Information et de la Communication (TIC).

 Le système du CAMPUSEN consistait pour les nouveaux bacheliers, à choisir dix huit (18) filières dans toutes les Universités du Sénégal. Une première liste d’éligibilité a été publiée dans le système, suivie d’une deuxième liste indiquant les filières où les bacheliers ont été orientés .Cependant, il a été noté des imperfections et des insuffisances qui ont porté préjudice à certains bacheliers.

1)      Les bacheliers non orientés :

 Comment peut- on expliquer la non orientation de ces bacheliers qui étaient pourtant éligibles quelque part dans le système ? Or en imposant une grille de 18 choix, y compris l’Université Virtuelle, le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche devrait pouvoir orienter tous les nouveaux bacheliers. Certes on a commencé à les orienter dans les Universités privées mais ce n’est pas ce qu’ils auraient souhaité car ils ne sont pas nécessairement moins méritants, que les autres.

S’agit-il d’une omission, d’une décision volontaire ou d’une  non maitrise du système ?

Seul le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche peut répondre à ces questions. Mais ce qui est plus grave encore, c’est le cas de ceux qui sont orientés et qui ne peuvent pas s’inscrire.
2)      Les bacheliers orientés mais non inscrits :

Ils sont nombreux ces bacheliers très méritants avec parfois des mentions Assez Bien, à ne pouvoir s’inscrire, puisque leurs listes ont été clôturées dans le système du CAPUSEN avant qu’ils ne réunissent la somme nécessaire pour leurs droits d’inscription. La Direction de l’Enseignement Supérieur est quotidiennement envahie par des centaines de ces bacheliers qui ne demandent qu’à être autorisés pour pouvoir s’inscrire, mais la seule réponse qui leur est invariablement servie est la suivante : <<Seul le Ministre peut en décider>>

Cette décision du Ministre est très attendue car les cours ont démarré dans les différentes facultés. Il faut donc  ouvrir toutes les listes pour permettre à tous ceux qui veulent s’inscrire de le faire d’autant plus que leur clôture ne se justifiait pas.

Une autre possibilité est de les autoriser à s’inscrire directement au niveau des facultés où ils sont orientés comme le font présentement les étudiants.

En tout état de cause, la non prise en charge de cette revendication légitime, peut constituer une bombe à retardement qui peut exploser à tout moment.

Or, s’il est bon d’éteindre les foyers de tension sociale il est encore mieux de les éviter. Il faut donc avoir le sens de l’anticipation pour éviter certains troubles à l’ordre public. Nous pensons également que les insuffisances relevées dans le système CAMPUSEN seront prochainement corrigées pour éviter à l’avenir, des contestations de ce genre.
 
Andy Ndong