NEGOCIATIONS DE REBEUSS - Réplique de Me Ousmane Sèye après les révélations de l’ex-Pm : «Idrissa Seck s’est engagé à rembourser l’équivalent de trois campagnes électorales»
Quelques heures après que Idrissa Seck a publié «ses» minutes sur les négociations de Reubeuss, ayant conduit à sa libération, Me Ousmane Sèye, plénipotentiaire de Me Wade, livre les siennes. De ces révélations, il ressort que l’ancien Premier ministre a tronqué les faits pour intoxiquer l’opinion. Selon Me Sèye, contrairement à ce que déclare Idy, c’est bien ce dernier qui s’est engagé à rembourser des fonds qu’il a détournés, soit l’équivalent du financement de trois campagnes électorales. Une proposition alors acceptée par Me Wade et qui justifie l’élargissement du maire de Thiès.
«Minutes pour minutes des négociations de Rebeuss». Tel pourrait-on intituler le feuilleton politique ayant abouti à la sortie de prison de l’ancien Premier ministre, Idrissa Seck. Après les révélations de ce dernier, (Voir notre édition d’hier) Me Ousmane Sèye, alors plénipotentiaire du président de la République, Abdoulaye Wade, dans les négociations de Reubeuss, livre sa version, non sans accuser M. Seck d’avoir «déformé le contenu des négociations». En effet, Sèye regrette que «Idrissa Seck ait beaucoup plus insisté sur les circonstances des négociations que sur l’objet de celles-ci». Et Me Sèye de livrer sa version : «Par devoir de vérité pour l’opinion nationale et internationale, je dois dire que Idrissa Seck a intoxiqué le peuple. S’il n’avait pas dit des choses qui sont fausses dans une affaire dans laquelle je suis intervenu, je n’y aurai jamais sorti un mot, car il y a des choses que je ne mettrais pas sur la place publique», En effet, selon Me Ousmane Sèye, Idy a tout faux quand il avance que Me Wade lui a demandé de financer sa campagne électorale. «Au contraire, c’est Idrissa Seck, lui-même, dans le cadre du remboursement des sommes qu’il a gardées par devers lui et sur le montant des sommes qu’il est prêt à rembourser, qui m’a demandé de dire au Président ceci : «Je sais à combien s’élève le financement d’une campagne électorale pour avoir été son directeur de campagne en 2000 et 2001. J’ai la comptabilité de tous les chiffres et je suis prêt à rembourser l’équivalent du financement de trois campagnes électorales présidentielles et législatives.»
Ainsi, Me Sèye ajoute que l’engagement écrit de Idrissa Seck attestant de cette proposition est «entre les mains de ceux qui sont désignés par la loi pour garder de tels documents. L’engagement est entre de bonnes mains et sera publié et transmis à qui de droit, le moment venu». D’ailleurs, détaille-t-il, «c’est la notaire, Nafissatou Diop Cissé, qui a écrit le texte à partir de l’ordinateur installé chez elle avant de me remettre une copie». Et Me Sèye d’ajouter : «Quand j’ai rendu compte au chef de l’Etat, il était d’accord car, pour lui, l’essentiel est que Idrissa Seck rembourse l’argent des Sénégalais.»
Poursuivant dans l’énonciation de «ses» minutes, Me Sèye explique que cette option de Idrissa Seck n’est pas gratuite dans la mesure où il voulait «une garantie». En effet, explique-t-il : «Idy n’a pas voulu, dans son engagement écrit, se limiter au remboursement de fonds tout court car, il fallait qu’il trouve une astuce pour que les fonds qu’il rembourse soient dans le domaine politique. D’ailleurs, m’a-t-il confié, s’il retourne l’argent qu’il a en sa possession, il serait cuit du moment où il est poursuivi pour détournement de deniers publics.»
TROUS DE MEMOIRE
Seulement, Me Sèye regrette que Idrissa Seck n’ait pas compris que tous les fonds sont publics en Droit. «C’est par souci de médiation que nous avons accepté son engagement et l’avons libéré», confirme Me Sèye. Mais, il refuse d’en déduire qu’il s’agit d’un deal. En effet, le plénipotentiaire de Me Wade convoque le droit pour justifier son argumentaire. «En délit douanier, comme en délits de détournement de deniers publics, quand la personne poursuivie consigne ou rembourse les sommes, il n’y a plus à la maintenir en détention», renseigne-t-il. Et de déduire : «C’est légal et la justice n’a pas été manipulée sur cette question.» Comme pour rappeler que le dossier n’est pas clos, l’avocat précise que «l’engagement de Idrissa Seck tient jusqu’à présent. D’ailleurs, comme c’est lui qui est habitué à faire des révélations, Idrissa Seck n’a qu’à publier le texte».
Par ailleurs, Me Sèye reste convaincu que Idrissa Seck a «des trous de mémoire». Ce jugement est motivé, selon l’avocat, par les déclarations que Idrissa Seck avait tenues, le jour de sa libération de la prison. «Il avait juré que personne ne pourrait prouver qu’il a détourné des fonds. Et récemment, ce même Idrissa Seck reconnaît avoir géré des fonds à partir desquels il s’est servi et en a servi d’autres. Que les gens en jugent !» De même, Me Sèye tient à rappeler à l’ancien Premier ministre son serment de sortie de prison. «Il avait nié les négociations alors qu’il publie, aujourd’hui, les parties des négociations qui lui sont favorables. A quel Idriisa Seck se fier ?» s’interroge Me Sèye.
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