C’est la réalité de la loi : pour asseoir le délit de concussion ou de corruption qui plane sur un fonctionnaire, il faudrait au moins un accusateur. De tous les entrepreneurs entendus par le juge Yakham Lèye dans le cadre de l’affaire dite des chantiers de Thiès, aucun n’a mouillé Idrissa Seck. Ce qui rend de fait, les délits de concussion et de corruption qui planaient sur sa tête, nuls.
Le juge du cinquième cabinet, Yakham Lèye, en charge de l’instruction de la plainte contre X déposée par l’Etat du Sénégal dans le cadre des chantiers de Thiès, a bouclé son dossier et s’apprête à le transmettre au Procureur de la République, Lamine Coulibaly. C’est un travail de titan qui a été abattu par le juge qui avait même requis les services de la Division des investigations criminelles (Dic). Ainsi, entrepreneurs, chefs de bureau d’études, fonctionnaires du Pcrpe, etc. ont été tous entendus à titre de témoins. Tous les entrepreneurs entendus par le juge ou la Dic ont été formels : ils n’ont pas corrompu ou essayé de corrompre tant Idrissa Seck que Salif Bâ pour acquérir des marchés dans les chantiers de Thiès. Or, dans le cadre de l’instruction au niveau du cinquième cabinet, les chefs d’inculpation qui planaient sur la tête de l’ancien Pm étaient ceux de concussion et de corruption. Une source judiciaire explique : « Pour que ces délits puissent être confirmés, il fallait au moins qu’un des entrepreneurs dise avoir donné de l’argent à Idrissa Seck ou à Salif Bâ. Du moment que cela n’a pas eu lieu, les deux personnalités ne risquent absolument rien ». Proche de l’Etat, un avocat ajoute : « c’est vrai qu’aucun des entrepreneurs n’a fait un témoignage à charge contre Idy ou Salif Bâ, mais nous percevons cela comme un silence coupable. C’est ça le drame avec les délits de concussion et de corruption ».
Dans tous les cas, dans cette affaire des chantiers de Thiès, des sources judiciaires constatent que c’est l’argumentaire constant de Bara Tall qui ébranle le dossier. Une source judiciaire révèle : « de tous les entrepreneurs, c’est lui qui intéressait le plus le juge, surtout à cause du marché de 14 milliards de francs Cfa. Mais,en aucun moment durant ses interrogatoires à la Dic qui agissait sur délégation judiciaire du cinquième cabinet, le patron de Jean Lefebvre n’a fait un témoignage à charge pouvant laisser planer le doute sur l’intégrité de Idrissa Seck. Mieux, lorsqu’il s’est agi des présomptions de surfacturation, il a expliqué au juge que le marché étant réalisé par pré-financement, ce qui l’obligeait d’inclure dans les factures, des frais financiers aux banques ».
Quant à la commission d’instruction de la Haute cour de Justice, elle a procédé hier aux auditions de Mamadou Dieng et de Djibril Thiam, ès qualité de témoins. Les auditions faites en présence des avocats de Salif Bâ et de Idrissa Seck se sont déroulées au siège de la Chambre d’accusation, celui de la Haute Cour demeurant difficile d’accès avec les travaux entrepris sur la Corniche. Jeudi prochain, ce sera au tour de Mbaye Thiam et de Seyni Seck Thiam. La commission d’instruction qui est actuellement dans le dernier virage de l’affaire dite des chantiers, bouclera ses auditions le 31 juillet prochain.
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