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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

ANALYSE - Fraude ou coup d’Etat électoral.

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ANALYSE - Fraude ou coup d’Etat électoral.

Beaucoup de Sénégalais semblent convaincus que la Coalition Sopi 2007 et son candidat, vont orchestrer des fraudes à grande échelle, pour passer au premier tour du scrutin qui a lieu le 25 février. Ce sont les mêmes qui soutiennent que ces derniers n’auraient aucun autre choix, s’ils ne veulent pas quitter le pouvoir. Certains parlent, eux, de coup d’état électoral.

Viol flagrant du vote.

Convenons, dés à présent d’une chose : la fraude électorale et le coup d’état électoral sont différents du point de vue de leur mode opératoire. Dans la première hypothèse considérée, celle de la fraude : l’auteur du forfait donne l’apparence de respecter les règles du jeu, tout en maquillant la réalité du vote. Il crée ainsi artificiellement les conditions de sa « victoire » qui n’aurait pas pu être obtenue, sans le concours de cette fraude.

Dans le cas d’un coup d’Etat électoral, le coupable du forfait s’en prend par la force aux procédures, il les détourne de leur objet et se déclare vainqueur. Dans l’un et l’autre cas, le résultat reste le même : les citoyens sont spoliés de leur droit légitime de choisir librement et en toute indépendance leurs dirigeants. Dans quelle mesure la fraude à grande échelle est-elle possible et un coup d’Etat électoral réalisable ? Il reste entendu que pour se faire réélire le candidat de la coalition Sopi 2007 se donnera tous les moyens.

Le Ministère de l’Intérieur qui a en charge des opérations de vote, du point de vue technique et organisationnel s’entend, ne ménagera aucun effort pour donner à son camp la victoire et organiser le triomphe de son candidat le 25 février. Il ne se gênera pas, pour trouver, en dehors des règles de procédures légales, des moyens additionnels pour ce triomphe. La seule question posée est de savoir si les moyens de cette fraude peuvent être disponibles et opératoires.

Dans l’absolu, on ne peut pas dire que non. Ceux qui sont tentés d’en faire usage devront, toutefois, se livrer à des acrobaties de très grande envergure et à une sophistication très complexe, pour pouvoir surprendre la vigilance des citoyens et travestir leur vote. Cela sera difficile. Mais ce n’est pas impossible. Si, par exemple, le double vote est possible, le Pds et son candidat le feront faire. Si le bourrage des urnes l’est également, ils le mettront en oeuvre. Si la réélection de ce candidat est ce prix, le Pds n’hésitera pas.

Dans ces deux cas de figure de viol flagrant du vote, il y a des moyens de contrôle mis à la disposition des partis et des citoyens pour empêcher l’un et l’autre. La présence des représentants des candidats dans les bureaux de vote et celle des membres de la Cena peuvent empêcher le bourrage des urnes. C’est donc dire que tous les candidats à cette élection ont le devoir impérieux d’avoir des représentants sûrs dans les 12 900 bureaux, répartis dans les 6000 lieux de vote, créés sur l’ensemble du territoire national et à l’étranger.

La Commission nationale électorale autonome (Cena) a embauché 30 000 personnes pour les besoins de ce scrutin, pour assurer le contrôle du vote. Elle sera présente dans tous les bureaux de vote du pays. Que l’opposition regroupe toutes ses forces pour se faire représenter dans les 12.900 bureaux. Nos confrères de l’hebdomadaire , ont révélé dans leur édition du mardi 20 février, que le ministre de l’Intérieur a prévu un score de 74 %, pour le candidat Abdoulaye Wade, dès le premier tour de scrutin. Et c’est le même ministre qui déclare, selon toujours les mêmes confrères, que le Parti socialiste ne sera représenté que dans 20% des bureaux de vote du pays.

Pourtant, c’est le candidat de cette formation politique, à en croire toujours le même ministre, qui a fourni le plus grand nombre de représentants désignés dans les bureaux. Si cela est vrai, ce serait dommage, voire inacceptable. En cas de fraude massive, les 14 autres candidats qui en seraient victimes ne devraient s’en prendre qu’à eux-mêmes.

Mettre en synergie toutes les forces de l’opposition

Après la campagne électorale, c’est le moment de se mettre en ordre de bataille collectivement pour protéger le vote des citoyens, avant que l’irréparable ne se produise. Le plus important est de mettre en synergie toutes les forces de l’opposition, pour faire surveiller les 12 900 bureaux de vote, afin de l’empêcher. Et que dire d’un éventuel coup d’Etat électoral ? Souvenez-vous de celui que le défunt Président togolais avait tenté et réussi en 1999. En quoi faisant ? Il avait fait disparaître la Commission électorale indépendante quand celle-ci avait commencé à décompter les voix. Souvenez-vous également du coup d’Etat électoral tenté en Côte d’Ivoire, par Robert Guëi. Ce coup avorté avait permis à l’actuel Chef de l’Etat, Laurent Gbagbo de s’installer au pouvoir. Ce dernier prit son courage à deux mains et appela à une insurrection populaire qui aura coûté beaucoup de vies humaines dans les rues d’Abidjan, en octobre 2000.

Qui ose dire que le pouvoir actuel, sentant sa défaite inéluctable, ne serait pas tenté de faire disparaître la Cena, de suspendre les commissions départementales de recensement des votes, et enfin, de prononcer la dissolution de la Commission nationale de recensement des votes et se faire proclamer vainqueur, par son ministre de l’intérieur ?

Un tel scénario, qui est du reste apocalyptique pour notre jeune démocratie, n’est pas à exclure totalement, eu égard à tous ces périls qui menacent de jour en jour le scrutin du 25 février. Le cas échéant, on peut parier que le Conseil Constitutionnel, ne manifestera aucun état d’âme, comme il l’a toujours prouvé par le passé, pour confirmer le coup d’Etat électoral perpétré par l’autorité politique en place. Pour qu’il y ait un coup d’Etat électoral propre, il faudra réussir à provoquer une chaîne de complicité totale, sans aucune défaillance, à quelque niveau que ce soit, dans le fonctionnement de l’ensemble des institutions impliquées dans le contrôle des opérations de vote, dans la sécurisation de celles-ci, le comptage des voix, la proclamation provisoire et définitive des résultats. Cela n’est pas facile, il n’est pas, non plus, impossible.

Le système prévu pour protéger le vote des citoyens, depuis la mise en place du code électoral consensuel de 1991, donne une forme d’assurance tous risques à l’aval des opérations de vote. C’est en amont de ces opérations à proprement parler : l’organisation technique et matérielle du scrutin, que des craintes peuvent être légitimement nourries. C’est l’autorité politique, en l’occurrence le gouvernement, le ministre de l’Intérieur en particulier qui en a la charge. Or, cette autorité politique doit présenter certaines qualités : la probité, l’intégrité et l’honnêteté, pour gagner a priori la confiance des citoyens dans l’exécution de son travail. La question est de savoir si l’actuel ministre de l’Intérieur rassure les citoyens de ce pays, compte tenu de son passé récent, des actes posés depuis les premières qui ont annoncé l’inscription des citoyens sur les listes électorales. La plupart des assurances, jusqu’ici données par ce ministre, pour dire que toutes les opérations se dérouleront sans anicroches et que tout serait prêt à temps, ont été démenties par les faits. Si les élections n’avaient pas été reportées en 2006 et partiellement en 2007, rien n’aurait été prêt, en ce qui concerne leur organisation matérielle.

Procédures rapides et fiables

Dès l’annonce de l’ouverture des inscriptions, le ministre Ousmane Ngom a donné le ton, pour dire que les procédures seront rapides et fiables. A cet égard, indiquait le ministre, à la face de la nation, un nombre total de quatre vingt mille (80.000) cartes d’électeur seraient fabriquées par jour. Si tel était le cas, un total de huit millions de cartes aurait pu être fabriquées et livrées à leurs bénéficiaires dans un délai maximal de vingt (20) jours. Le ficher électoral ne compte que cinq millions de citoyens inscrits. Aujourd’hui, il semble que plus de cinq cent mille cartes ne sont pas encore sorties des ordinateurs du ministère de l’Intérieur, après plus d’un an de fabrication.

D’autres assurances ont été également démenties par les faits. Cet exemple cité en référence n’en est qu’un, parmi des dizaines possibles. Pourquoi alors croire le ministre quand il parle, une fois qu’il a déjà dit des choses non conformes à la vérité ? On comprend mieux les craintes exprimées par de nombreux citoyens quant à la fiabilité des opérations réalisées par le ministère de l’Intérieur en amont du scrutin.

Le système est théoriquement fiable en aval de ce vote, disions-nous. Il est fiable dans la mesure seulement où les protagonistes sont sincères, cultivent un authentique esprit démocratique, croient aux règles du jeu que ce même esprit impose aux acteurs, les respectent et acceptent les résultats induits par de telles règles. C’est là le problème ! Il y a lieu, ici, de convoquer le passé pour mieux se faire une idée, de l’esprit démocratique des responsables du Pds. Ces derniers n’ont jamais respecté les résultats d’un scrutin depuis qu’ils participent, à compter de 1978, aux élections générales.

Aussi, ont-ils systématiquement refusé les résultats de 1978, de 1983, de 1988 et de 1993. C’est ce refus obstiné, violent et la situation délétère créée après les élections de 1993, qui auront coûté la vie au juge Babacar Sèye. Ils ont accepté les résultats de l’élection de 2000, parce qu’ils en étaient les vainqueurs. Pourquoi devraient-ils changer, en acceptant une défaite qui n’est pas nécessairement exclue aujourd’hui, alors qu’ils sont au pouvoir et détiennent tous les leviers de la violence légale ?

Le contrôle du vote au Sénégal échappe à la mainmise directe de l’autorité politique qui, dès lors qu’elle finit de livrer le matériel électoral et choisit les responsables des bureaux de vote, est mise sur la touche. C’est à partir de ce moment assez crucial que les juges (ceux des tribunaux départementaux, de la Cour d’Appel et du Conseil Constitutionnel), les partis politiques, les candidats aux élections, eux-mêmes, le corps administratif autonome de contrôle du vote (Cena) prévu à cet effet, entrent en jeu et dessaisissent le ministère de l’Intérieur.

Heureusement, qu’il en soit ainsi. La présence de la Commission électorale nationale autonome (Cena), dans toutes les étapes du scrutin ajoute à l’efficacité du système de contrôle prévu. A la fermeture des bureaux de vote le soir, des agents assermentés, commis à cet effet, acheminent les procès verbaux de vote collectés dans les douze mille neuf cent (12.900) bureaux installés sur l’ensemble du territoire national, vers les trente cinq (35) commissions départementales de recensement du vote, siégeant dans chaque circonscription électorale. Ces commissions compilent et publient les résultats globaux de la circonscription. Cette commission est présidée par un magistrat assisté de deux autres juges. Le représentant de la Commission électorale départementale autonome (Ceda), de même que les représentants de tous les candidats ayant pris part au vote, sont membres de droit de cette instance départementale de recensement.

Les dossiers électoraux traités au niveau des trente cinq (35) départements sont transmis à la Commission nationale de recensement qui est composée de la même manière que cette instance départementale. Auparavant, tous les résultats auront été affichés dans les 12.900 bureaux de vote ouverts dans le pays. Chaque représentant de candidat et de la Cena aura reçu copie de tout procès verbal dressé dans chaque bureau de vote.

Et c’est là où la presse a été amenée à jouer en 2000 un rôle fondamental dans la sécurisation des opérations électorales et des résultats du Vote. Compte non tenu du travail formidable que celle-ci avait abattu et abat cette année encore dans l’ensemble des opérations qui ont lieu en amont du scrutin. C’est à partir des procès verbaux affichés devant l’ensemble des bureaux (12 900), en présence des reporters répartis sur l’ensemble du territoire national, que les journalistes font leurs reportages, en rapportant, dans les détails près, des résultats officiels.

Il s’avère difficile de trafiquer après les résultats déjà annoncés. C’est ainsi, qu’aux environs de 21 heures, les citoyens se font, à partir des reportages, une idée plus ou moins précise des résultats du scrutin. Et l’on comprend mieux toutes les craintes exprimées sur les défaillances éventuelles du réseau de téléphonie du pays.

Une fraude massive contre le scrutin du 25 février reste dans l’ordre du possible. On peut cependant se rassurer, en pensant que ceux qui en ont la volonté n’ont, jusqu’ici, jamais fait preuve d’une intelligence politique particulière qui pourrait les y aider. Or, de, l’intelligence politique, il en faudra. Il faudra plus que cela : la complicité des forces de l’ordre et celle de la justice. Si les forces de l’ordre et la Justice basculent dans les camp d’éventuels aventuriers, on peut toujours espérer que l’armée n’acceptera pas, elle, de tirer sur le peuple et de prendre en charge les désirs déraisonnables de l‘autorité politique. Cette autorité fera naturellement appel à elle, car celle-ci sera obligée de décréter l’état de siège, pour mettre fin au chaos que son audace démesurée aura, inévitablement, provoqué.

Comme on le voit donc, chacun de nous peut encore garder un optimise mesuré, face aux velléités de fraude et d’usurpation par la force des suffrages des électeurs. De telles velléités sont réelles. Les citoyens doivent rester vigilants et savoir que tout peut arriver. Ce sont eux qui seront toujours les derniers remparts pour protéger leur vote. Aucune force, si dévastatrice soit-elle, ne peut résister à la volonté de tout un peuple de vouloir rester digne en sauvegardant par tous les moyens, y compris en versant son sang, sa liberté qui est traduite, de la plus belle des manières, par l’exercice plein , entier du droit vote. Nul n’a le droit de violer. Sous aucun prétexte, cela n’est admissible !



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