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ANOCI, CORRUPTION, IDY, DEPART ET SUCCESSION DE WADE… - Penda Mbow crache ses « civilités » au régime

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ANOCI, CORRUPTION, IDY, DEPART ET SUCCESSION DE WADE… - Penda Mbow crache ses « civilités » au régime

La présidente du Mouvement citoyen, Penda Mbow affiche son opposition contre une succession biologique à la tête de l’Etat. Elle trouve « anormale » l’éventualité que Karim Wade remplace son père, président de la République et martèle que « cela ne marchera pas au Sénégal ». Dénonçant, entre autres, la corruption qui, selon elle, est « de plus en plus endémique au Sénégal qui a promu de nouveaux riches », Penda Mbow qui intervenait en marge de la rencontre entre les organisations de la société civile qui s’est tenue samedi au siège du Mouvement citoyen, n’y est pas allée de main morte avec le pouvoir sur les sujets de l’heure. 

« Il faut que les politiques prennent en charge les préoccupations du peuple Sénégalais et respectent leurs engagements vis-à-vis d’eux ». Penda Mbow, la présidente du Mouvement citoyen, s’exprimait ainsi, hier, à Dakar, lors d’une rencontre avec d’autres organisations de la société civile. « Je pense que seul un mouvement autonome et libre de la société civile pourra arriver à réunir les forces politiques du pays pour créer un consensus fort autour des questions aussi essentielles que les institutions, les problèmes économiques que nous vivons tous les jours et l’avenir de ce pays dans l’ensemble », indiquait-elle encore.

Regrettant que le pouvoir ne soit « pas réceptif » par rapport à toutes les initiatives promues par les organisations de la société civile, la présidente du mouvement citoyen rappelle que c’est ce qui les amène à se réunir « pour voir dans quelle mesure on peut faire pression pour amener ce pouvoir à discuter, à dialoguer. » Aussi pour Penda Mbow, le pouvoir ainsi que l’Etat, « ce sont les citoyens », dit-elle, ajoutant que le jour où tous les citoyens montreront de manière déterminée qu’ils veulent ce dialogue, « je pense que le pouvoir ne pourra plus continuer à faire la sourde oreille. » Et d’indiquer qu’ « il faudra amener le pouvoir à prendre en considération la volonté de ces citoyens. » Dès lors, le mouvement citoyen entend fédérer l’ensemble des organisations de la société civile « pour être puissant et créer une force alternative, non pas pour la prise du pouvoir, mais pour amener les forces politiques à s’occuper du Sénégal ».

Mouvement syndical essoufflé par la course aux prébendes

La présidente du Mouvement citoyen s’est aussi prononcée sur le rôle que doivent jouer les syndicats. Avec beaucoup de regret, Penda Mbow constate que « le syndicalisme sénégalais était très fort. » Dans les années 60, rappelle-t-elle, on a vu les luttes « épiques » que les syndicalistes ont menées dans ce pays jusqu’à pousser le parti au pouvoir à créer une situation dénommée le « syndicalisme responsable » pour mieux contrôler le mouvement syndical. Et le mouvement continue dans le secteur de l’éducation et dans d’autres secteurs. Pour Penda Mbow, on est arrivé à faire de ce mouvement, non pas l’appendice des partis qui luttaient pour le changement, mais à faire de ce mouvement de masse, un puissant levier capable d’infléchir les choses dans un sens ou un autre. On s’est battu c’est vrai pendant les années 80, au moment des politiques d’ajustement structurel pour un mouvement syndical autonome, qui ne serait plus contrôlé par les partis politiques pour mieux prendre en charge les préoccupations des sénégalais. Cependant, constate encore la présidente du Mouvement citoyen, on se rend compte, de plus en plus, que ce mouvement syndical est très devenu faible. A la veille de l’alternance le 19 mars 2000, « on s’est rendu compte que l’Unsas avait joué un rôle déterminant avec à sa tête Mademba Sock. Si ce mouvement est devenu très amorphe, c’est parce qu’il y a des batailles autour des questions d’argent, de leadersphip, de positionnement dans l’appareil d’Etat. Et c’est vraiment dommage. » Aussi, la présidente du Mouvement citoyen est-elle formelle : « Il faut renouveler la tête du mouvement syndical, même s’ils sont tous mes amis, pour lui permettre d’avoir plus d’autonomie pour une meilleure prise en charge des préoccupations des populations qui tournent autour de la sauvegarde de l’outil du travail. » Et de marteler encore que « le syndicaliste n’est pas fait pour se retrouver au pouvoir, mais pour défendre les citoyens, le pouvoir d’achat et l’outil de travail. »

Pauvreté, source de maladies « endémiques »

S’il y a quelque chose qui a beaucoup progressé dans le pays, ces dernières années, c’est bien la pauvreté, selon Penda Mbow. Illustration, le paysan sénégalais ne vit presque plus et on entend tous les jours la complainte du monde paysan. « Si vous allez dans les rues de Dakar, toutes ces femmes que vous voyez au coin de chaque rue, ce ne sont pas des mendiantes ordinaires. Ce sont des femmes qui ont quitté le village pour venir mendier dans la ville en espérant récolter quelques sous à ramener au village », décrit-elle encore. L’élément qui reflète le mieux la pauvreté, pour la présidente du Mouvement citoyen, c’est la recrudescence de toutes sortes de maladies. « Le choléra n’est plus une épidémie, c’est devenu une endémie », déclare-t-elle. Pendant ce temps les infrastructures hospitalières sont confrontées à d’énormes difficultés.

2494 milliards du groupe consultatif de Paris : « C’est à l’état virtuel pour le moment »

Dans ce contexte d’extrême pauvreté, la présidente du Mouvement citoyen, interpellée sur les pluies de milliards annoncés à l’occasion de la sixième réunion du Groupe consultatif qui s’est tenue récemment à Paris. « J’attends de palper ces milliards », réponds Penda Mbow, circonspecte. Pour elle, c’est encore à l’état virtuel, les bailleurs de fonds ayant simplement décliné des intentions de financement qui peuvent avoisiner trois mille milliards. Mais, dit-elle, « il ne faut pas perdre de vue qu’il y a un certain nombre de conditionnalités. » Dans certains milieux comme celui de l’informel, analyse Penda Mbow, les gens commentent et se demandent comment les bailleurs de fonds ont pu accepté le dossier du Sénégal avec tous les scandales qui ont lieu dans notre pays au cours de ces dernières années. Elle reconnaît tout de même « le Sénégal est un pays intéressant au niveau des bailleurs de fonds. Le problème c’est qu’on aimerait savoir les conditions qui ont été exigées par les bailleurs de fonds et si celles-ci seront supportables pour le commun des sénégalais. »

Corruption : « Des indigènes se retrouvent subitement riches »

Autre sujet, autre mal, la corruption qui, selon Penda Mbow, s’est installée de façon insidieuse dans nos pratiques quotidiennes, dans la société Sénégalais. La parade, « elle proviendra des masses, lorsqu’elles ne seront plus en mesure de supporter cette situation », indique la présidente du Mouvement citoyen. Pour enfoncer le clou, Penda Mbow met le doigt sur les fortunes qui se font en un temps record dans le pays. « On a vu des gens qui, hier, étaient dans l’indigence la plus totale et qui se retrouvent du jour au lendemain subitement riches. Je trouve que cela ne relève même pas de la décence. » D’où cette démarche des organisations de la société civile afin qu’il y ait davantage de conscience citoyenne.

« Karim Wade ne peut pas échapper aux règles… »

L’orthodoxie dans les institutions n’a pas échappé à la diatribe de la présidente du Mouvement citoyen, notamment autour de ce qu’il convient d’appeler le « cas Karim Wade ». « Je pense que Karim Wade, dans l’organisation institutionnelle, n’a pas une position très claire. Or, dans une République, ce sont les institutions qui fonctionnent, qui se parlent, qui dialoguent », analyse-t-elle. L’Anoci que préside Karim Wade doit dépendre, estime Penda Mbow, d’une institution de la République, de la primature, de la présidence de la République, ou un autre ministre et il reviendra à la tutelle de répondre à l’Assemblée nationale. « Il faut comprendre qu’on ne reconnaît pas à Karim Wade une place dans l’organigramme institutionnel. Ce qui fait que s’il dépend de la présidence de la République, c’est le président de la République qui doit répondre, si c’est de la primature, c’est le Premier ministre. C’est cela l’orthodoxie. Je suis d’accord avec ceux qui défendent l’orthodoxie. »

Ce qui ne va pas au Sénégal ? Penda Mbow pense que c’est que « les corps de contrôle ne jouent plus leur rôle. » Entre la Cour des comptes, le contrôle financier, l’Inspection générale d’Etat, c’est cette dernière structure nommée qui doit regarder, inspecter. S’ils ne font pas leur travail, qui le fera à leur place, s’interroge-t-elle. Or dans une République normale où les institutions fonctionnent, quand les corps de contrôle font leur travail, ils produisent un rapport. Et de rappeler l’affaire des « chantiers de Thiès » qui avait fait l’objet d’un rapport remis au président de la République qui l’avait déclassifié. « Il y a trop de choses dans ce pays qui vont à l’encontre de l’orthodoxie. Cela ne peut pas continuer, il faut qu’on respecte les institutions sinon elles vont disparaître. Karim Wade ne peut échapper aux règles de fonctionnement de l’Etat. Que cela soit pour ou contre lui, on doit le mettre dans un dispositif de fonctionnement des institutions », éructe la présidente du Mouvement citoyen.

A l’affaire des chantiers de Thiès, succède celle de la corniche Ouest dans la diatribe du Mouvement citoyen dont la présidente y voit les mêmes pratiques et le même traitement. Or, selon Penda Mbow, « on ne peut pas avoir un traitement vis-à-vis d’Idrissa Seck et un autre par rapport à Karim. » Toujours est-il que le peuple a le droit de savoir où est passé tout cet argent qui est en fait le sien.

Quant à une éventuelle succession biologique de Maître Wade par son fils à la tête de l’Etat, Penda Mbow trouve que « ce n’est pas normal. » Pour elle, le peuple doit être vigilant « et réclamer le pouvoir qu’il a confié à Abdoulaye Wade en l’an 2000 dans des conditions exceptionnelles en Afrique afin qu’il en choisisse un autre. Il n’est pas question d’une succession biologique. » Et d’ajouter que « cela ne relève même pas de notre tradition historique, de notre culture politique. Si Karim Wade veut faire de la politique, il en a parfaitement le droit. Il peut faire de la politique, créer un parti ou même le Pds peut le mettre à la tête si les militants en décident, mais il reviendra au peuple Sénégalais de choisir qui il va mettre à sa tête. »



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