Les dernières sorties de l’ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal, Maria Bernicat et du chef de l’Etat sénégalais, Me Abdoulaye Wade, prennent une tournure malheureuse. En effet, elles installent une «crise latente» entre les deux pays. D’ailleurs, le malaise est tel que les Etats-Unis consultent officieusement Mme Bernicat, qui a quitté Dakar en catimini. Cette confidence faite par des sources diplomatiques est appréciée autrement par l’ambassade des Etats-Unis au Sénégal.
M. Omar Watt, conseiller en communication de l’ambassade des Etats-Unis à Dakar joint au téléphone par l’Observateur affirme que «l’ambassadeur est toujours en poste». Et d’ajouter diplomatiquement : «Même si elle a voyagé, c’est à titre temporaire.» Mais malgré cette précision de M. Watt, le débat sur la «crise diplomatique» entre le Sénégal et les Etats-Unis n’est pas clos. Nos différents interlocuteurs révèlent que «Mme Bernicat devrait répondre à l’interpellation du département d’Etat américain sur les tenants et les aboutissants de la polémique qui l’a opposée au Président sénégalais». Les mêmes sources indiquent que les autorités américaines n’ont pas bien apprécié «le traitement affligeant et humiliant» que le Président Wade a fait subir à la représentante des Etats-Unis au Sénégal. La colère des Américains est d’autant plus grande qu’ils n’ont pas compris que des remontrances aussi acerbes soient faites à leur représentante et en public, c’est-à-dire filmées par des caméras de télévision. En effet, on souligne que ce comportement est aux antipodes des convenances diplomatiques. Seulement, même si on déplore la manière dont le Président Wade a agi, il reste que des observateurs disent comprendre sa réaction, même si elle est jugée épidermique et très radicale. Car les commodités diplomatiques auraient voulu que les critiques formulées par les Américains contre le régime de Wade dans un domaine aussi sensible que la corruption soient aussi faites dans un cadre… plus diplomatique. Mais la publication du communiqué par l’ambassade et sa diffusion à grande échelle par la presse peuvent justifier la colère du chef de l’Etat, obligé qu’il est de sauver ce qui reste de son honneur bafoué par les accusations de corruption portées contre son régime par un ambassadeur, de surcroît, des Etats-Unis. Il reste cependant que les américains semblent détenir des preuves documentées de leur argumentaire sur la corruption au Sénégal. Toutefois, si l’on en croit des sources qui étaient présentes à l’audience, les propos tenus par Wade loin des caméras des télévisions sont plus durs que ceux diffusés par la presse.
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