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Politique

Au cours d'une rencontre à Paris : Abdou DIOUF et Mbaye Jacques se réconcilient

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Au cours d'une rencontre à Paris : Abdou DIOUF et Mbaye Jacques se réconcilient

Son audience avec Abdou Diouf était très attendue. Mais voilà que tout s'est bien passé. Et l'ancien président du Sénégal s'est permis de l'envoyer auprès de Wade avec comme mission : ‘Transmettre mes amitiés au président Wade et aux Rufisquois’. Et Mbaye Jacques Diop, qui reconnaît qu'il a une double obligation vis-à-vis du président - obligation de fidélité et de résultat - ne manquera pas de le faire dès la première audience qu'il aura avec le chef de l'Etat. En plus, le président du Craes est sorti satisfait de l'audience avec le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie. Pour cause, l'Oif s'engage à appuyer la mission confiée au tout nouveau président de l'Union des conseils économiques et sociaux et institutions assimilées de la francophonie. Et le premier acte qui va être posé, sera l'organisation d'un séminaire à Dakar à la veille du sommet de la francophonie prévu en mars 2008.

Wal Fadjri : Quel est l'objectif de votre visite à Paris ?

Mbaye-Jacques Diop : Il y a de cela quelques semaines, les conseils économiques et sociaux et les institutions assimilées du monde entier se sont réunis à Pékin (Chine, Ndlr). En marge de cette rencontre, les conseils économiques et sociaux et institutions assimilées des Etats et gouvernements membres de la francophonie ont tenu aussi une assemblée générale à l'issue de laquelle j'ai été élu président de l'Union des conseils économiques et sociaux et institutions assimilées de la francophonie. On m'a remis un plan de travail, un plan d'action et un mandat que je dois remplir. C'est dans ce cadre de ce mandat que je suis venu en France depuis trois jours pour rencontrer les institutions françaises en charge de la francophonie comme espace francophone et comme langue de travail des pays ayant entièrement ou en partage le français comme langue de travail. C'est ainsi que j'ai rencontré aujourd'hui (hier, Ndlr) l'ancien président de la République du Sénégal, M. Abdou Diouf, qui est aussi secrétaire général de l'organisation internationale de la Francophonie. Il avait été prévu une audience, mais finalement l'audience s'est transformée en séance de travail. Car il a appelé quatre de ses plus proches collaborateurs. Et, avec lui et moi, nous avons pu avoir une grande séance de travail de plus de cinquante minutes. Cela a été très riche puisque nous nous sommes accordés sur l'essentiel du plan d'action que mes homologues m'ont demandé de mettre en œuvre. Je veux dire que le président Diouf m'a reçu avec courtoisie, mais aussi avec une disponibilité et une grande efficacité. Courtoisie dans l'accueil, disponibilité dans le travail que nous avons eu et efficacité dans les instructions qu'il a données à ses collaborateurs pour le suivi des dossiers que nous avons abordés. Ensuite, je suis allé voir M. Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Coopération et à la Francophonie. Lui aussi, dans la même veine, nous avons travaillé sur les axes de la coopération entre l'Union internationale des conseils économiques et sociaux et institutions assimilées et son département.

Wal Fadjri : Quel est ce plan d'action ?

Mbaye-Jacques Diop : C'est d’abord d'expliquer, de faire comprendre et accepter, ensuite, le rôle et la place des Conseils économiques et sociaux et institutions assimilées dans l'espace francophone. Ce sont des assemblées nationales consultatives qui ne votent pas la loi, ni ne contrôlent l'exécutif. Mais ce sont des assemblées d'écoute, de veille, de propositions, d'avis et de médiation pour ce qui est du Sénégal. Ce sont des assemblées apaisées, où il n'y a pas de place pour la politique politicienne, mais plutôt où il y a un besoin de gérer la société autrement. On parle même de société civile organisée. Notre rôle est de conseiller les pouvoirs politiques. Pour le Sénégal, nous sommes, en plus, une assemblée de médiation sociale. Tout cela fait que nous sommes conscients du rôle que nous pouvons et devons jouer dans l'espace francophone. Dans le cadre de notre mission, le président Diouf et le secrétaire d'Etat français sont d'accord que nous sommes assez bien équipés, assez bien outillés pour que, demain, nous puissions faire partie des missions de d'observation, des missions de médiation de l'Oif et de la Francophonie. En effet, en notre sein, nous avons d'anciens ministres, d'anciens parlementaires, d'anciens syndicalistes qui ont touché à la vie sociale et qui sont des acteurs économiques. Donc ils peuvent apporter leur expérience. Le deuxième axe de notre plan d'action, c'est d'arriver à faire en sorte que les gouvernements francophones qui ont des Conseils économiques et sociaux fassent adhérer leurs institutions consultatives. Il y en a cinq ou six qui ne sont pas membres de notre association. Dans la même veine, les pays francophones qui n'ont pas d'assemblées nationales consultatives doivent être aidés pour en créer parce que c'est un besoin. Le troisième plan, c'est d'arriver à organiser, dans les meilleurs délais, un séminaire sur la démocratie et les libertés dans l'espace francophone, mais sous l'angle des associations consultatives apaisées. Le dernier point de notre plan d'action, c'est de faire en sorte que les outils que sont l'Internet, la communication servent davantage à nos assemblées pour que nous soyons plus visibles et mieux acceptés par nos populations et l'opinion internationale.

Wal Fadjri : Au-delà de votre plan d'action, qu'est-ce que vous pouvez apporter personnellement à la lumière de votre expérience ?

Mbaye-Jacques Diop : Je disais tout à l'heure à Abou Abel Thiam (il était présent à l'entretien ainsi que les lutteurs Yékini et Baboye, Ndlr), que le président Abdou Diouf a eu un mot gentil à mon endroit. Il a dit à ses collaborateurs : ‘Vous savez, le président Mbaye Jacques Diop a été président de la commission de la Défense à l'Assemblée nationale. Il allait dans les casernes ; c'est un homme de devoir.’ C'est très gentil de sa part et je l'en remercie. Donc, en tant qu'homme de devoir, le mandat que mes collègues me confient, j'essaierai de l'assumer jusqu'au bout.

Wal Fadjri : Votre Union s'inscrit dans une mission de médiation. Et l'on sait que la plupart des pays francophones ont des difficultés politiques. C'est le cas du Tchad avec le Soudan. Est-ce que votre association pourra intervenir pour règle des conflits ?

Mbaye-Jacques Diop : On n'a pas encore inscrit le Darfour sur nos tablettes. Mais c'est un problème qui préoccupe tout le monde et le président Wade en premier. Nous pensons qu'au-delà du Darfour, il y a des questions sur lesquelles nous allons revenir. J'ai dit tantôt que nous allons organiser un séminaire à Dakar avant le sommet de la Francophonie pour que l'on comprenne mieux la place et le rôle des assemblées consultatives dans les pays de la francophonie. Ce séminaire pourrait étudier les pistes qui nous permettront d'avoir les moyens d’assumer notre mission. C'est nouveau, c'est une mission nouvelle, mais nous allons essayer de l'assumer. Si je vous ai dit qu'avec le président Diouf, nous avons parlé du problème de notre participation à la future commission de concertation et de médiation, c'est dire que nous serons impliqués dans l'observation des élections, des crises et des médiations. Nous mettrons à la disposition de la francophonie notre expérience.

Wal Fadjri : Quel sera l'apport de la francophonie institutionnelle dans votre mission ?

Mbaye-Jacques Diop : C'est de nous appuyer ! Le président nous a affirmé clairement que son organisation va nous appuyer dans le cadre des séminaires, des missions ponctuelles, de rencontre, de création de site Internet et de la communication.

Wal Fadjri : On sait que la Francophonie est mieux connue en Afrique et ailleurs qu'en France. Est-ce que votre association a aussi une mission qui consisterait à sensibiliser la France et les Français sur l'importance de la francophonie ?

Mbaye-Jacques Diop : Nous, Africains, parlons français. Nous l'aimons si bien que nous considérons que c'est notre langue maternelle. Alors que ce n'est pas le cas. C'est notre langue de travail. Pour les Français, c'est leur langue maternelle. Nous sommes des puristes, comme l'a dit Senghor, de la langue française. Nous aimons bien écrire et bien parler le français alors que le petit français, comme l'a dit mon ancien professeur, ne s'embarrasse pas de ces tournures. Donc nous sommes plus porteurs de la Francophonie que les Français eux-mêmes. Mais je note que le président Sarkozy a une volonté de mettre en avant la francophonie. Il a nommé un secrétaire d'Etat à la Francophonie. Ce qui fait apparaître qu'il en fait une mission. Il faut l'en féliciter et en même temps souhaiter que ce que nous faisons, d'autres le fassent comme les parlementaires, les ministres, les syndicalistes des pays francophones. Dans les pays africains où il y a plus de 66 langues locales, le français sert de médium qui soude la Nation. Le Sénégal est un peu au-dessus du lot parce que le wolof permet de nous comprendre tous : sérère, soninké, diolas, mandingue, hal puular, etc. Mais la langue française constitue notre outil de travail. Et il ne faut jamais oublier que dans notre Constitution, on a inscrit que c'est la langue française qui est notre langue officielle.

Wal Fadjri : Revenons à votre audience avec Abdou Diouf. Comment était l'ambiance ?

Mbaye-Jacques Diop : Vraiment, la rencontre a été cordiale, sympathique, courtoise et fraternelle. Nous sommes tous des Sénégalais, chacun ayant sa part dans l'histoire du Sénégal et ayant apporté quelque chose à son pays. En son temps, aujourd'hui et demain encore. L'hôte qui m'a reçu aujourd'hui, il m'a même dit en me raccompagnant : ‘Je vous demande de transmettre mes amitiés au président Wade’, parce qu'il sait que c'est le président Wade qui m'a nommé à cette haute fonction. Et je dois loyauté et fidélité au président Wade, en même qu'une obligation de résultat. Je dois (Ndlr : il insiste) au président Wade, une double obligation : d'une part, une obligation de loyauté et d'autre part, une obligation de résultat dans la mission qu'il m'a confiée. Il s'est comporté comme président de l'Oif et moi comme président du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales et aussi comme président de l'Union des conseils économiques et sociaux et institutions assimilées de la Francophonie. Après la séance de travail, il m'a raccompagné jusqu'à la porte. Il m'a aussi demandé de transmettre ses amitiés aux Rufisquois parce qu'il n'oublie pas que je suis originaire de Rufisque. Je dois aussi rendre hommage au président Abdou Diouf. Après son départ, il avait dit, dans une interview publiée dans l'édition de Wal Fadjri de l'époque, ‘Mbaye Jacques Diop avait eu l'élégance, d'annoncer son départ (du Parti socialiste, Ndlr)’. Je ne suis pas parti sur la pointe des pieds. J'avais averti sur le danger que le Ps courait durant cette période électorale de 2000. Donc, il n'y a pas d'animosité entre lui et moi aujourd'hui. Aucunement. Il n'y a que de la compréhension fraternelle. La preuve, ce sont deux messages qu'il m'a confiés : ‘Transmettez-moi mes amitiés à Wade et aux Rufisquois’. Cela veut tout dire.

Wal Fadjri : Alors, peut-on dire que la Francophonie a réconcilié Abdou Diouf et Mbaye-Jacques Diop ?

Mbaye-Jacques Diop : Si vous voulez, vous pouvez le dire.



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